Côte d'Ivoire

Laurent Gbagbo affirme qu’en l’envoyant à La Haye, on a voulu « écarter un homme gênant »

Pour la première fois depuis son retour en Côte d’Ivoire, l’ancien président Laurent Gbagbo a parlé lundi de son jugement et de son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), affirmant qu’il avait été envoyé à La Haye car « il fallait écarter un homme gênant ».

« La CPI, ce n’était pas sérieux, il fallait écarter un homme gênant, un concurrent gênant, alors on m’a mis là-bas », a déclaré M. Gbagbo à son domicile de Mama, son village natal dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire.

Mais, a-t-il ajouté devant des chefs traditionnels, des cadres de son parti et la presse, « je ne regrette pas, parce que si j’étais revenu avec un titre de criminel, c’est vous tous ici qui alliez avoir honte ».

Laurent Gbagbo a été définitivement acquitté fin mars par la CPI, où il était notamment accusé de crimes contre l’humanité, ce qui a permis son retour en Côte d’Ivoire.

« Même les blancs qui ne nous connaissent pas, qui suivent nos petites querelles ici, ont su que je (n’étais) pas un criminel. Moi je fais tout, hein, mais je ne suis pas un criminel », a affirmé Laurent Gbagbo sous les rires de l’assistance.

Il s’exprimait à l’issue d’une rencontre avec des chefs traditionnels majestueusement drapés dans des pagnes colorés venus de toutes les contrées de son fief du centre-ouest, qui lui ont confié une mission de « réconciliation ».

« C’est sa présence qu’on attendait pour la réconciliation. Il faut qu’il s’appuie sur sa popularité pour appeler le peuple ivoirien à la réconciliation totale », a déclaré à l’AFP Joseph Goli Obou, le « chef des terres » de Mama, une autorité locale, entouré de notables.

Ces chefs traditionnels devraient également participer à une cérémonie destinée à le « purifier », comme le veut la tradition de son ethnie bété pour quelqu’un qui a été emprisonné et libéré.

 « Rendre la paix »
« Demain (mardi) quand je vais le purifier, je vais lui demander d’être au service de la réconciliation, que ses premiers mots à la nation aillent dans le sens la réconciliation », a affirmé le « chef des terres », affirmant être mandaté par ses pairs pour cette cérémonie.

« En pays bété, lorsqu’un membre de la famille sort d’une situation difficile, on lui fait une purification. Celle-ci consiste à le laver au seuil de sa porte très tôt le matin, avant le lever du soleil, avec une mixture à base de rameaux et de feuilles traditionnelles Kpobrai et Titai », explique le chef septuagénaire.

Sur la place publique sur la place publique de Mama, des habitants du village ont attendu en vain, en dansant et en chantant, que l’ex-président vienne leur parler.

« Gbagbo est venu pour rendre la paix dans la nation », s’exclame Brigitte Koudou, venue du village mitoyen de Zébizékou. « Je suis en joie, cette journée est particulière. Le président Gbagbo est libre. On veut l’entendre, qu’il dise seulement un seul mot », déclare de son côté Béatrice Djédjé, venue de Kpakpékou, un rameau en « signe de paix et de réconciliation » à la main.

Plusieurs milliers de personnes lui ont réservé dimanche un accueil triomphal à Mama, dix jours après son retour à Abidjan.

Un retour à Mama qui n’a donné lieu à aucun incident, contrairement à son arrivée le 17 juin à Abidjan, marquée par de nombreux accrochages entre les forces de l’ordre et ses partisans qui voulaient l’accueillir près de l’aéroport.

Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, avait été arrêté en avril 2011 à Abidjan, puis transféré sept mois plus tard à la CPI afin d’y être jugé pour les violences commises à la suite de la présidentielle de fin 2010. Son refus de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara avait provoqué une crise post-électorale sanglante ayant fait 3.000 morts.

Réélu en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé, M. Ouattara a donné son feu vert au retour de Laurent Gbagbo quelques jours après son acquittement.

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