Gouverné par le légendaire sultan Qabous pendant un demi-siècle jusqu’à sa mort l’année dernière, Oman a un nouvel héritier à peine trentenaire, une première pour ce pays. Dhi Yazan rejoint ainsi la nouvelle génération de très influents jeunes princes du Golfe.
Dans une région jadis dominée par des rois ou émirs âgés, l’ascension de jeunes leaders en Arabie saoudite, au Qatar ou aux Emirats arabes unis accompagnent déjà les transformations économiques et diplomatiques de pays encore dépendants du commerce des hydrocarbures. «Même si cette personne n’est pas le plus haut dirigeant, le fait d’avoir des jeunes à des postes de haut niveau permet d’espérer que les désirs de cette génération seront pris en compte», déclare Elana DeLozier, chargée de recherche au Washington Institute for Near East Policy.
Fils aîné du sultan Haitham d’Oman, 65 ans, qui a succédé à Qabous l’année dernière, Dhi Yazan ben Haitham, occupe le poste de ministre de la Culture, des Sports et de la Jeunesse.
À 30 ans, l’homme gracile à la barbe noire taillée de près est, en vertu d’un récent décret, le premier prince héritier de l’histoire moderne d’Oman, où les règles de succession étaient imprégnées d’incertitude et impliquaient des tractations au sein de la famille régnante.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux Omanais, en particulier les jeunes, ont salué la nomination du ministre trentenaire à la fonction de «sultan héritier». L’étendue de ses fonctions liée à ce statut inédit n’est pas encore très claire.
Comme son père, il est connu pour être un anglophile, à la voix douce et contemplative, selon Bader al-Saif, professeur adjoint d’histoire à l’université de Koweït.
«Les jeunes représentent près de la moitié des Omanais», souligne sur Twitter l’universitaire, également chercheur au centre de réflexion Carnegie. Dans les pays voisins, l’arrivée de la nouvelle génération a annoncé une nouvelle ère d’ambitions économiques et politiques, dans une région riche mais qui brillait par son extrême discrétion sur la scène internationale.
À 33 ans, le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, surnommé «MBS», considéré comme le leader de facto du royaume ultraconservateur, a impulsé des vastes réformes sociales et économiques, accompagnées certes d’une répression contre les dissidents et d’une diplomatie perçue comme erratique.
L’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, arrivé au pouvoir en 2013 à l’âge de 33 ans, a pris le contrôle d’une nation qui a développé une stratégie d’influence médiatique et diplomatique mondiale, et se prépare à accueillir la Coupe du monde de football en 2022.
Aux commandes des Emirats arabes unis depuis 2014, le prince héritier de la capitale Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed, «MBZ», est considéré comme l’homme fort du Moyen-Orient, avec l’influence internationale de son pays qu’il a renforcée.
Plus discret, le sultanat d’Oman a été largement modernisé sous le règne de Qabous, qui s’était également imposé comme un médiateur neutre et respecté dans une région du Golfe en tension permanente, en particulier avec l’Iran, situé sur l’autre rive.
Et prince héritier ou non, le nouveau sultan Haitham s’était immédiatement engagé à maintenir cette position sur la scène internationale.
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