A notre humble avis, il serait hautement souhaitable qu’on parvienne à cela dans notre pays qui n’est pas hélas, loin s’en faut, à l’abri de la menace terroriste qui se trouve déjà à nos frontières. Le fait que le budget du ministère des Forces armées soit voté sans débats chaque année est, de ce point de vue, une excellente tradition à perpétuer mais il faut aller plus loin, assurément.
Le terrorisme représentant une menace à l’existence même de nos fragiles Etats, le front le plus large et le plus compact possible devrait lui être opposé. Et toute la Nation devrait se souder et faire bloc derrière nos forces de défense et de sécurité — dont l’excellent travail a permis de sanctuariser jusqu’à présent le territoire national — afin de combattre cette redoutable menace. En première ligne de ce combat figure naturellement l’Armée nationale dans sa mission régalienne de défense de l’intégrité du territoire.
Ne réveillons pas le lion qui dort !
Quand on voit à quel point les forces armées des pays frères de la sous-région sont malmenées, et c’est un euphémisme, on mesure l’importance d’accorder à nos « Jambaars » tout l’appui politique et populaire requis. Ce étant entendu que, du point de vue de leur équipement et de leur armement, le président de la République a fait tout ce qu’il faut, et même au-delà, pour leur permettre de disposer de moyens que leur envieraient même les armées des pays développés. Oui mais voilà, tout cela ne servirait à rien si, dans le même temps, des Sénégalais travaillent à saper le moral de nos troupes par une campagne insidieuse de manipulation, de désinformation et d’intoxication.
Le plus grave c’est que ceux qui agissent ainsi — des traitres à la Nation en fait — se réclament de partis politiques de l’opposition. Parmi eux, des militants Pastef de la Diaspora. En effet, durant l’affaire dite « Adji Sarr/Ousmane Sonko », tandis que des milliers de jeunes manifestaient dans les rues de nos villes, mais aussi à l’étranger, il y avait des francs tireurs qui cherchaient à faire entrer la Grande Muette dans la mêlée en diffusant de fausses informations pour endoctriner la troupe.
Parmi ces posts, l’un de ceux qui avaient fait le plus de buzz était celui d’un « soldat » qui proclamait tout son attachement au leader de Pastef. Voici ce qu’il avait écrit sous le slogan ‘’Sonko Kénn douko laal’’ : « Armée sénégalaise : Je suis soldat et fier de l’être mais Ousmane Sonko, on l’a injustement accusé. Et s’il a besoin de soutien, je suis prêt à sacrifier ma carrière militaire. J’aime pas l’injustice. C’est le peuple qui détient le monopole du pouvoir mais pas un individu et le peuple le prendra quand il veut. Vive le Sénégal de demain ».
Le tout accompagné d’un écusson de l’Armée et d’une photo de nos redoutables forces spéciales en pleine parade sur l’avenue du général De Gaulle. Bien évidemment, ce « post » déstabilisateur n’est pas passé inaperçu de la haute hiérarchie de l’Armée et aussi des autres forces de sécurité. Il fallait retrouver ce soldat trublion, voire mutin, ne serait-ce que pour le ficher.
Les investigations menées en ce sens par les spécialistes de la cybercriminalité n’ont pas tardé à donner leurs fruits : le hardi « Jambaar » en question n’est autre qu’un… « Modou-Modou » du nom de S. D. M. (nous préférons mettre ses initiales) qui habite dans la ville de…Lecce, en Italie ! Autrement dit, il n’a aucune espèce de rapport avec l’Armée. Ce compatriote muni de son téléphone portable et établi à des kilomètres du Sénégal se livrait donc tranquillement, pendant toute la durée des événements de mars, à une désinformation des jeunes soldats dans le but de les inciter soit à manifester, soit à prendre carrément le pouvoir !
On voit donc à quel point certains peuvent être irresponsables ! Car enfin, on peut souhaiter l’accession de son leader au pouvoir, on peut aussi lutter pour qu’il ne soit pas emprisonné, encore que dans quelques pays la prison soit l’antichambre du pouvoir, mais de là à inviter l’Armée dans un combat et un débat qui ne la concernent pas, c’est quand même prendre le risque de réveiller un lion qui dort ou un ours en hibernation. C’est aussi jouer avec le feu.
Au terme d’un combat politique de 26 ans marqué souvent par des passages à la case prison, au bout d’une lutte âpre, intelligente, mais toujours politique, le président Abdoulaye Wade est arrivé à bout du pouvoir quarantenaire du Parti socialiste. Son successeur Macky Sall, lui, a conquis la magistrature suprême en mode fast-track c’est-à-dire en quelques années d’un combat il est vrai ô combien rude.
Jamais, pourtant, l’un comme l’autre n’ont mêlé l’Armée à leur lutte pour la conquête du pouvoir. Ils ont toujours compris que, dans une démocratie qui se respecte, les militaires doivent être tenus à l’écart de la politique pour leur permettre de mieux se consacrer à leur très difficile mission de sécurisation des frontières.
Les autres opposants emblématiques, les Cheikh Anta Diop, Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Landing Savané et autres Me Babacar Niang ont eu la même attitude responsable. Ce alors pourtant que certains parmi eux comme Abdoulaye Bathily ou Mamadou Diop Decroix, entre autres, avaient été enrôlés de force dans l’Armée du temps du président Senghor.
Pour dire qu’il y a des lignes jaunes à ne pas franchir et ces chiffons rouges brandis devant l’Armée par certains jeunes irresponsables en font partie, hélas. Encore une fois, l’Armée est une force trop redoutable pour qu’on se permette de l’inviter à jouer dans la cour des politiques…
Mamadou Oumar NDIAYE
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