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La zone euro s’installe dans la stagflation

La croissance économique est conforme aux attentes au premier trimestre dans la zone euro, mais elle est décevante en France et en Italie.

L’inflation, à 7,5% en avril, pèse sur la consommation si bien que le PIB de la zone euro ne progresse que de 0,2%

Après le choc de jeudi, à la suite de la publication d’une contraction surprise de l’économie américaine, les statistiques conjoncturelles européennes sont certes décevantes, mais conformes aux attentes des économistes.

La croissance économique se limite en effet à 0,2% au premier trimestre, contre 0,3% au 4 trimestre 2021, selon Eurostat. «C’était une période difficile pour l’économie européenne», indique Thomas Gitzel, chef économiste auprès de VP Bank, Vaduz.

Le scénario de stagflation, c’est-à-dire d’une inflation significative couplée à une modeste croissance, s’installe dans les 19 pays membres de la zone euro. La hausse des prix grimpe de 7,4 à 7,5% en avril, ce qui grignote le budget des ménages.

L’Allemagne va mieux, l’Italie moins bien
Des divergences majeures apparaissent toutefois entre les pays européens. Si l’Allemagne va mieux que prévu, le sud de la zone euro déçoit. L’économie se contracte de 0,2% en Italie (après une hausse de 0,6% au 4 trimestre 2021), et reste inférieure à son niveau d’avant la pandémie. Elle stagne en France, alors que les économistes attendaient une progression de 0,3%. Elle croît moins vite que prévu en Espagne (0,3%, contre des attentes de 0,5%).  A l’inverse, elle dépasse légèrement les attentes en Allemagne (0,2% contre 0,1%).

«La forte inflation, avec la réduction de pouvoir d’achat qu’elle implique, et l’incertitude croissante, l’environnement angoissant lié à la guerre en Ukraine et les perturbations d’approvisionnement ont déjà un impact négatif sur la consommation et l’investissement des ménages», déclare Eric Dor, directeur des études économiques à l’Ieseg School of Management de l’Université catholique de Lille.

La France souffre de la hausse des prix de l’énergie
En France, après une hausse de 0,8% au 4e trimestre 2021, le PIB stagne au 1er trimestre et la consommation privée baisse de 1,3%, selon les statistiques de l’Insee. Les plus fortes diminutions des dépenses des ménages français concernent l’énergie (-2,7%), l’alimentation (-1,7%), les biens fabriqués (1,3%) alors que les services résistent (-0,3%).

La reprise économique a été si dynamique l’an dernier que si la stagnation devait se poursuivre jusqu’à la fin de 2022, le PIB français augmenterait tout de même de 2,39% cette année par rapport au PIB de 2021, selon Eric Dor. Ce phénomène est appelé «acquis de croissance» par les économistes.

En Allemagne, première économie de la zone euro, le PIB a progressé de 0,2% au premier trimestre après une contraction de 0,3% au 4e trimestre. «Au moins, l’économie avance. Après la déception américaine publiée jeudi, il faut savoir se contenter de peu», déclare Thomas Gitzel. L’Allemagne profite de l’allégement des mesures contre le covid sur le secteur des services.

Les restaurants, les bars et les hôtels réalisent des chiffres d’affaires en progression, selon l’économiste. La production industrielle s’est aussi reprise en début d’année, mais la situation reste difficile. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, la hausse des prix des matières premières et le ralentissement de l’économie chinoise pourraient se traduire par une contraction du PIB allemand au deuxième trimestre, avance Thomas Gitzel.

La réaction de la Banque centrale européenne pas aisée à anticiper
L’impact d’une coupure éventuelle du gaz russe réduirait le PIB, mais il faut rester prudent sur l’ampleur de cette baisse, selon Eric Dor. L’Allemagne évalue la contraction que cette mesure produirait à 5%.

Les gouvernements incitent les entreprises à se préparer à ce scénario, ce qui les amène à réduire leur production. L’activité en souffrira d’autant plus.

La réaction de la Banque centrale européenne (BCE) à la détérioration de la conjoncture n’est pas aisée à anticiper. «La BCE est dans la pire des situations.

Les faucons, qui aimeraient resserrer rapidement et fortement la politique monétaire, estiment que plus vite l’inflation se calmera et mieux les ménages seront protégés contre une baisse du pouvoir d’achat. Les colombes rétorquent qu’une politique plus restrictive aggraverait le risque de récession», avance Eric Dor.

EMMANUEL GARESSUS, ZURICH

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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