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La Silicon Valley ébranlée par DeepSeek, la rivale chinoise de ChatGPT

La Silicon Valley ébranlée par DeepSeek, la rivale chinoise de ChatGPT

L’essor de DeepSeek, la rivale chinoise de ChatGPT, avec des ressources limitées par rapport aux géants américains de l’intelligence artificielle (IA) générative, a ébranlé la Silicon Valley, suscitant des mises en garde et des accusations de tricherie.

La sortie de R1, le dernier modèle de la start-up chinoise, a initialement reçu une attention limitée aux Etats-Unis, éclipsée par l’investiture de Donald Trump.

Mais ce week-end, DeepSeek est devenue l’application gratuite la plus téléchargée sur l’App Store américain d’Apple, supplantant ChatGPT, le chatbot d’OpenAI qui a lancé la course à l’IA générative fin 2022.

Les capacités du nouveau modèle chinois, équivalentes à celles des leaders américains du secteur, inquiètent d’autant plus l’industrie qu’elles ont été obtenues à une fraction du coût.

La start-up de Hangzhou (est de la Chine) affirme en effet n’avoir dépensé que 5,6 millions de dollars pour le développer, une somme dérisoire comparée aux milliards investis par les groupes de la côte ouest américaine, notamment dans des composants de pointe.

L’entreprise a par ailleurs déclaré avoir subi une cyberattaque lundi. Le chatbot fonctionnait normalement plus tard dans la journée.

Moment Spoutnik
« Deepseek R1 est le moment Spoutnik de l’IA », a déclaré Marc Andreessen, investisseur réputé dans la « tech » et allié de Donald Trump, établissant un parallèle avec le lancement en 1957 du premier satellite artificiel de la Terre par l’Union soviétique, qui a stupéfié le monde occidental.

La nouvelle intervient alors que les Etats-Unis ont pris des mesures pour préserver leur statut dominant dans l’IA, y compris des contrôles à l’exportation des semi-conducteurs de pointe.

En tant qu’entreprise chinoise, DeepSeek n’a ainsi pas accès aux puces chères et ultra perfectionnées de la californienne Nvidia, utilisées pour entraîner les modèles d’IA générative tels que ChatGPT.

« Si la Chine rattrape rapidement les États-Unis dans la course à l’IA, l’économie de l’IA sera bouleversée », a averti Kathleen Brooks, directrice de recherche chez XTB, dans une note aux clients.

Nvidia, qui est devenue une des premières capitalisations boursières mondiales grâce à la forte demande pour ses composants, plongeait en Bourse lundi. Elle a perdu plus de 500 milliards de dollars de valorisation.

Satya Nadella, le patron de Microsoft, a affirmé sur les réseaux qu’une IA moins chère était bénéfique pour tout le monde.

Mais la semaine dernière, lors du Forum économique mondial de Davos, il a lancé un avertissement : « Nous devons prendre très, très au sérieux les développements en provenance de Chine ».

Son groupe prévoit d’investir 80 milliards de dollars dans l’IA cette année. Meta (Facebook, Instagram) a de son côté annoncé vendredi que ses dépenses en capitaux allaient grimper à au moins 60 milliards de dollars cette année, principalement à cause de l’IA.

« Gosses de riche »
Pour les experts du secteur, le succès de DeepSeek remet en cause l’idée que l’IA générative nécessite des sommes colossales.

Les restrictions à l’exportation poussent les start-up chinoises à innover « en privilégiant l’efficacité, la mise en commun des ressources et la collaboration », a ainsi souligné la MIT Technology Review.

« Le travail de DeepSeek illustre comment de nouveaux modèles peuvent être créés » à l’aide de techniques différentes, « en s’appuyant sur des modèles largement disponibles et sur des puces entièrement conformes aux règlements sur les exportations », a déclaré une porte-parole de Nvidia, sollicitée par l’AFP.

Elon Musk, qui a abondamment investi dans sa société xAI, concurrente d’OpenAI, et le patron de ScaleAI, une start-up soutenue par Amazon et Meta, soupçonnent DeepSeek d’accéder secrètement aux puces H100 de Nvidia, les plus sophistiquées.

Cela ressemble aux accusations d’une « équipe de gosses de riches » qui s’est fait « doubler par une équipe de gosses de pauvres », a réagi sur X l’investisseur Jen Zhu Scott, basé à Hong Kong.

Le gouvernement américain voit dans le développement d’une IA toujours plus puissante un enjeu de sécurité nationale.

Cette obsession s’est traduite par des décrets exécutifs sous Joe Biden, jusqu’à la toute fin de son mandat, des obligations des entreprises aux contrôles à l’exportation.

Dès son premier jour de retour à la Maison Blanche, Donald Trump a annulé un des textes sur la sécurité des modèles.

« Le modèle R1 de DeepSeek montre que la course à l’IA sera très compétitive et que le président Trump a eu raison d’annuler le décret Biden, qui a paralysé les entreprises d’IA américaines sans se demander si la Chine ferait de même. (Manifestement pas.) », a écrit lundi sur X David Sacks.

« Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers », a affirmé le conseiller en IA et cryptomonnaies de M. Trump.

Le président américain a aussi annoncé la semaine dernière un grand projet d’infrastructure d’IA impliquant notamment OpenAI et la société japonaise SoftBank, soulignant que la concurrence avec la Chine était l’une des principales motivations.

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