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La présidente du Tribunal de Rodez, Sylvie Rouanne à ce sénégalais : « Je vous invite à quitter très rapidement le territoire français »

La justice réserve parfois quelques surprises. Depuis des années, le tribunal de Rodez s’est fait une spécialité de condamner les « mules », ces transporteurs de la drogue souvent interceptés sur l’A75, à des peines fermes.

Toutes se comptent d’ailleurs en années, plus qu’en mois. « Bien trop lourd pour ces simples rouages de réseaux », dénoncent quasi systématiquement les avocats. Hier, le tribunal a néanmoins fait une « fleur », comme on dit dans le jargon judiciaire, à un ressortissant sénégalais, installé à Bilbao en Espagne depuis de longues années.

Ce quinquagénaire s’était fait prendre samedi dernier, à Sévérac-d’Aveyron, avec 2,3 kg d’héroïne, cachés sous les sièges arrière de son véhicule. Les douaniers ont estimé le prix à la revente à 34 000 €. Le transporteur s’était fait promettre une rétribution de 2 000 € pour le voyage aller-retour entre la Belgique et l’Espagne.

Devant le tribunal, il a assuré qu’il connaissait les risques. « J’ai quatre enfants, mon entreprise de taxiphone a coulé depuis la crise et j’ai accepté ce trajet pour me payer un billet d’avion pour retourner en Afrique. »

Ce projet, il pourra peut-être le mener à bien. Car si elle a prononcé deux ans de prison ferme à son encontre, la présidente du jour, Sylvie Rouanne, n’a pas ordonné son maintien en détention. Et lui a glissé un conseil bien avisé si l’on peut dire : « Je vous invite à quitter très rapidement le territoire français. » Et ainsi ne pas purger sa peine. Ni même une précédente prononcée par le tribunal de Bordeaux, en 2017, pour les mêmes faits.

À l’époque, l’homme ne s’était pas présenté devant les juges. « On est en droit de s’interroger sur le nombre de voyages réalisés par cet homme », avait appuyé le procureur de la République lors de ces réquisitions, tout en accusant le prévenu d’être « un vendeur de mort » et en demandant son maintien en détention. « Ce n’est que l’idiot utile, il ne veut la mort de personne : il a fait ce transport pour des raisons financières », a répondu son conseil, Me Bastien Auzuech.

Cet appât du gain a pourtant interrogé le tribunal durant les débats : si l’homme a indiqué vivre de prestations sociales actuellement, les enquêteurs ont mis la main sur l’un de ses projets prévoyant la construction d’un lotissement dans la banlieue de Dakar estimé à plus de… 225 000 € ! « J’ai toujours travaillé pour cela depuis que je suis en Europe, jamais je n’avais touché à la drogue, je vous le promets », a répété le francophone, dans le box des prévenus. Avant, sans aucun doute, de reprendre la route vers l’Espagne…

M.R.

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