RD Congo

La lave du volcan Nyiragongo s’immobilise dans le faubourg de Buhene

A quelques centaines de mètres à peine: la coulée de lave descendue des flancs du volcan Nyiragongo, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’est immobilisée dimanche dans les faubourgs de Goma, épargnant de justesse la ville où les habitants s’inquiétaient toujours d’une possible reprise de l’éruption.

L’immense coulée de lave a cessé sa progression dans le courant de la nuit pour s’arrêter dans le faubourg de Buhene, qui marque la limite nord-est de Goma, a constaté.

« Les laves se sont arrêtées vers Buhene, en périphérie de Goma, (…) la ville a été épargnée », a déclaré dans la matinée le gouverneur militaire de la province, le général Constant Ndima, dans une courte adresse à la population.

Du feu et de fortes émanations se dégageaient du front de lave rocheux, noirâtre et toujours instable. De nombreuses habitations ont été englouties par la lave, semblable à un énorme chewing-gum de réglisse avalant tout sur son passage, et large de plusieurs centaines de mètres.

 « Parti en fumée »
Des amas de tôles tordues par la fournaise s’entassaient ici et là sur la roche encore fumante et s’étendant à perte de vue.

La lave a stoppé sa progression à quelques encablures de l’aéroport de Goma.

« Ce matin nous avons vu que tout le quartier est parti en fumée, le feu est descendu jusqu’ici à partir du territoire de Nyiragongo », a témoigné sur place une habitante, Irene Bauma.

« Il y a des gens qui ont perdu des biens, peut-être il y a aussi des morts, on ne sait pas », a confié le propriétaire d’un commerce épargné, Kambere Ombeni, appelant le gouvernement à « venir en aide aux rescapés ».

« Cinq personnes ont été tuées dans des accidents lors des déplacements de population », selon le général Ndima. « Plusieurs vols dans des boutiques et une tentative d’évasion de prisonniers » ont été enregistrées, mais « la situation est maitrisée ».

Dans la périphérie, à Buhene, des « maisons ont été ravagées par les laves », a précisé le général, sans donner de bilan chiffré de ces destructions.

L’éruption samedi soir du volcan Nyiragongo a pris tout le monde de court, y compris les autorités, forcées de donner un ordre d’évacuation de la ville.

Des dizaines de milliers de personnes ont fui vers le poste frontière avec le Rwanda, tout proche, au sud de Goma, et vers le sud-ouest de la ville, en direction de la région du Masisi.

Vigilance en « zone rouge »
La précédente éruption majeure du Nyiragongo remonte au 17 janvier 2002 et avait fait une centaine de morts.

Samedi soir, deux coulées de lave sont descendues, l’une vers l’est, dans des zones habitées mais non urbaines, vers la frontière toute proche avec le Rwanda, et l’autre vers le sud, pour atteindre la limite de Goma dans la nuit.

« Des séismes se font encore sentir sur la sortie de la coulée de lave sur Goma. Il faut donc rester vigilant », a commenté sur place un responsable de l’Observatoire de volcanologie de Goma, Adalbert Muhindo. « Si jamais ces séismes provoquent une ouverture, cette coulée pourrait progresser de nouveau vers Goma », a-t-il mis en garde.

« Des gens commencent à regagner doucement leur domicile, la situation est plutôt calme pour le moment », a témoigné un habitant. « Mais on a encore peur ».

Au fil de la matinée, les rues de Goma ont retrouvé leur animation habituelle, les habitants gardant un oeil sur le volcan. « Les gens se demandent si le volcan s’est arrêté, s’il va continuer, si la lave va réapparaître », expliquait l’un d’eux.

« La population aurait dû attendre l’ordre du gouverneur, elle est en train de retourner dans la zone rouge (…) c’est dangereux », a jugé le volcanologue. « La zone rouge, c’est la coulée de lave de 2002. La coulée actuelle est en train de se dessiner au dessus de cette coulée de 2002 », a-t-il observé.

Quatre villages ont été « directement affectées » et « détruits » par les coulées, a indiqué un responsable local de l’ONU, Diego Zorilla, qui a souligné la volonté de la Monusco d’appuyer le gouvernement » et d’apporter une aide humanitaire aux sinistrés.

La route Goma-Rutshuru, principale route de la région menant vers le nord de la province, a été coupée par la lave, selon des médias congolais.

L’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), qui gère le parc national des Virungas, où est situé le volcan, a par ailleurs annoncé que des « touristes présents hier au cratère sont sains et saufs ». Les rares gorilles de montagne, dont les Virunga sont un sanctuaire, « ne sont pas menacés ».

A Rome, le pape François a prié, lors de son Angélus dominical, « pour la population de la ville de Goma, obligée de fuir à cause de l’éruption du grand volcan Nyiragongo ».

La région de Goma est une zone d’intense activité volcanique, avec six volcans, dont le Nyiragongo et le Nyamuragira qui culminent respectivement à 3.470 et 3.058 mètres.

L’éruption la plus meurtrière du Nyiragongo, en 1977, avait fait plus de 600 morts.

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