Dakar-Echo

La justice sénégalaise libère Juan Branco malgré toutes les charges lourdes retenues contre lui

La justice sénégalaise libère Juan Branco malgré toutes les charges lourdes retenues contre lui

L’avocat franco-espagnol Juan Branco, inculpé et écroué dimanche à Dakar, a été placé lundi sous contrôle judiciaire et est en passe d’être expulsé vers la France, a indiqué l’un de ses avocats et un haut responsable au ministère de la Justice sénégalais.

M. Branco, venu au Sénégal participer à la défense de l’opposant Ousmane Sonko, avait été arrêté vendredi soir en Mauritanie après plusieurs jours de recherches, et remis aux autorités sénégalaises.

«Il a été extrait de prison ce matin (lundi) et présenté au juge qui lui a signifié son placement sous contrôle judiciaire», ont déclaré à l’AFP Robin Binsard et Yassine Bouzrou, ses avocats à Paris.

«Il est dans un poste de police en vue d’être conduit à l’aéroport. Il est épuisé mais soulagé d’être remis en liberté», a ajouté M. Binsard. M. Branco avait refusé de boire et de s’alimenter après son arrestation.

L’information a été confirmée par une source haut placée du ministère de la Justice.

M. Branco avait été inculpé dimanche pour attentat, complot, diffusion de fausses nouvelles et actes et manoeuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves, selon ses avocats.

Plus tard dimanche, de nouvelles charges, de séjour irrégulier et d’outrage à magistrat, lui ont été signifiées, ont rapporté ses avocats parisiens. Selon un avocat sénégalais, Juan Branco avait été placé en détention dimanche matin dans une prison du centre de Dakar.

Affaire Ousmane Sonko
L’avocat franco-espagnol s’est fait un nom au Sénégal en prenant part à la défense d’Ousmane Sonko, opposant engagé depuis 2021 dans un bras de fer avec le pouvoir et la justice qui a donné lieu à plusieurs épisodes de violences meurtrières.

Il a particulièrement suscité l’attention en annonçant une plainte en France et une saisine de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye (Pays-Bas) contre le président sénégalais Macky Sall pour «crimes contre l’humanité» en juin, alors que le pays venait de connaître ses pires troubles depuis des années.

Il était visé depuis mi-juillet par une enquête de la justice sénégalaise qui a annoncé la délivrance d’un mandat d’arrêt.

Après son entrée inopinée sur le territoire du Sénégal, il est apparu aux côtés des avocats sénégalais de M. Sonko, deux jours après l’arrestation de l’opposant fin juillet. Ce dernier a depuis été incarcéré sous différents chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection.

Le gouvernement sénégalais a décrit jeudi Juan Branco comme un avocat avide de publicité et fuyant ses responsabilités.

«Le Sénégal ne doit pas être la caisse de résonance d’un avocat qui est en mal de reconnaissance dans son pays» et qui «se rêve en Victor Hugo», a dit le porte-parole du gouvernement Abdou Karim Fofana. «Si vous avez le courage de défier un Etat, de défier une nation, vous devez faire face», a-t-il dit.

M. Branco dit avoir été «kidnappé» à environ 100 km de la capitale mauritanienne, Nouakchott, par des hommes encagoulés sans aucun signe distinctif et qui l’ont blessé aux poignets, selon Ciré Clédor Ly, un avocat sénégalais de M. Sonko.

Selon ses avocats parisiens, Juan Branco a été arrêté à bord d’une embarcation en territoire mauritanien alors qu’il comptait entrer en contact avec les autorités mauritaniennes. Celles-ci auraient pu organiser son rapatriement vers la France ou l’Espagne, ont-ils dit.

En France, Juan Branco avait connu un succès de librairie avec un pamphlet hostile au président Emmanuel Macron, «Crépuscule».

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