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La junte lance une concertation cruciale en vue d’un retour des civils au pouvoir

La junte lance une concertation cruciale en vue d’un retour des civils au pouvoir

Les militaires qui ont pris le pouvoir en Guinée ont ouvert mardi quatre jours de consultations tous azimuts pour définir le contenu d’une transition censée ramener les civils à la tête du pays, à une date inconnue.

Jusqu’à vendredi vont se succéder auprès des putschistes les chefs des partis puis ceux des confessions religieuses mardi, suivis par la société civile, les diplomates étrangers, les patrons des compagnies minières ou encore les syndicats d’ici à la fin de la semaine.

Avant l’ouverture prévue à 10H00 (locales et GMT) au Palais du peuple, siège du Parlement, des dizaines de représentants des partis politiques se bousculaient pour passer une porte étroite gardée par des soldats.

« Habituellement on est invités, mais là, vu la situation politique ça se passe comme ça », a déclaré à l’AFP Jules Tolno, chef du Parti du peuple guinéen, qui comme les autres formations a appris cette convocation par les communiqués de la junte lus à la télévisions nationale.

Cette nouvelle phase cruciale pour l’avenir de la Guinée, après les mesures de l’immédiat après-putsch, s’ouvre dans une complète incertitude sur les plans de la junte et sa faculté à surmonter une multitude d’obstacles majeurs, qu’il s’agisse du délabrement du système politique, de la multiplicité des intérêts particuliers, des possibles rancoeurs ou encore d’une corruption réputée omniprésente.

Leur opération, menée en quelques heures au prix présumé d’une dizaine ou une vingtaine de morts, a suscité des scènes de liesse chez des Guinéens exaspérés par la pauvreté, l’accaparement des revenus tirés des vastes ressources minières, le clientélisme et la répression des libertés.

M. Condé, réélu pour un troisième mandat en octobre 2020 après des mois de contestation meurtrière, s’était enfermé dans un exercice de plus en plus solitaire et autoritaire d’une présidence à la légitimité abîmée, selon les analystes.

Charte de transition
La junte a dissous le gouvernement et les institutions, aboli la Constitution, remplacé ministres, gouverneurs et préfets par des administrateurs et des militaires.

Elle a voulu signifier ses bonnes intentions en libérant des dizaines de prisonniers d’opinion, en supprimant des barrages dressés dans les quartiers favorables à l’opposition, en veillant à réprimer les exactions de forces de sécurité connues pour leurs abus et en nommant une générale gouverneure de Conakry. Elle a promis de se garder de toute « chasse aux sorcières » politique.

Forts d’une espèce d’état de grâce, les militaires ouvrent la concertation qu’ils ont promise dès le lendemain du putsch « pour décrire les grandes lignes de la transition », qu’un futur « gouvernement d’union nationale » sera chargé de conduire.

Le lieutenant-colonel Doumbouya n’a rien dit jusqu’alors sur le possible contenu de cette transition, sa durée, quel rôle lui et les militaires y joueraient, comment seraient organisées des élections et selon quels texte fondamental, code électoral et liste d’électeurs.

La junte a appelé lundi soir les Guinéens dans un communiqué lu à la télévision nationale à n’accorder « aucun crédit » à de prétendus projets de « charte » de transition que feraient circuler des « individus mal intentionnés ». Elle a indiqué qu’une telle charte ne serait élaborée qu’à la fin de la concertation.

Chez le voisin malien, les colonels qui avaient renversé en août 2020 le président réélu un an auparavant avaient rédigé une feuille de route et une charte, acte fondamental de la transition, et avaient dû s’engager sous la pression de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à une transition limitée à 18 mois et conduite par des civils.

Depuis, les colonels ont pris de force la présidence de la transition malienne sans que la CEDEAO puisse l’empêcher, et la tenue des élections prévues en février 2022 est de plus en plus douteuse.

La communauté internationale, inquiète de la stabilité de la Guinée et d’une contagion des faits accomplis militaires, suit attentivement la concertation qui commence en Guinée, où les précédents coups de force militaires en 1984 et 2008, ont débouché sur des régimes répressifs.

Les principaux partis, y compris celui du président déchu, ont dit leur intention de participer.

En visite en Guinée lundi, le représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, Mahamat Saleh Annadif, a dit escompter une transition d’une « durée raisonnable », qu’il appartiendra aux Guinéens de déterminer.

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