Une marche en hommage aux victimes de l’émigration clandestine était organisée samedi 21 novembre après-midi à Dakar par des associations réunies dans le collectif baptisé « 480 », en référence au nombre de migrants décédés en mer en une semaine, fin octobre, selon l’ONG Alarm Phone. Une centaine de personnes a défilé en silence pour appeler les autorités et les citoyens à réagir.
Lamine Biaye porte un tee-shirt noir, et en blanc, les inscriptions : « #480, Dafa Doy », ce qui signifie « ça suffit ! », traduit-il. « On n’arrive pas à dormir. je suis là avec un ami. Deux jours après, on me dit qu’il est mort. Dafa doy quoi ! »
Cet étudiant de 20 ans en lettres et sciences humaines débat souvent avec ses amis sur cette question de l’émigration. « Parfois, on s’assoit, comme ça et certains le disent : on n’a pas de travail. Ils veulent réussir, coûte que coûte. »
Dans le cortège, on rencontre aussi Djiby Bah. Il dirige une association d’artisans du secteur informel. Pour lui, tant de drames auraient pu être évités. « Comment se fait-il que pendant quinze jours ou un mois, on construise une pirogue et on amène les gens, au bord d’une plage… L’État ne contrôle pas. »
Marche silencieuse : Le collectif 480 accuse l’État d’être le principal responsable de la situation de l’émigration irrégulière.: À la mémoire de toutes les victimes de l’émigration irrégulière au large des côtes de l’Océan Atlantique, le collectif 480… https://t.co/t0HL7IjNOV pic.twitter.com/VGyWglfvDA
— Dakaractu.com (@dakaractu) November 21, 2020
Les autorités ont promis de renforcer les contrôles et la surveillance sur le littoral. Après des critiques sur son silence, le président Macky Sall a aussi annoncé, lors du dernier conseil des ministres, la création d’un conseil national pour l’insertion et l’emploi des jeunes. Aïda Niang, du collectif 480, demande à voir.
« C’est un premier pas, mais nous attendons en réalité le contenu, dit-elle. Nous nous sommes rendus compte que la question de l’immigration n’est pas seulement un manque d’emplois. il faudrait que les gens puissent se retrouver autour d’une table, que l’on puisse faire l’état des lieux. »
📷Marche silencieuse !! Nous disons NON à l’émigration clandestine. restons dans notre cher pays !! #SÉNÉGAL 🇸🇳 #mary__images #kebetu pic.twitter.com/skIr3sedBd
— Mary FALL (@fallmary0261) November 21, 2020
Face à la recrudescence du phénomène, la ministre espagnole des Affaires étrangères est arrivée samedi soir au Sénégal pour des discussions avec son homologue et le chef de l’État.
Charlotte Idrac avec RFI
Laisser un commentaire