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La Francophonie veut peser sur le règlement de crises en Afrique

Une « Francophonie de l’avenir ». Le sommet des 88 pays membres du bloc francophone s’est achevé dimanche en Tunisie avec l’objectif affiché de peser plus dans le règlement de crises, notamment en Afrique.

« Djerba n’a pas déçu…La Tunisie n’a pas déçu », a estimé la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, lors d’une conférence de presse en clôture du sommet.

« Nous sommes en route vers une francophonie de l’avenir, modernisée, beaucoup plus pertinente », a-t-elle ajouté.

Sur l’île de Djerba, les travaux du dimanche ont été en grande partie consacrés à la « défiance citoyenne », avec des populations lassées des « turbulences » politiques, notamment en Afrique de l’ouest où se sont produits récemment des coups d’Etat au Mali ou au Burkina Faso.

« Toutes les zones de conflit ont été sujettes à de longs débats », a détaillé l’ancienne cheffe de la diplomatie rwandaise, interrogée sur les tensions entre République démocratique du Congo et Rwanda, ou entre Arménie et Azerbaïdjan.

« La Francophonie est une organisation qui soutient, un catalyseur » pour oeuvrer « à la médiation entre les parties en conflit », a-t-elle souligné.

Mais cette organisation aux moyens budgétaires limités agit surtout via des « soutiens techniques », par exemple pour la préparation d’élections.

Et pour la médiation des conflits, l’OIF travaille « en subsidiarité aux organisations régionales plus proches des conflits ».

En revanche, les dirigeants réunis à Djerba veulent, selon elle, « continuer la réflexion pour améliorer la relation entre citoyens et gouvernants dans un format beaucoup plus inclusif » et ouvert aux sociétés civiles.

La Déclaration de Djerba, adoptée à l’issu du sommet, contient en outre une « déclaration claire », dont la teneur n’a pas été dévoilée, sur l’invasion russe de l’Ukraine, à la demande du président Emmanuel Macron.

Pourtant, ce dossier brûlant ne fait pas consensus sur le continent africain où certains pays sont très proches de la Russie et regrettent l’empressement occidental à aider l’Ukraine qui contraste avec un manque d’intérêt pour leurs propres crises.

Le sommet a aussi réélu Mme Mushikiwabo, seule en lice, à la tête de l’OIF pour un nouveau mandat de quatre ans, et désigné la France à la présidence de la Francophonie en 2024, pour succéder à la Tunisie.

Pour Leila Slimani, représentante spéciale de M. Macron, la rencontre a donné « un souffle nouveau » à la Francophonie, espace de 321 millions de locuteurs appelés à doubler d’ici 2050, grâce à la démographie africaine.

La Francophonie doit, selon elle, « se positionner plus fermement en faveur du multilatéralisme » et « s’emparer des nouveaux enjeux globaux », que ce soit le climat ou les crises politiques.

« Combat de langues »
Rejetant « tout combat de langues », en notant que tous les pays sauf la France pratiquent d’autres idiomes, Mme Mushikiwabo a appelé à investir et améliorer l’éducation en français sur le continent africain.

Autre chantier: renforcer la présence du français sur internet et dans les organisations internationales, où la langue de Molière est en recul, y compris au sein du bloc européen de l’OIF, deuxième plus important (19 pays) derrière l’Afrique (32 pays).

L’OIF veut aussi, selon la secrétaire générale, renforcer la « Francophonie économique », une coopération accrue au sein de l’espace francophone, qui passera notamment par le numérique, l’une des thématiques principales du sommet prolongé par un Forum économique jusqu’à lundi.

Des formations pour 250.000 jeunes sont notamment prévues, des encouragements aux PME et des missions francophones comme celles qui ont emmené 200 opérateurs économiques en Asie du sud-est, au Vietnam et Cambodge, deux pays membres de l’OIF, au Rwanda ou au Gabon.

Pour l’entreprenariat féminin, autre thématique du sommet, la cheffe de l’OIF a appelé les Etats membres à financer davantage les projets du fonds « La Francophonie avec elles ».

Le président tunisien Kais Saied, hôte du sommet, s’est dit convaincu que l’espace francophone saura « transformer nos engagements en actions solidaires et réalisations concrètes qui seront à la hauteur de nos peuples, en particulier nos femmes et nos jeunes ».

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a dit avoir évoqué devant les autres dirigeants la crise politique qui secoue la Tunisie depuis le coup de force de M. Saied il y a 16 mois. « Le Canada est préoccupé par la situation actuelle » en Tunisie et « par un recul de la démocratie partout dans le monde », a-t-il dit à des médias canadiens.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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