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La France et l’Allemagne expulsent massivement des diplomates Russes, qu’ils accusent de crimes de guerre

La France et l’Allemagne ont annoncé lundi l’expulsion massive de diplomates russes de leurs pays, alors que les Occidentaux appellent à enquêter sur les « crimes de guerre » imputés aux soldats Russes dans la région de Kiev.

L’Allemagne a annoncé l’expulsion d' »un nombre élevé » de diplomates russes – 40 selon des informations de l’AFP – en poste à Berlin, en lien avec la guerre en Ukraine.

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a souligné que ces employés de l’ambassade de Russie constituaient « une menace pour ceux et celles qui cherchent une protection chez nous ».

« Nous ne le tolèrerons plus », a-t-elle ajouté dans une courte déclaration écrite.

Cette expulsion « inamicale » va « détériorer » les relations avec Moscou, a réagi la Russie.

La France va expulser, elle, 35 diplomates russes « dont les activités sont contraires à (ses) intérêts », a-t-on appris lundi de source proche du ministère français des Affaires étrangères.

« Cette action s’inscrit dans une démarche européenne », selon un communiqué du ministère français.

« Préserver les preuves »
La Lituanie a annoncé le jour même l’expulsion de l’ambassadeur de Russie dans ce pays balte « en réponse à l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine souveraine et aux atrocités commises par les forces armées russes ».

Les Nations Unies et plusieurs pays occidentaux ont affiché leur indignation après la découverte ce week-end de dizaines de corps portant des vêtements civils à Boutcha, au nord-ouest de Kiev, dans les rues ou des fosses communes, à la suite du retrait des Russes qui desserrent l’étau sur la capitale pour se redéployer dans le sud et l’est du pays.

La Haute-commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, s’est dite « horrifiée » et a appelé « à préserver toutes les preuves » de ces « possibles crimes de guerre » et « violations graves des droits de l’homme ».

Le président américain Joe Biden a réclamé lundi un « procès pour crimes de guerre » et dit vouloir prendre « des sanctions supplémentaires » contre la Russie.

« Il faut qu’il rende des comptes », a-t-il ajouté à propos de son homologue russe Vladimir Poutine, en répétant qu’il le considérait comme un « criminel de guerre ».

De nouvelles sanctions contre la Russie étaient discutées lundi au sein de l’Union européenne, réclamées notamment par la France et l’Allemagne.

« Embargos contraignants »
La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a appelé lundi les dirigeants des 27 à instaurer des « embargos contraignants » sur les importations énergétiques russes, et accusé la Russie d’avoir commis des « crimes de guerre » en Ukraine.

L’UE a annoncé avoir mis en place « une équipe d’enquête conjointe avec l’Ukraine pour recueillir des preuves et enquêter sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

L’UE souhaite unir ses forces avec la Cour pénale internationale (CPI) qui enquête depuis le 3 mars sur des allégations de crimes de guerre en Ukraine.

« Les auteurs de ces crimes odieux ne doivent pas rester impunis », a ajouté Ursula von der Leyen après un entretien avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ce dernier s’est rendu lundi à Boutcha, où il a dénoncé les exactions de l’armée russe, des « crimes de guerre » qui seront « reconnus comme un génocide », terme mentionné un peu plus tôt par le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son homologue polonais Mateusz Morawiecki.

« Balle dans la nuque »
« Chaque jour, lorsque nos combattants entrent et reprennent des territoires, vous voyez ce qu’il se passe », a ajouté devant la presse M. Zelensky, vêtu d’un manteau kaki et d’un gilet pare-balle, entouré par des militaires dans les rues de Boutcha dévastée.

Lioudmila Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien, a affirmé lundi que les soldats ukrainiens capturés par l’armée russe et récemment libérés avaient fait état de « traitements inhumains ».

Le Kremlin avait vivement réagi lundi matin en rejetant « catégoriquement toutes les accusations », par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov.

L’armée russe était parvenue à Boutcha et dans la ville voisine d’Irpin, qui borde Kiev au nord-ouest, très rapidement après le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février.

Dans les semaines qui ont suivi, les deux villes ont été le théâtre de féroces combats qui les ont en partie dévastées et fait fuir la plupart des habitants.

Lundi, le bureau de la procureure générale d’Ukraine a affirmé que les corps de cinq hommes avec les mains liées ont été retrouvés dans la cave d’un sanatorium pour enfants à Boutcha. Des « civils » qui ont été « battus » avant d’être tués par des « soldats russes », selon cette source.

« Balle dans la nuque »
Les Ukrainiens ont annoncé les avoir reprises ces derniers jours, après que les Russes ont indiqué desserrer l’étau sur Kiev et le nord pour concentrer leurs efforts militaires sur l’est du pays.

Selon la procureure générale d’Ukraine, Iryna Venediktova, les dépouilles de 410 civils ont été retrouvées à Boutcha et dans d’autres territoires de la région de Kiev récemment repris aux troupes russes.

Samedi, l’AFP avait vu à Boutcha les cadavres d’au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues. Le maire de la ville, Anatoli Fedorouk, avait assuré qu’elles ont été tuées d' »une balle dans la nuque », suggérant des exécutions sommaires massives de la part des soldats russes.

M. Fedorouk a affirmé que « 280 personnes » avaient été enterrées « dans des fosses communes » car elles ne pouvaient être inhumées dans les cimetières communaux, tous à portée des tirs russes pendant les combats.

« On ne peut pas faire confiance à ces images vidéo », a répondu M. Peskov. Selon le porte-parole du Kremlin, des experts russes ont découvert des signes de « falsifications » dans ces images.

Alors que l’armée russe semble se retirer des alentours de Kiev et du nord de l’Ukraine, le but semble être une attaque « massive » dans l’est, selon les autorités locales ukrainiennes.

« Nous voyons que des équipements arrivent de différentes directions, qu’ils (les Russes) amènent des hommes, qu’ils apportent du carburant (…). Nous comprenons qu’ils se préparent à une attaque massive », a déclaré lundi dans un message-vidéo le gouverneur la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.

Selon des experts militaires occidentaux, la Russie cherche à contrôler un territoire continu allant de la Crimée aux deux républiques séparatistes prorusses du Donbass, Donetsk et Lougansk.

Gaz et pourparlers
Une seule ville l’empêche: la cité portuaire de Marioupol (sud-est), qu’elle pilonne sans relâche depuis plus d’un mois, laissant la population livrée à elle-même, dans des conditions terribles.

Marioupol, qui comptait près d’un demi-million d’habitants, est détruite « à 90% », a annoncé lundi son maire Vadim Boïtchenko.

Les Occidentaux veulent désormais adopter de nouvelles mesures contre Moscou, après avoir déjà acté plusieurs trains de sanctions depuis le 24 février, ciblant des entreprises, des banques, des hauts responsables, des oligarques, et interdisant l’exportation de biens vers la Russie.

La pression porte sur les hydrocarbures, importante ressource financière pour la Russie.

Mais l’Allemagne a prévenu lundi qu’elle ne pouvait pas se passer des livraisons de gaz russe « à court terme », par la voix de son ministre des Finances, Christian Lindner.

Les Etats-Unis ont interdit l’importation de pétrole et de gaz russes peu après l’invasion de l’Ukraine, mais pas l’UE qui s’approvisionnait en Russie à hauteur de 40% environ en 2021.

La guerre, intense, a fait, a minima, des milliers de morts et contraint à l’exil plus de 4,2 millions d’Ukrainiens, à 90% des femmes et des enfants.

Dakarecho avec AFP

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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