Les diplomates seront en action mercredi, de Bamako à New York, pour contrer ce qui s’apparente à un deuxième coup d’Etat en neuf mois au Mali de la part de colonels désormais sous haute pression internationale et menacés de sanctions.
Le conseil de sécurité de l’ONU devrait se réunir à huis clos à 19H00 GMT pour examiner la situation dans ce pays crucial pour la stabilité du Sahel.
Si la médiation ouest-africaine initiée mardi n’aboutit pas, « nous prendrons des sanctions contre tous ceux qui empêchent le processus de transition de se développer », a prévenu le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, dont le pays engage environ 5.000 soldats au Sahel et a demandé la réunion du conseil de sécurité avec quelques pays comme le Niger, voisin du Mali.
Ces sanctions ne seront pas seulement le fait de la France, mais aussi des « Etats africains, (de) l’ensemble des acteurs », a-t-il assuré sur la chaîne française France 2.
Sanctions internationales
Les pays européens sont également prêts à des sanctions, a déclaré le président français Emmanuel Macron.
De leur côté, les émissaires ouest-africains dépêchés sur place dès le lendemain du coup de force militaire poursuivront leur mission et devraient rencontrer le président de transition et le Premier ministre arrêtés lundi par les colonels.
Cette rencontre, dont la délégation de la Communauté des Etats ouest-africains (CEDEAO) a dit dans la nuit avoir obtenu l’autorisation de l’homme fort malien, le colonel Assimi Goïta, pourrait être lourde de conséquences.
Non seulement elle permettrait de constater l’état de santé du président Bah Ndaw et du Premier ministre Moctar Ouane, mais elle serait l’occasion de les interroger sur leur situation politique: démission ou non.
Depuis le coup de tonnerre de leur arrestation, ils sont tenus au secret au camp militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako et aucun contact avec eux n’a été rapporté. En août 2020, quand le président élu Ibrahim Boubacar Keïta avait été renversé par le même Assimi Goïta et un groupe de colonels, il avait annoncé la nuit même sa démission de Kati.
Jusqu’alors le président et le Premier ministre de transition ont été réduits au silence.
C’est le colonel Goïta qui a indiqué mardi les avoir écartés en les accusant d’avoir formé un nouveau gouvernement sans le consulter alors qu’il est le vice-président en charge des questions de sécurité, attribution primordiale dans un pays pris par la tourmente de la propagation jihadiste et des violences en tous genres.
Coup dans le coup
Le nouveau gouvernement annoncé lundi déchargeait de leur portefeuille sécuritaire deux des acteurs principaux du putsch d’août 2020.
« Nous sommes là pour aider nos frères maliens à trouver une solution à la crise, mais il est clair que la CEDEAO pourrait rapidement, lors d’un prochain sommet, annoncer des sanctions », a dit à l’AFP un membre de la délégation après une rencontre avec le colonel Goïta, comme elle l’avait fait après le coup d’Etat de 2020.
« Nous avons expliqué les raisons de la mise sur la touche du président de transition et de son Premier ministre », a pour sa part expliqué un membre du cabinet du colonel Goïta sous couvert d’anonymat.
L’arrestation lundi des deux dirigeants et de plusieurs hauts personnages de l’Etat a provoqué une multitude de condamnations à l’encontre des militaires.
Une grande partie de la communauté internationale réclame la libération immédiate des personnes arrêtées et à un retour à la transition politique.
Le président français a parlé de « coup d’Etat dans le coup d’Etat », référence au putsch qu’avaient mené les colonels en 2020. Ils ont ensuite installé des autorités de transition, mais conservé la mainmise sur les leviers du pouvoir. Ils se sont aussi engagés à rendre le pouvoir à des civils élus au bout de 18 mois.
Le coup de force, énième soubresaut de l’histoire contemporaine malienne, soulève une multitude de questions quant à son impact sur la lutte antijihadiste et sur l’état de la gouvernance au Mali, et plus immédiatement sur la relation future avec les colonels et le respect des échéances prévues, comme la tenue d’élections début 2022.
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