La Cour de justice de la CEDEAO a rejeté le recours déposé par Ousmane Sonko en vue de l’annulation de la dissolution de son parti politique par l’État sénégalais, sans se prononcer sur sa radiation du fichier électoral, ont déclaré les avocats du leader politique, vendredi.
‘’Le verdict de la Cour de justice de la CEDEAO vient de tomber. La Cour a jugé qu’aucun des droits de monsieur Ousmane Sonko n’a été violé et l’a débouté de ses demandes’’, a écrit Ciré Clédor Ly dans un texte publié par des proches d’Ousmane Sonko sur les médias sociaux.
‘’La Cour de justice de la CEDEAO […] approuve la dissolution du principal parti d’opposition’’ au Sénégal, a déclaré l’avocat français Juan Branco, l’un des conseils d’Ousmane Sonko.
La juridiction régionale ‘’ne se prononce pas sur la radiation’’ de M. Sonko du fichier électoral sénégalais, a précisé Me Branco.
‘’La communauté nationale et internationale a suivi […] le traitement inhumain et dégradant subi par monsieur Ousmane Sonko, ainsi que les barricades érigées autour de sa maison’’, a commenté Me Ciré Clédor Ly.
‘’Les dictateurs pourraient désormais […] se prévaloir de la jurisprudence de la Cour. C’est dommage…’’ a-t-il ajouté.
M. Sonko voulait obtenir de la Cour de justice de la CEDEAO l’annulation de la dissolution de Pastef-Les patriotes, son parti politique.
Des rassemblements de soutien à Ousmane Sonko
Cette formation politique est l’une des plus représentatives du pays. Elle a fait élire plusieurs députés en 2022 et était déjà représentée à l’Assemblée nationale durant la précédente législature.
Pastef-Les patriotes invite ses militants à ‘’des mouvements insurrectionnels’’, a déclaré le ministre de l’Intérieur en juillet dernier, une accusation que les responsables et les militants du parti ne cessent de rejeter.
La Direction générale des élections (DGE), invoquant sa radiation du fichier électoral, a refusé de délivrer au mandataire de M. Sonko les outils nécessaires à la collecte des parrains pour sa candidature.
La DGE a également fait valoir que la décision du juge de Ziguinchor n’était pas définitive, car l’État en a fait appel en introduisant un recours à la Cour suprême. C’est donc raisonnable, selon elle, de ne mettre à la disposition de l’opposant les outils dont il a besoin pour collecter des parrains.
La Cour suprême du Sénégal aussi devrait trancher, ce vendredi, un recours de l’État du Sénégal, qui a fait appel d’une décision rendue début octobre par un juge du tribunal de grande instance de Ziguinchor (sud), une ville dont M. Sonko est le maire.
Ce tribunal, saisi par les avocats de l’opposant, a jugé illégale sa radiation du fichier électoral, l’a annulée et a ordonné sa réintégration.
La radiation de l’opposant l’empêche d’être candidat à l’élection présidentielle.
Ses partisans ont annoncé la tenue de rassemblements en guise de soutien à Ousmane Sonko, ce vendredi, à Dakar et dans d’autres villes du pays.
En juin dernier, Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ferme pour ‘’corruption de la jeunesse’’ – une peine confirmée en appel et susceptible de l’empêcher d’être candidat -, dans le procès qui l’opposait à la demoiselle Adji Sarr, laquelle l’accusait de viol et de menaces de mort.
‘’Je continue à réclamer ma libération’’
L’opposant a été acquitté des accusations de viol et de menaces de mort. De violentes manifestations ont éclaté au Sénégal à la suite de ce procès.
Des organisations indépendantes, dont Amnesty International, ont signalé la mort d’une vingtaine de personnes dans ces heurts, le gouvernement faisant état d’une quinzaine de personnes tuées. De nombreuses infrastructures avaient été saccagées.
Les avocats d’Ousmane Sonko avaient demandé aussi à la Cour de justice de la CEDEAO d’ordonner à l’État du Sénégal de s’abstenir de toute action de nature à aggraver le différend qui l’oppose au maire de Ziguinchor, en lien avec sa participation à l’élection présidentielle.
Ils ont saisi la juridiction régionale pour qu’elle ordonne aussi au gouvernement sénégalais de ‘’s’abstenir de porter atteinte à la liberté d’aller et de venir’’ de l’opposant. Ce dernier a été arrêté le 28 juillet et placé en détention trois jours plus tard.
Il est accusé d’‘’appel à l’insurrection, d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et d’atteinte à la sûreté de l’État’’.
Jeudi, Ousmane Sonko, toujours en prison, a appelé ses militants à ‘’la résistance’’. Il réclame ‘’une justice équitable, libre et indépendante’’, le ‘’droit de vivre dans un pays sans craindre d’être arrêté et emprisonné sans justification’’.
‘’Du fond de ma cellule, je continue à réclamer ma libération, car cette arrestation n’est […] qu’une prise d’otage politique pour empêcher ma candidature à l’élection présidentielle’’, rapportent plusieurs journaux, citant l’opposant qui, selon ses avocats, observe une grève de la faim depuis plusieurs jours.
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