Société

Ingratitude

Comme nos compatriotes peuvent être ingrats. Faire subir un tel affront à notre bien-aimé président dont la seule et unique préoccupation durant tout son magistère finissant a été de nous sortir d’une longue nuit noire dans laquelle nous sommes plongés depuis nos glorieuses indépendances.

Avant lui, trois hommes s’y sont essayés sans pouvoir hisser ce charmant pays au rang d’émergence. Il a fallu que lui, le descendant d‘une lignée guerrière, accède à la magistrature suprême pour faire entrevoir le bout du tunnel à ce pays de paradoxes.

Il n’est pas n’importe qui, lui. Il a un fort dédain pour les littéraires qui ne savent rien faire de leurs dix doigts.

Et s’il a trouvé Galsen à ce niveau de délabrement cet de sous-développement, c’est justement à cause de ses prédécesseurs, dépourvus de toutes compétences managériales.

Le premier était poète, le second, malgré ses qualités d’énarque, n’a su rien faire de bon. Le troisième, n’en parlons même pas.

Il est avocat et économiste et a passé tout son temps à théoriser plutôt que d’appliquer. Et voilà que le Bon Dieu nous donne un géologue.

Il a fallu qu’il soit au pouvoir pour que l’odeur du pétrole et du gaz sente si fort. Il a trouvé des routes cahoteuses et les a rendues conformes aux normes internationales.

Se mesurant à Napoléon III, il a édifié des universités dans toutes les régions du pays.

Des hôpitaux, on en compte par dizaines sans parler des ponts, autoponts, Ter et Btr. Bref il a hissé ce pays à un rang jamais égalé auparavant.

Et malgré ce développement qui saute à l’œil nu, il se trouve face à un peuple ingrat qui ne cesse de le tancer.

Il ne peut même plus voyager tranquillement hors du pays. Alors qu’il s’attendait à ce que son peuple le hisse au rang de sauveur voire de démiurge, et élève partout des statues en son immense gloire, voilà que des gens le toisent.

Soyons sérieux, n’importe qui à sa place péterait les plombs. Il s’en est même pris au porte-parole de son gouvernement qui n’a rien fait pour vendre ses réalisations.

Rien que l’idée de devoir quitter le pouvoir dans quelques mois et voir un si glorieux bilan noirci par des aigris, ça vous donne de ces accès de colères incontrôlables. Il faut que tout le monde se le tienne pour dit.

C’est lui le Chef et il ne laissera personne lui marcher sur les pieds. Et surtout, il faudra pour le restant de son mandat éviter de lui parler de son pire cauchemar.

Celui dont les caudataires disent qu’il perturbe ses nuits. Il ne s’en remettra jamais de devoir quitter dans quelques mois le pouvoir et voir une partie de son peuple le haïr à ce point.

Il faut aider le Chef à surmonter cette ingratitude de son peuple. Pour le consoler, on lui dira que cette ingratitude ne date pas d’aujourd’hui.

En effet, comme aimait le dire le lutteur et poète Mame Gorgui Ndiaye, alors surnommé « l’enfant chéri du Cap-Vert », « Ndakaaru bu ñu la xotil tubey… » eh bien « ngemb la ngi lay xaar » !

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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