Le président français Emmanuel Macron et la vice-présidente des Etats-Unis Kamala Harris donneront le coup d’envoi jeudi du Forum de Paris sur la Paix, consacré cette année à la réduction des fractures mondiales, avec un gros volet numérique.
Une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus en présentiel à ce quatrième rendez-vous annuel, voulu à l’origine par Emmanuel Macron, qui se tiendra jusqu’à samedi et coïncidera avec une conférence internationale sur la Libye vendredi.
Plusieurs chefs d’Etat d’Afrique subsaharienne (Côte d’Ivoire, Nigeria, Sénégal, Liberia, Botswana…) seront notamment présents, de même que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ou les Premiers ministres de Serbie et du Kosovo.
Ce Forum, créé en 2018, vise à instaurer un rendez-vous régulier des décideurs mondiaux à Paris à l’image de ce qui se fait à Davos en matière économique ou à Munich sur les enjeux de sécurité, deux événements très courus à chaque début d’année.
« L’objectif est de fournir une plateforme où se rencontrent les Etats mais aussi les autres acteurs sur des tas de sujets comme le climat, la santé, l’économie sociale et solidaire, les questions numériques », explique le directeur général du Forum, Justin Vaïsse.
Dirigeants d’organisations internationales (OMS, FMI, Banque africaine de Développement, Programme alimentaire mondial..), d’entreprises (Microsoft, Google, Youtube..), d’ONG et de fondations (Melinda Gates, Georges Soros…) participeront aussi à différents panels programmés sur trois jours.
« Réengagement américain »
« Le multilatéralisme est à la peine, on a besoin de toutes les forces qui permettent de donner un peu de coordination internationale, de cohérence et d’avancer sur les sujets qui nous menacent tous », relève Justin Vaïsse.
De ce point de vue, « la présence de Kamala Harris signale le réengagement des Etats-Unis dans les questions multilatérales après quatre ans de boycott du Forum de Paris sur la Paix par le président Trump », se félicite-t-il.
La pandémie de Covid-19 a « considérablement élargi le fossé Nord-Sud », les rapports Est-Ouest redeviennent aussi très compliqués, d’où le thème central du forum sur les fractures mondiales.
Emmanuel Macron et Kamala Harris ouvriront officiellement le Forum jeudi à 17H00 (16H00 GMT), à la Grande Halle de la Villette, aux côtés du président nigérian Muhammadu Buhari et de la Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina.
Ils assisteront ensuite à un panel sur la régulation internationale du numérique, destiné à faire le point sur une série d’initiatives (Appel de Paris, de Christchurch..) liées à la cybersécurité, la lutte contre les contenus terroristes et extrémistes violents en ligne ou la désinformation sur les réseaux sociaux.
Le Partenariat mondial pour l’intelligence artificielle (PMIA) remettra à cette occasion un rapport « sur l’usage responsable et éthique » de ces technologies, en présence du président de Microsoft Brad Smith.
« Un effort de réflexion »
Ce partenariat, qui réunit « exclusivement des démocraties », compte 19 membres (Canada, Japon, Etats-Unis, Union européenne..) et entend s’élargir à l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine, selon l’Elysée.
Dans la foulée, Emmanuel Macron présidera un huis-clos sur la protection des mineurs en ligne, qui se conclura par un appel à agir (« Call to Action ») avec deux rendez-vous programmés en 2022.
La lutte contre la désinformation et la régulation des débris dans l’espace, qui encombrent l’orbite basse, seront aussi au coeur d’initiatives de gouvernance.
Le secrétaire général de Reporters Sans Frontières, Christophe Deloire, présentera samedi l’Observatoire international sur l’information et la démocratie, « équivalent pour le dérèglement démocratique de ce qu’est le GIEC pour le dérèglement climatique ».
Pour Bertrand Badie, professeur de relations internationales à Sciences Po Paris, « la complexité croissante et l’urgence » des enjeux internationaux conduit à cette « multiplication des forums », comme celui de Paris ou celui de Normandie sur la Paix qui s’est tenu au début de l’automne.
« Ca demande tout un effort de réflexion, d’imagination, de réinvention des concepts et de confrontation des visions », dit-il à l’AFP.
Laisser un commentaire