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Joséphine Baker, icône de la liberté, entre au Panthéon

Joséphine Baker, icône de la liberté, entre au Panthéon

« Me revoilà Paris »: Joséphine Baker est entrée mardi au Panthéon, première femme noire à rejoindre les grandes figures françaises, un hommage à sa vie « incroyable » d’artiste de music-hall, résistante et militante antiraciste.

Son cénotaphe -un cercueil ne contenant pas la dépouille, restée dans le caveau familial-, porté par des militaires de l’armée de l’air dont elle était sous-lieutenant, est entré sous la coupole du Panthéon vers 18h30.

« Ma France, c’est Joséphine », a lancé Emmanuel Macron en saluant une femme engagée qui a voulu « prouver aux yeux du monde que les couleurs de peau, les origines, les religions pouvaient non seulement cohabiter mais vivre en harmonie ».

« Sa cause était l’universalisme, l’unité du genre humain. L’égalité de tous avant l’identité de chacun. L’hospitalité pour toutes les différences réunies par une même volonté, une même dignité. L’émancipation contre l’assignation », a approuvé le président.

La célébration, prévue de longue date, lui donnait l’occasion d’un message plus politique contre les discours identitaires que prônent certains de ses rivaux pour 2022, en premier lieu le polémiste Eric Zemmour qui s’est déclaré candidat mardi.

Mais le chef de l’Etat n’a pas oublié de saluer la première chanteuse et danseuse à entrer dans ce monument solennel. « Vous entrez dans ce Panthéon où s’engouffre avec vous un vent de fantaisie et d’audace. Pour la première fois ici une certaine idée de la liberté et de la fête », a dit Emmanuel Macron. « Vous entrez dans ce Panthéon parce que, née américaine, il n’y a pas plus française que vous ».

Le cercueil a d’abord remonté la rue Soufflot sur un immense tapis rouge, devant 8.000 spectateurs selon l’Élysée. Après la diffusion de sa plus célèbre chanson: « J’ai deux amours, mon pays et Paris », un montage vidéo illustrant la vie de la chanteuse, des scènes parisiennes à son discours pour les droits civiques des Noirs aux côtés de Martin Luther King, a été projeté sur la façade du Panthéon.

Le cénotaphe est ensuite entré sous la nef, quarante-six ans après la mort de l’artiste en 1975, au son d’une œuvre de Pascal Dusapin. Environ un millier d’invités étaient venus lui rendre hommage, ainsi que neuf de ses

douze enfants, émus et heureux de cette reconnaissance.

Le cénotaphe, couvert du drapeau français, restera toute la nuit dans la nef. Mercredi, au cours d’une cérémonie familiale, il sera installé dans le caveau 13 de la crypte, où se trouve déjà l’écrivain Maurice Genevoix, entré au Panthéon l’an dernier.

Joséphine Baker ne sera que la sixième femme – sur 80 personnages illustres – à entrer au Panthéon après Simone Veil en 2018. Et la première artiste de spectacle.

Un signal
L’intérêt est marqué également à l’international avec de nombreux journalistes de médias étrangers accrédités pour la cérémonie. A New York, l’Empire State Building s’est allumé aux couleurs bleu blanc et rouge lundi soir pour honorer la diva née aux États-Unis, où elle a combattu pour les droits civiques des Noirs.

« On vit un moment exceptionnel parce que c’était une femme exceptionnelle », a réagi au Panthéon Akio Bouillon Baker, l’un des fils de Joséphine : « Maman aurait été très heureuse. Le plaisir était de voir ce public dehors, qui était son public. Maman représente tous les oubliés de l’histoire. L’entrée de maman, c’est celle de tous ceux qui œuvrent pour un monde meilleur. »

Dans l’opposition, Marine Le Pen s’est dite « très heureuse de l’entrée de Joséphine Baker au Panthéon ». « Elle disait +La France ce n’est pas mon pays d’adoption c’est mon pays tout court+. Elle a brillé dans sa défense de la France », a ajouté sur Sud Radio la candidate du RN.

Née le 3 juin 1906 dans une famille pauvre de Saint-Louis (Missouri) d’une Amérindienne noire et d’un père d’origine espagnole, Joséphine Baker a rejoint Paris à 19 ans où elle devient la vedette de « La Revue Nègre » au théâtre des Champs-Élysées.

« C’est la France qui m’a fait ce que je suis, je lui garderai une reconnaissance éternelle », affirmera celle qui a obtenu la nationalité française le 30 novembre 1937. Pour sa participation à la Résistance, elle a reçu les honneurs militaires à sa mort.

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