Gabriel Attal a annoncé dimanche soir l’interdiction du port de l’abaya à l’école. Cette décision est vivement critiquée, notamment chez LFI, où beaucoup dénoncent une décision «islamophobe». La Nupes se divise sur l’interdiction.
Le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a déploré lundi 28 août que la rentrée scolaire soit «politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion», après la décision d’interdire l’abaya dans les établissements scolaires par le ministre de l’Éducation Gabriel Attal.
«Tristesse de voir la rentrée scolaire politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d’un habit féminin», a-t-il écrit sur X. «À quand la paix civile et la vraie laïcité qui unit au lieu d’exaspérer ?», a encore demandé Mélenchon.
À peine sortis de la polémique Médine, et alors que les relations ont été tendues dans l’été sur la question d’une liste commune aux Européennes, les partenaires de l’union de gauche expriment une fois encore leurs désaccords, cette fois sur la laïcité.
«Jusqu’où ira la police du vêtement ?»
Donnant le ton de l’exaspération des Insoumis à l’annonce dimanche soir de cette interdiction, la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot avait raillé sur X «l’obsession» du ministre de l’Éducation Gabriel Attal: «Les musulmans. Plus précisément, les musulmanes». «Jusqu’où ira la police du vêtement ?», s’est indignée aussi la députée LFI Clémentine Autain, jugeant cette décision «anticonstitutionnelle, contraire aux principes fondateurs de la laïcité» et «symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans».
En juin dernier, il avait affirmé que l’abaya n’avait «rien à avoir avec la religion», et que le problème de l’école n’était pas ce vêtement, mais «le manque de professeurs, l’insuffisance de l’accueil». Il allait ainsi dans le sens du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui avait affirmé dans un communiqué le même mois que cette longue robe traditionnelle couvrant le corps n’était «pas» un signe religieux musulman. L’annonce d’Attal est critiquée notamment chez LFI, où beaucoup dénoncent une décision «islamophobe».
La Nupes se divise sur l’interdiction
L’interdiction du port de l’abaya à l’école divise sans surprise la Nupes également, des élus du PS et du PCF l’approuvant notamment au nom du principe de laïcité et EELV une «stigmatisation».
Chez les écologistes, la décision de Gabriel Attal est vue comme «une polémique rance pour détourner l’attention de la politique de démantèlement de l’école publique de Macron», souligne Cyrielle Chatelain, cheffe du groupe à l’Assemblée, estimant que «la priorité» n’est pas «d’être dans une logique d’exclusion et de stigmatisation».
La députée Sandrine Rousseau, connue pour ses positions féministes, compare cette annonce à un nouveau «contrôle social sur le corps des femmes et des jeunes filles», à l’instar de «l’interdiction du crop top» annoncée en septembre 2022.
«Boussole»
Au sein du Parti socialiste, la décision est accueillie plus favorablement : le député Jérôme Guedj, activement pro-Nupes, rappelle, au nom du principe de laïcité, que «notre boussole, c’est l’interdiction des signes ostensibles à l’école. Dès l’instant où l’abaya ou le qamis (vêtement long masculin, ndlr) sont portés dans une dimension ostentatoire, alors il faut les interdire comme la loi de 2004 le permet, sans difficultés majeures».
Pour lui, «ce n’est donc pas une police du vêtement mais une police du prosélytisme a l’école». Ce qui ne l’empêche pas de décocher une flèche à Gabriel Attal, invité à «mettre la même énergie pour assurer l’essentiel : garantir un prof devant chaque classe».
Réputé pour ses positions parfois à contre-courant au sein de la Nupes, le patron du PCF Fabien Roussel a clairement salué l’interdiction. «Parce que les chefs d’établissement avaient besoin de consignes claires même si ça concerne 150 établissements sur les 60.000 que nous avons dans notre pays», a-t-il expliqué sur Sud Radio.
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