Brésil

Jair Bolsonaro, l’ex-capitaine droit dans ses bottes

Le président brésilien Jair Bolsonaro, qui lance mardi sa campagne de réélection en vue du scrutin d’octobre, reste droit dans ses bottes après bientôt quatre années au pouvoir qui n’ont pas altéré son goût pour la provocation.

Cet ancien capitaine de l’armée nostalgique de la dictature militaire (1964-1985), aujourd’hui âgé de 67 ans, a multiplié les bravades contre les institutions, notamment la Cour suprême.

Méprisant les médias traditionnels, le président d’extrême droite a boudé les canaux de communication habituels, préférant parler directement à ses millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, dont il est un utilisateur avide.

La semaine dernière, il a accordé un entretien de plus de cinq heures pour le podcast d’un influenceur.

Cet admirateur de l’ex-président américain Donald Trump a été régulièrement accusé de disséminer lui aussi de fausses informations, notamment sur le Covid-19 ou sur le système d’urnes électroniques, qu’il juge « frauduleux » sans en apporter de preuve.

Son style provocateur et musclé plaît à son noyau dur de partisans, mais ses nombreux dérapages ont inspiré au fil des mois un fort rejet de la part de l’électorat plus modéré.

Devancé dans les sondages par l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, il mise sur un vaste programme d’aides sociales pour renverser la vapeur.

Le manque d’empathie dénoncé par de nombreux commentateurs chez Jair Bolsonaro durant la dramatique crise du Covid, qui a fait plus de 680.000 morts au Brésil, a choqué une grande partie de la population.

Ce « corona-sceptique » a refusé de se faire vacciner et a poussé la provocation jusqu’à plaisanter sur les possibles effets secondaires des vaccins, susceptibles de transformer les gens en « crocodile » ou en « femme à barbe ».

Jair Bolsonaro s’est dit « coupable de rien », quelques heures après qu’une commission d’enquête parlementaire réclame son inculpation pour « crime contre l’humanité ».

Défiance et outrances
C’est avec la même défiance qu’il a fait face aux quelque 140 demandes de destitution déposées au Parlement et à l’ouverture de plusieurs enquêtes contre lui à la demande de la Cour suprême, notamment pour désinformation.

Elu pour « rétablir l’ordre », Jair Bolsonaro a gouverné en multipliant les crises, à la tête d’un gouvernement que limogeages et démissions de ministres ont fait tanguer.

Haranguant la foule en septembre lors de manifestations en son soutien, ce catholique avait lancé que « seul Dieu » pourrait le chasser du pouvoir.

Rare occasion où il a mis de l’eau dans son vin, Bolsonaro s’est allié au « Centrao » — nébuleuse de partis qui monnaient leur soutien contre des avantages — afin de consolider sa base parlementaire et éloigner le risque d’une destitution.

Fervent patriote et défenseur de la souveraineté de son pays, il a vertement critiqué plusieurs chefs d’Etat ou de gouvernement étrangers, quitte à isoler le Brésil sur la scène internationale.

La plus violente polémique l’opposa au président français Emmanuel Macron en 2019, alors qu’était en feu l’Amazonie, où la déforestation a battu des records sous son mandat.

Puissants lobbys
En 2018, Jair Bolsonaro avait séduit 55% des Brésiliens, malgré ses dérapages racistes, misogynes, homophobes ou anti-indigènes. Il avait promis de mater corruption, violence et crise économique et d’en finir avec la gauche « pourrie ».

Piètre orateur, cet homme à la syntaxe approximative et au regard bleu avait réussi à faire mouche avec des phrases simples.

Surtout, il s’était assuré le soutien des puissants lobbys de l’agronégoce et des évangéliques, confession de son épouse Michelle, âgée de 40 ans seulement.

Ce fervent défenseur de la famille a néanmoins été épinglé par certains pour avoir eu cinq enfants de trois femmes différentes.

Jair Bolsonaro est très proche de ses trois fils aînés, tous des élus, et qui collectionnent eux aussi les polémiques.

Né en 1955 à Campinas, près de Sao Paulo, dans une famille d’origine italienne, Jair Bolsonaro a eu une carrière militaire émaillée d’épisodes d’insubordination.

Élu député pour la première fois en 1991, il n’a fait approuver que deux projets de loi en 27 ans de mandat.

Ayant frôlé la mort en 2018 après un attentat au couteau en pleine campagne électorale, Bolsonaro souffre de problèmes intestinaux qui l’ont plusieurs fois conduit à l’hôpital, et en souffrira probablement pour le restant de ses jours.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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