Dakar-Echo

J’ai honte et j’ai mal à mon Sénégal – Prof Samba TRAORÉ

J’ai honte et j’ai mal à mon Sénégal – Prof Samba TRAORÉ

Le désolant spectacle que j’ai vu dans notre Assemblée hier, n’honore pas la République et le peuple sénégalais.

Comment par le désir démesuré d’un homme de figurer parmi les candidats à la présidentielle, cet homme absent dont on ne perçoit que l’ombre à travers un hologramme, comment cet homme de par sa propre turpitude et qui a voulu ruser avec le peuple en attendant le dernier moment pour renoncer à une nationalité, comment cet homme a t- il pu manipuler des sénégalais qui, pour des raisons que l’on devine aisément, ont pris fait et cause pour lui jusqu’à se transformer en meute de lycaons prêts à déchiqueter et à manger cru tous ceux qui oseraient se mettre en travers de leur chemin?

Le PDS et tous ceux qui l’aident ou le supportent dans cette action absurde, dans l’ombre et ouvertement sont disqualifiés pour représenter la République. J’ai honte et je suis, comme beaucoup de sénégalais et d’africains, meurtri dans ma chair.

Je me sens, en tant que sénégalais, déshonoré par cette pratique et ce spectacle sous nos yeux. Une commission d’enquête parlementaire, quoi de plus normal dans une République? Mais de là à la détourner de son sens et de ses objectifs, il y a de quoi revoir la République dans le fonctionnement de ses institutions. Les luttes pour le pouvoir dans la République ne datent pas d’aujourd’hui.

Rome l’a pratiqué et presque inventé et cela a fonctionné pendant au moins 5 siècles. Si des députés se permettent d’agresser physiquement et verbalement d’autres, au sein de l’hémicycle, et que les autorités de l’institution ne régissent pas fermement hic et nunc, il y a problème. Si on fait une interprétation erronée de la loi pour satisfaire un individu, un seul individu, il y a de quoi se poser des questions.

Si les gens vont jusqu’à exiger le report des élections parce qu’il a crise institutionnelle, ils se trompent et trompent le peuple. Il n’y a pas de crise institutionnelle au Sénégal car les institutions fonctionnent normalement et correctement.

L’exécutif n’est pas bloqué, le législatif n’est pas bloqué, le judiciaire n’est pas bloqué. On ne peut recourir à l’article 52 que les institutions de la République sont totalement paralysées. C’est un principe tiré du fameux article 16 de la constitution de 1958, et que DE GAULLE n’a utilisé qu’une seule fois en 1962 face à un coup d’état des généraux dans la crise algérienne. Pouvoirs exceptionnels, état de siège qui fait appel à l’Armée.

Sommes nous dans cette situation jusqu’à faire appel au Président de la République pour la mise en œuvre de cette disposition? Que non! Le Président ne le peut pas. Demander cela, c’est mettre en péril la République. Ces pouvoirs exceptionnels ont une origine, une histoire.

DE GAULLE n’a pas inventé l’article 16. Il n’a fait que mettre en œuvre un principe qui existait dans la république Romaine et utilisé à chaque fois que les institutions sont paralysées. Que le assemblées, le comices centuriates notamment, refusent de voter les lois proposées par les magistrats, notamment les consuls que les magistrats refusent de proposer des lois aux comices ou refusent de les convoquer ( les magistrats c’était l’exécutif), que les tribuns de la plèbe paralysent toutes les lois votées par la prohibition ou par l’intercessio tribunicienne, on se trouve devant une paralysie totale.

Et l’organe de contrôle et de régulation qu’est le Sénat nomme un Dictateur à qui il donne 6 mois pour régler la crise. Au bout de 6 mois dans lesquels il concentre tous les pouvoirs entre ses mains : législatif, exécutif, judiciaire et militaire ( généralement le Dictateur est choisi parmi les consuls, chefs de l’armée), il doit abdiquer et remettre le pouvoir au fonctionnement normal des institutions.

Voilà l’origine des pouvoirs exceptionnels, hérités eux mêmes de la Royauté car l’exécutif a remplacé les pouvoirs du roi.

Le conseil constitutionnel n’a fait que sont travail. Deux seuls de ses membres ne peuvent décider. C’est un organe collégial qui décide à l’unanimité ou à la majorité. C’est une décision du conseil qui a écarté Karim Wade, et non deux magistrats, même corrompus comme ils le prétendent.

Cessons de jouer avec l’avenir du Sénégal et éviter qu’un « candidat Arlésienne » ne gâche notre République. On ne peut pas, au moment du processus où on se trouve, s’amuser à proposer un report, d’autant plus que, fast Track ou pas, les procédures qui se sont entamées n’aboutiront qu’après que les élections seraient passées depuis longtemps.

Le meilleur doit gagner et souhaitons que ce soit le mieux pour le Sénégal. Arrêtons ces honteuses manœuvres qui ne sont pas dignes du Sénégal.

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