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Inondations dans le Sud-Kivu, plus de 200 morts

L’eau boueuse a tout balayé, semant la mort et la désolation à Nyamukubi, un des villages dévastés jeudi par les inondations qui ont fait au moins 200 morts dans le Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo.

« On dirait la fin du monde. Je cherche mes parents et mes enfants », se désole Gentille Ndagijimana, les larmes aux yeux.

À 27 ans, Gentille et sa famille sont originaires de Masisi, dans la province voisine du Nord-Kivu. Ils ont fui les combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 en janvier dernier et ont trouvé refuge ici.

Elle a perdu ses deux enfants, ses deux soeurs et ses parents. Son mari, blessé, est à l’hôpital. « Je n’ai plus de famille et je n’ai pas de champ. Maintenant je dois chercher où dormir… », continue tristement la jeune femme.

Au pied des collines verdoyantes du territoire de Kalehe, sur la rive ouest du lac Kivu frontalier du Rwanda, un paysage désertique de boue et de pierres a pris possession de tout un quartier. Il y avait là des maisons d’habitation, un marché, deux écoles, un centre de santé, une salle polyvalente, un entrepôt. Il n’en reste rien.

Jeudi soir, sous l’effet d’une forte pluie, les rivières Nyamukubi et Chishova ont débordé et tout emporté sur leur passage.

« Je suis motard. J’étais rentré du travail, j’ai déposé ma moto à la maison et je suis sorti voir des amis. A mon retour, ma maison, ma moto et les membres de ma famille avaient disparu », témoigne lui aussi auprès de l’AFP Roger Bahavu, père de sept enfants.

Tous sont morts, leur mère aussi, et leur grand-mère. « Sur onze personnes dans la famille, nous ne restons qu’à deux », lâche tristement le père de famille, qui espère retrouver les corps des siens.

« Il y a beaucoup de corps, nous sommes débordés », s’alarme Isaac Habamungu, un agent de la Croix-Rouge locale.

L’administrateur du territoire de Kalehe chiffrait samedi à 203 le nombre de corps retrouvés. Rien qu’à Nyamukubi, « sous-village » de la localité de Bushushu, 120 dépouilles avaient déjà été enterrées.

Appel à l’aide
« Nous pensons que beaucoup de corps ont échoué dans le lac… On se demande comment on va s’en sortir », ajoute Isaac. « Nous n’avons pas de sacs mortuaires, il n’y a pas de financement pour ce que nous faisons », dit-il.

Les équipes, poursuit-il, creusent à la recherche des cadavres « avec les mains et quelques pelles ». Elles enroulent les corps dans des couvertures ou des draps, avant de les inhumer dans des fosses communes.

Sur la rive du lac flottent des morceaux de bois, des tôles, des meubles et d’autres matériaux charriés par les rivières en furie. Sur des maisons englouties, des jeunes essaient de récupérer ce qui peut encore l’être : des tôles, des structures métalliques, des planches…

La Croix-Rouge et l’administration poursuivent l’enregistrement des familles qui ont perdu les leurs, ainsi que des sinistrés.

Le chef du village, Marcel Mubona, s’attend à plus de morts que ceux déjà comptabilisés. Cela va « empirer », dit-il, alors qu’il vient d’apprendre la mort d’un jeune qui avait été hospitalisé.

Terminus de tous les malades et blessés, le seul établissement de santé opérationnel dans la zone est une institution privée, l' »hôpital pour la promotion de la santé mère et enfant » qui, débordé lui aussi, doit faire face au manque de médicaments, de personnel soignant et de lits.

« On attend la réaction du gouvernement, pour nous aider à acheminer » les cas les plus graves vers de plus grands hôpitaux, et pour « nous fournir des médicaments afin de nous occuper des autres », demande le Dr Bauma Ngola, médecin directeur de l’hôpital.

Assise sur son lit, désespérée, le visage tuméfié, souffrant de graves blessures au pied, une jeune femme pense qu’elle est « en train de mourir ».

« Mes blessures et mon corps sont en train de gonfler, ils disent que ma jambe doit être coupée », déclare-t-elle. A côté d’elle, son fils de 10 ans, dont les blessures lui font de plus en plus mal, attend lui aussi qu’on s’occupe de lui.

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