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Hong Kong en proie au chaos à quelques jours de dépister toute sa population

L’obsession du « zéro Covid » fait courir un immense désordre à Hongkong, qui s’apprête ce mois de mars à dépister l’intégralité de sa population.

Morgues sens dessus dessous, pénurie de soignants, proches séparés et parqués dans des camps… L’obsession d’éradiquer totalement le Covid-19 fait tourner la tête à Hong Kong, au point d’y semer le chaos.

La place financière asiatique, qui fait face à sa plus forte vague avec des dizaines de milliers de cas chaque jour, s’apprête à dépister l’intégralité de ses 7,4 millions d’habitants ce mois de mars et à isoler chaque personne infectée, notamment dans des camps préfabriqués en construction avec l’aide de la Chine. Mais la ville se trouve aujourd’hui sous le feu des critiques.

De nombreux Hongkongais reprochent au gouvernement son incapacité à anticiper la crise actuelle malgré les deux ans de répit dont il a bénéficié grâce à sa stratégie « zéro Covid », douloureuse pour l’économie mais couronnée de succès sur le plan sanitaire.

D’autres pays ayant suivi la stratégie « zéro Covid », à l’instar de l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Singapour, ont désormais décidé de vivre avec le virus. Mais la Chine reste déterminée à éradiquer tous les cas et a ordonné à Hong Kong de faire de même.

Ce mercredi, les États-Unis ont formellement déconseillé tout voyage sur place, évoquant des cas de jeunes enfants arrachés à leurs parents pour être mis à l’isolement après avoir été testés positifs au Covid-19. Emily, une mère de 40 ans, affirme avoir vécu un épisode « traumatisant » quand sa famille a été contaminée. « Je ne pensais jamais faire du mal à mes êtres les plus chers alors que j’essayais simplement de coopérer avec le gouvernement », dit-elle.

Hong Kong peu préoccupé par les taux (bas) de vaccination
Plus de 220 000 contaminations ont été enregistrées à Hong Kong au cours des deux derniers mois, contre seulement 12 000 depuis le début de la pandémie hormis cette période. La date de l’opération du dépistage massif reste à déterminer, tout comme le sort des personnes testées positives.

Dans les prochaines semaines, près de 70 000 places d’isolement doivent être créées pour les cas avec peu ou pas de symptômes, dans des hôtels réquisitionnés, des logements sociaux ou des camps construits avec l’aide de Pékin.

Mais ce chiffre couvre à peine deux jours de nouvelles contaminations, selon les statistiques actuelles. Peu de détails ont été dévoilés sur ce que les autorités comptent faire des dizaines, voire des centaines de milliers de cas positifs après le dépistage de l’ensemble de la population.

« Si nous n’avons pas de plan sur la manière de mettre en quarantaine les cas confirmés, alors les tests de masse ne seront d’aucune utilité », a déclaré cette semaine à la presse Ivan Hung, un des conseillers en matière de pandémie, selon lequel les autorités devraient plutôt consacrer leur énergie à faire remonter le taux de vaccination, pour l’instant dangereusement bas, chez les personnes âgées.

De quarantaine à enfermement contraint
Dans les camps de quarantaine, les pensionnaires décrivent des conditions sinistres, spartiates et chaotiques. La semaine dernière, plusieurs personnes internées dans le gigantesque camp de Penny’s Bay, voisin du Disneyland d’Hong Kong, ont accusé les autorités de les avoir laissées enfermées plusieurs jours après l’expiration de leur durée d’isolement obligatoire.

Samuel Ho, un informaticien qui souhaite utiliser un pseudonyme, affirme qu’il n’a reçu aucune instruction pendant ses deux premiers jours, et que son seul contact avec le monde extérieur était les repas froids placés à l’extérieur de sa cabine de Penny’s Bay.

Ses appels à la ligne d’assistance téléphonique du gouvernement sont souvent restés sans réponse. « C’était très chaotique, très effrayant et cela pouvait facilement nous faire perdre la tête, raconte-t-il. Toutes les dispositions prises par le gouvernement ont fait d’Hong Kong un endroit invivable. »

Cyan, 25 ans, a été internée dans un autre camp le mois dernier avec sa grand-mère et sa jeune sœur. « Tout cela me semble déraisonnable et dénué de sens », dit-elle, ajoutant qu’elles auraient pu s’isoler chez elles. « Je gaspille les ressources publiques auxquelles d’autres, qui sont plus dans le besoin, n’ont pas accès ».

L’hypothèse d’un confinement, initialement écartée par la cheffe de l’exécutif Carrie Lam, a été évoquée ces derniers jours, ce qui a provoqué une vague de panique dans la ville, qui a vu ses supermarchés dévalisés.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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