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Gustavo Petro, premier président de gauche, prête serment

Gustavo Petro, premier président de gauche, prête serment

La Colombie entame une nouvelle ère politique dimanche avec l’investiture de Gustavo Petro, le premier président de gauche de son histoire, qui promet des transformations radicales dans un pays aux fortes inégalités et en proie à la spirale sans fin des violences liées au trafic de drogue.

L’ancien sénateur de 62 ans, qui a quitté la rébellion armée il y a trois décennies, prêtera serment vers 15H00 locales (20h00 GMT) devant une importante délégation d’invités internationaux.

« Le premier gouvernement qui, nous l’espérons, sera un gouvernement de paix, est sur le point de commencer. Nous espérons qu’il pourra apporter à la Colombie ce qu’elle n’a pas eu depuis des siècles, à savoir la tranquillité et la paix », a déclaré M. Petro samedi à Bogota lors d’une cérémonie d’intronisation auprès des peuples indigènes, afro-colombiens et paysans.

« Ici commence un gouvernement qui luttera pour la justice environnementale », a-t-il aussi lancé, désireux de faire de la paix, des réductions des inégalités et de l’écologie les combats premiers de son gouvernement.

L’ancien chef de l’opposition depuis deux décennies prend ses fonctions avec une batterie de réformes en tête qui suscitent de fortes attentes chez ses partisans depuis sa victoire le 19 juin.

A ses côtés, l’écologiste Francia Marquez, 40 ans, prêtera serment en tant que première vice-présidente afro-colombienne d’une nation qui a historiquement été gouvernée par des élites masculines blanches.

M. Petro part d’une « position enviable, avec une large majorité au Parlement et bénéficie, au niveau de la rue, d’un soutien qu’aucun gouvernement n’a eu ces dernières années », a déclaré à l’AFP l’analyste Jorge Restrepo du Centre de ressources pour l’analyse des conflits (Cerac).

Financer les réformes
Gustavo Petro a formé un gouvernement pluriel, avec des femmes à la tête de plusieurs portefeuilles, avec pour mission de faire avancer les réformes qui commenceront leur parcours législatif dès lundi.

A la recherche de ressources pour financer les plans de réforme sociale, des projets de loi entendent augmenter les impôts des plus riches, améliorer leur collecte ou taxer les boissons sucrées.

Mais « le niveau d’endettement et de déficit fiscal que nous avons trouvé sont critiques », a déclaré Daniel Rojas, l’un des coordinateurs de la commission de transition avec le gouvernement de son prédécesseur Ivan Duque (2018-2022).

M. Petro entend malgré tout remplir sa promesse de réduire le fossé entre les plus riches et les plus pauvres en développant l’accès au crédit, en multipliant les aides et en mettant l’accent sur l’éducation.

« Je me battrai pour la justice sociale dans l’une des sociétés les plus aberrantes d’inégalité sur Terre », a-t-il dit samedi.

Si l’économie colombienne a récupéré de la pandémie et retrouvé la croissance, les 10,2% d’inflation en glissement annuel en juillet, le chômage (11,7%) et les 39% de pauvreté rendent les défis du président Petro encore plus grands.

« Les gens s’attendent à ce que certains des changements promis pendant la campagne soient mis en œuvre rapidement, ce qui, ajouté à la situation économique (…) génère une atmosphère de tension », prévient Patricia Muñoz, politologue à l’Université Javeriana.

Paix armée
Sur le plan international, M. Petro va réactiver les relations diplomatiques et commerciales rompues depuis 2019 avec le Venezuela voisin de Nicolas Maduro, et chercher du soutien pour reprendre les pourparlers de paix avec l’Armée de libération nationale (ELN), la dernière guérilla reconnue dans le pays.

Bien que l’accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en 2016 a permis de réduire la violence, la Colombie n’a pas encore éteint le dernier conflit armé interne du continent.

Outre l’ELN, de puissants gangs de trafiquants de drogue tels que le Clan del Golfo, dirigé par le baron « Otoniel » extradé cette année aux Etats-Unis, imposent leur loi dans plusieurs régions du pays.

Et les dissidents des FARC défient également l’Etat grâce aux ressources provenant de l’exploitation minière illégale et, surtout, du trafic de drogue, car la Colombie reste le plus grand producteur de cocaïne au monde.

Sur ce point, M. Petro propose de repenser l’échec de la politique d’éradication des cultures, en collaboration avec les Etats-Unis, principal consommateur de ce dérivé de la feuille de coca.

M. Petro proposera la paix à ces groupes armés en échange de programmes de réduction de peine, sur le modèle de l’accord avec les FARC.

Il entend aussi réformer la police anti-émeute, accusée de multiples violations des droits humains lors des violentes répressions des manifestations qui ont secoué le mandat de son prédécesseur.

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