Contribution

Faut- il instaurer un fonds spécial pour une prise en charge gratuite des maladies cardiovasculaires au Sénégal ?

Sans aucun doute, le Président de la république a toujours manifesté une volonté ferme d’améliorer la politique sociale et sanitaire en direction des populations les plus vulnérables.

En dix ans, beaucoup d’initiatives alignées sur d’importantes dotations budgétaires ont eu un impact positif sur les conditions de vie des plus défavorisés.

A mon avis, il lui reste à agir vite pour une prise en charge gratuite des maladies cardiovasculaires afin de parachever sa grande ambition sociale pour le Sénégal.

Beaucoup de personnes souffrent à cause des maladies cardiovasculaires telles l’hypertension artérielle qui détruisent les artères, le cœur, le cerveau et les reins. Sa prévalence varie selon l’âge.

D’autres, surtout les femmes âgées, veuves et sans revenus souffrent de cardiopathies ischémiques et de rhumatismes articulaires aigus. Il arrive que des enfants souffrent de malformation cardiaque congénitale ou de défaillance fonctionnelle suite à une mauvaise grossesse.

Certains qui ont moins de 65 ans vivent difficilement car atteints par un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un infarctus aigu du myocarde qui est une manifestation brutale d’une cardiopathie ischémique caractérisée par une nécrose du myocarde. En cas d’AVC, le malade et sa famille tombent en général dans une pauvreté chronique à cause de la cherté du traitement et des médicaments.

C’est le moment d’instaurer un Fonds Spécial Maladies Cardiovasculaires (FSMC) pour la prise en charge du traitement des malades cardiovasculaires. Ce fonds peut soulager les populations concernées et mettre en évidence l’importance accordée à la politique du capital humain. Un décret peut fixer le régime, la gestion, les bénéficiaires et les conditions de prise en charge.

Un Etat est tenu d’avoir des ressources humaines en bonne santé et bien formées pour relever les défis du développement. En ce qui concerne la constitution du FSMC, il est possible d’utiliser trois leviers qui sont : d’abord un prélèvement sur les recettes pétrolières, gazières et minières, ensuite une taxation sur la bière, l’alcool et le vin, enfin un prélèvement sur les amendes pénales, fiscales et douanières. Il suffit d’une volonté politique et une bonne organisation pour mettre en place ce dispositif de protection sociale destiné exclusivement à renforcer le capital humain pour l’émergence du Sénégal.

Le FSMC repose sur deux principes fondamentaux qui sont l’égalité d’accès aux soins de qualité et la lutte progressive contre les inégalités sociales. Ces principes directeurs nous obligent à reconsidérer les orientations de la protection sociale. L’Etat, pour être en phase avec la démocratie sociale doit impérativement chercher d’autres moyens d’intervention pour faire face aux nouveaux risques sociaux. Un Etat social est un Etat providence dynamique qui s’active dans la construction d’un véritable modèle social.

Le Professeur Amartya Kumar SEN, prix Nobel de l’économie a raison de penser que la finalité du développement économique n’est rien d’autre que de permettre à l’individu de jouir de tous ses droits fondamentaux (santé, habitat etc.) pour exercer librement sa citoyenneté.

Il est impératif d’avoir une nouvelle approche de la protection sociale pour lutter contre les inégalités et l’extrême pauvreté. Les transformations économiques et sociétales replacent l’humain dans un autre repère qu’il faut redéfinir et l’adapter en fonction des évolutions.

Par conséquent, il est urgent de refondre la protection sociale. Protéger les plus vulnérables tout en évitant que la protection sociale profite à ceux qui n’ont pas besoin ou détournée par voie électorale ou corruptive. Orienter les fruits de la croissance économique vers le financement d’un modèle macro social étendu et dynamique centré sur la santé et la famille ; l’homme est au début et à la fin du développement.

Le brillant intellectuel, doté d’un esprit d’ouverture et de tolérance, le Président François Mitterrand, avait proposé en tant que candidat du Parti Socialiste à l’élection présidentielle de 1981 aux français une autre vision de la santé basée sur quatre principes fondamentaux : la prévention, la responsabilité, l’égalité et le progrès.

Sur l’égalité il disait : « Je refuse toute sélection pour l’argent… Je souhaite réaliser une véritable gratuité des soins pour tous… Je ferai échapper le secteur de la santé aux lois du profit…Il n’est pas en effet admissible de faire des profits sur la santé des français, ni de voir la recherche médicale exclusivement orientée en fonction des intérêts de groupes privés. » .

Le Président Macky SALL ne doit pas avoir moins que cette ambition pour rester encore dans la conscience collective. S’éloigner de cette belle idée, c’est perdre d’avance la fibre sympathique qui la lie étroitement à la population sénégalaise.

Alpha YOUM
Spécialiste de Gestion publique et Droit social

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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2 Commentaires

  1. Papa Ndiaga Mbaye says:

    Merci pour cet article!!! Les points sur lesquels il faudra corriger c’est la limitation d’âge et le cloisonnement dans le sexe. Vous semblez exclure, par mégarde certainement, le 3e âge notamment ceux âgés de plus de 65 ans, cette ségrégation est inopportune et sans objet en matière de santé publique.
    Je vous remercions pour le plaidoyer magistral sur les maladies cardiovasculaires.
    Il faut des équipements modernes qui vont au delà des échographies pour se pensent sur la lancinante question du coût des pacemakers.

  2. Papa Ndiaga Mbaye says:

    PLAINTES ET COMPLAINTES DES MALADES DU COEUR ET DES VAISSEAUX.

    Pour l’hypertension artérielle l’état n’a absolument rien fait pour ces malades.
    Les visites et les médicaments ne sont pas subventionnés et sont extrêmement chers.
    Les hôpitaux et cliniques ne se vantent que d’échographie, qui sont des appareils de prospection, certes utiles, mais ne soignent pas.
    Figurez vous qu’une visite assez poussée ne coûtent pas moins de 50 à 75.000 francs, une ordonnance d’hypertension va de 30 à 100.000 frais sans aucune subvention toujours. Le comble les appareils pacemakers, coûtent tenez-vous bien, entre 1.500.000 et 2.500.000 dans les hôpitaux publics et toujours sans subvention aucune.
    Arrêtez les discours, statistiques, la politique démagogique et soulagez ces malades désemparés et qui n’ont d’autres choix que de mourir dans la douleur et le dénuement absolus.
    J’en parle pour les malades démunis, moi alhamdoulilah je ne suis pas dans ce besoin absolu mais je lance ce cri du cœur pour les millions de malades sans voix qui souffrent dans la dignité.
    Les services cardiologiques des nouveaux hôpitaux, n’ont pas résolu ni tenu compte de la propension de négligence de cette catégorie de malades et, il est temps de faire un rattrapage dans la prise en charge de ces maladies à  » mort immédiate » au lieu de nous tympaniser avec la politique de procréation médicalement assistée, qui n’est pas une priorité pour mériter des investissements lourds et un tintamarre honteux alors que des milliers de nécessiteux souffrent et meurent dans  le total oubli de l’état du Sénégal.

    Nous voulons des actes et non des discours.

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