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Faiblesse restera à la loi

Un Etat intraitable face aux opposants et autres activistes qui contestent son pouvoir et terriblement faible devant certains groupes de pression qui défient ouvertement son autorité ! Ainsi apparaît le nôtre.

Prompt à faire jeter en prison, souvent sans autre forme de procès, les premiers par son bras armé, la justice, ce même Etat se couche et s’aplatit dès que certains groupes de pression, les syndicats de transporteurs par exemple, brandissent les muscles. Un Etat faible qui peine à faire respecter la plupart de ses décisions par ses administrés. Et qui, de reculs en reniements, en est devenu paralysé !

« Si l’Etat est fort, il nous écrase, s’il est faible, nous périssons », disait Machiavel. Le Sénégal semble s’être inscrit depuis quelques années dans le lot des États faibles. Et il devient de plus en plus couché à mesure qu’approche l’élection présidentielle de 2024.

Les exemples sont nombreux pour illustrer cette défaillance. Le dernier en date est constitué par sa reculade après avoir, à travers le Premier ministre, pris 22 mesures censées améliorer la sécurité routière au lendemain de l’accident qui a fait 42 morts sur la route de Kaffrine.

Parmi ces mesures, l’interdiction de la pose de porte-bagages sur les toits des bus de transport en commun de voyageurs assortie du démontage immédiat des porte-bagages existants. Hélas, le gouvernement est revenu sur cette décision dès que les professionnels s’y sont opposés. Et c’est le ministère des Transports terrestres qui a, dans un arrêté publié sur les réseaux sociaux, annulé cette mesure à savoir l’interdiction des porte-bagages sur les toits des bus.

D’autres mesures notamment l’interdiction faite aux bus et minibus de circuler la nuit (plus précisément de 23h à 05h) ou celle d’importer des pneus usagés seront bientôt mises aux oubliettes face à la détermination des tout-puissants transporteurs qui ont déclenché à partir de 0h ce mercredi une grève « illimitée » pour exiger du gouvernement l’annulation pure et simple de la plupart des 22 mesures arrêtées à Diamniadio.

Déjà, celle concernant les âges plancher et plafond des conducteurs de véhicules de transport public de voyageurs ainsi que la durée d’exploitation desdits véhicules ont été « réaménagés ». En attendant d’être tout simplement abrogées !

Quand l’Etat se montre incapable de faire respecter les prix denrées qu’il a homologués…
Cette chronique d’un combat tôt ou tard gagné par les puissants syndicats de professionnels du transport est la continuation de celui perdu par l’Etat devant les commerçants. En effet, malgré les exonérations de taxes et de droits de douane et autres douceurs qu’il a accordées aux importateurs et aux grossistes, dans les marchés, les boutiques, les magasins et autres kiosques, les prix restent au mieux les mêmes qu’avant la croisade présidentielle pour leur baisse.

Dans certaines parties du pays, ils ont même pris l’escalier dans un sens ascendant. Les commerçants et autres vendeurs ont catégoriquement refusé de respecter les prix homologués par le gouvernement du président Macky Sall. Lequel ne semble avoir que ses yeux pour observer. Voire pleurer. La baisse des loyers est à inscrire dans ce même registre du renoncement ou de la capitulation de l’Etat. Après avoir été adoptée en grande pompe en 2014, la loi sur la baisse des loyers a été vidée de son objet par des bailleurs qui ont su exploiter ses nombreuses failles congénitales.

L’Etat, qui est aplati devant eux, a été obligé au mois de novembre 2022 de décréter une nouvelle baisse du loyer qui devait entrer en vigueur le 1er janvier de cette année. Hélas, le gouvernement de Macky Sall ne parvient toujours pas à faire appliquer sa décision malgré le tollé qui l’a accompagnée. Les tarifs du loyer ont même augmenté, particulièrement à Dakar, du fait de la supériorité de l’offre sur la demande.

Le programme des 100.000 logements, annoncé à cor et à cris par l’Etat et censé réguler le marché de l’immobilier, peine à réaliser 5.000 logements seulement malgré les effets d’annonce ! Ce qui fait que les spéculateurs immobiliers ont encore de beaux jours devant eux…

Pape Alé Niang libéré suite à la pression de la presse… Dans l’Éducation, la Santé, etc., l’Etat se montre en faillite
Inébranlable à ses débuts au pouvoir, le président Macky Sall et son régime sont devenus au fil des années faibles devant certains acteurs comme la presse, la santé, l’éducation. Récemment, tout le monde a constaté que le gouvernement de Macky Sall a flanché devant la pression de la Coordination des associations de presse — et les organisations internationales de journalistes ! — qui ont réussi à faire libérer leur confrère Pape Alé Niang.

Les acteurs de la santé et de l’éducation n’ont cessé de faire reculer l’Etat à coups de plans d’actions malgré pourtant les augmentations de salaires répétées qui leur sont consenties. Hélas, ces acteurs boulimiques en veulent toujours plus et continuent à tenir l’Etat à la gorge. A chaque fois qu’ils exigent, l’Etat cède.

Ce que n’ont pas perdu de vue les syndicats de transporteurs ! Bien évidemment, ne parlons pas des marabouts qui, eux, dictent carrément leur volonté au président de la République qui s’exécute dans récriminations ni murmures. Ainsi est gouverné le Sénégal en ce début d’année 2023… A quand donc un pouvoir fort à la tête de ce pays ?

Nogaye SECK

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