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Face à Washington, les exportateurs chinois cherchent la parade.

Face à Washington, les exportateurs chinois cherchent la parade.

La guerre commerciale entre les États-Unis et le reste du monde n’a plus rien de multilatérale  : elle est désormais frontale et bilatérale. Certains s’en réjouissent. Pas les entreprises chinoises.

Face à une nouvelle hausse spectaculaire des droits de douane imposée par Donald Trump, nombre d’entre elles s’apprêtent à relever leurs prix sur Amazon ou à quitter purement et simplement le marché américain.

Donald Trump a annoncé mercredi son intention de porter les tarifs douaniers sur les importations chinoises à 125%, contre 104% actuellement. Un durcissement qui aggrave un bras de fer déjà tendu entre les deux premières économies mondiales.

La Chine représente près de la moitié des vendeurs actifs sur Amazon. Rien qu’à Shenzhen, plus de 100 000 entreprises y sont enregistrées, avec un chiffre d’affaires annuel estimé à 35,3 milliards de dollars, selon la société SmartScout.

Quitter, délocaliser ou encaisser
Face à cette flambée tarifaire, les exportateurs chinois hésitent entre plusieurs stratégies : certains envisagent de délocaliser leur production au Vietnam ou au Mexique pour préserver leurs marges. D’autres préfèrent rester sur le marché américain, quitte à sacrifier leurs profits dans l’espoir d’un retournement. Les plus prudents, eux, explorent de nouveaux débouchés, au Canada ou en Europe notamment.

« Ce n’est pas qu’une affaire de taxes : c’est toute la structure des coûts qui est remise en cause », explique Wang Xin, directrice de l’Association de commerce électronique transfrontalier de Shenzhen. Selon elle, survivre sur le marché américain devient de plus en plus difficile, d’autant que les droits de douane entraînent retards logistiques et surcoûts.

Reste que, pour les vendeurs chinois, aucun marché ne rivalise avec les États-Unis, ni en volume ni en valeur. Le report des ventes vers d’autres régions ne suffirait pas à compenser les pertes, et risque de déclencher une guerre des prix entre exportateurs chinois au détriment de leur rentabilité.

Les voisins asiatiques en embuscade
Lorsque les hausses de droits de douane frappaient tous les pays, les exportateurs chinois n’avaient guère d’options. Aujourd’hui, Pékin étant directement visé, une alternative émerge : produire ailleurs pour continuer à vendre aux États-Unis. La délocalisation régionale devient une solution crédible.

Ce changement de cap pourrait aussi expliquer la récente envolée en Bourse de certaines valeurs tech comme Apple (+15%) et Amazon (+12%). Le retour des chaînes de production aux États-Unis paraît irréaliste, mais un redéploiement vers l’Asie du Sud-Est semble une option crédible.

Les fournisseurs chinois à bas coûts, travaillant pour de grands groupes américains comme KFC (Yum brands) ou McDonald’s, sont en première ligne. Jusqu’à présent, ces derniers avaient demandé à leurs partenaires d’absorber le surcoût douanier. « Les principaux clients américains nous ont demandé de prendre une partie de la hausse à notre charge », confie M. Fuling, fournisseur pour ces géants de la restauration rapide.

Mais si la guerre commerciale s’enlise, ces groupes pourraient bien finir par tourner le dos aux fournisseurs chinois. Et si cela se produisait, la croissance chinoise en subirait les conséquences. Une hausse rapide du chômage en Chine serait inévitable.

Pour l’instant, les stocks américains amortissent le choc. Mais l’attente ne durera pas éternellement. Côté chinois, les industriels espèrent désormais que Pékin saura faire preuve de pragmatisme et laisser son ego de côté.

Eloi Suinot

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