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Essai Range Rover (2022). Toujours classe, encore plus fort

Dans un segment des grands SUV de luxe, où l’outrance n’est jamais loin, le nouveau Range Rover rassure. Son virage vers plus de modernité n’entame pas sa classe naturelle, qui le distingue des autres. Plus à l’aise sur la route, le Range adopte un V8 d’origine BMW.

Pour renouveler son iconique Range Rover, Land Rover n’a pas retourné la table à première vue. La silhouette de cette cinquième génération s’inscrit dans la lignée du modèle précédent (2012) avec son allure altière, son capot en forme de coquille et son toit plat. Cette recette immuable est modernisée par le traitement lisse de la carrosserie, accentué par le vitrage affleurant et les poignées encastrées. C’est du bel ouvrage, et la poupe n’est pas mal non plus avec les fines lames de LED verticales.

Le vrai changement pour le Range Rover se passe au niveau du châssis. Bâti sur la nouvelle plate-forme MLA-Flex formée à 80 % d’aluminium et 50 % plus rigide que l’ancienne, le Range 2022 gagne de nouveaux équipements pour améliorer son dynamisme comme les quatre roues directrices livrées en série. La gamme de moteurs est également entièrement revue. Le V8 qui a fait la réputation de l’anglais est désormais d’origine BMW avec le 4.4 Twinturbo de 530 ch. Et, côté diesel, un nouveau 3.0 diesel six cylindres en ligne avec technologie mild-hybride 48 V se glisse sous le capot en deux puissances (250 et 350 ch).

Disponible dès le lancement du véhicule en avril 2022, le V8 et les diesels seront épaulés en septembre par la version hybride rechargeable qui troque son quatre-cylindres contre un six-cylindres. Il renforce aussi sa partie électrique avec une grosse batterie de 38,2 kWh, une autonomie électrique jusqu’à 100 km et une recharge rapide en 50 kW DC. Nous reviendrons sur ce prometteur Range Rover PHEV, qui est décliné en deux puissances (440 et 510 ch), lors des essais à son lancement, mais aussi sur la future version 100 % électrique attendue pour 2024.

Le Range Rover reconduit ses deux carrosseries : la classique SWB (5,05 m de long) et la longue LWB (5,25 m), qui le transforme en SUV limousine. Cette version se dote même pour la première fois d’une configuration à sept places pour ne pas laisser la concurrence allemande seule sur ce créneau (Audi Q7, BMW X7 et Mercedes GLS). Et pour contenir le Bentley Bentayga et le très exclusif Rolls-Royce Cullinan venus prendre leur part du gâteau SUV, le Range Rover est aussi capable d’ultra-luxe et de raffinement via le département SV (Spécial Vehicule) pour la personnalisation. Dans ce cas, les prix aussi sont sur mesure…

Prix Range Rover 2022
Si le tarif de base du Range Rover se fixe à 127 400 € en D250 SE, le prix moyen sera bien au-delà des 150 000 €… avant les taxes (voir la grille des prix en page 2). Il faut par exemple compter 146 800 € pour une version D350 HSE, plus 22 000 € de malus et 7 000 € de taxe au poids. Notre version d’essai en V8 1st Edition pointe à 182 400 € avec malus maxi de 40 000 € en sus. Dans ce contexte fiscal, les versions hybrides rechargeables sont les plus attendues.

La version P440e affiche par exemple un prix proche de celui du D350 (147 600 € en HSE) et elle échappe au malus. Enfin, pour passer au châssis long, il faut compter entre 2 600 et 3 100 € supplémentaires, et ajouter 3 000 € afin de disposer de la configuration sept places (non accessibles sur les hybrides rechargeables).

Au volant du Range Rover V8
Assis en position dominante – tradition oblige –, on regrette de ne pas disposer de plus d’amplitude pour le réglage de la colonne de direction et peaufiner son installation à bord. En revanche, on mesure les progrès du Range Rover 5 dès les premiers kilomètres. La partie châssis est bien mieux tenue qu’auparavant grâce aux trains roulants qui associent barres anti-roulis actives à une suspension avec ressorts pneumatiques pilotés et amortisseurs adaptatifs à double soupape.

Avec cet arsenal, le Range corrige un défaut récurrent des SUV hauts et lourds : les désagréables mouvements de balancier de gauche à droite. Désormais bien tenu, l’anglais montre aussi un confort de marche royal, même avec le mode de conduite Dynamic que nous avons préféré pour mieux « sentir » la route et presser le pas en toute tranquillité.

Bien évidemment, il faut tenir compte de la masse importante dans les sinuosités, mais le Range progresse là encore avec la greffe des quatre roues directrices. Ce système, qui offre plus de réactivité dans les changements de cap au-dessus de 50 km/h, fait aussi des miracles à basse vitesse avec les roues arrière qui tournent à l’inverse de celles de l’avant sur un angle maxi de 7,3°, conférant une manœuvrabilité de voiture compacte à ce gros SUV (10,95 m de diamètre de braquage).

Le confort de conduite du Range Rover est renforcé par le silence qui règne à bord. Tout juste peut-on noter des chuchotements aérodynamiques au niveau des rétroviseurs sur voie rapide ou quelques percussions des énormes roues de 23 pouces sur les saignées les plus profondes. Mais ce n’est pas suffisant pour perturber l’ambiance feutrée de l’habitacle.

Le feulement du V8 apporte la noblesse et la souplesse attendue, ainsi qu’un sacré répondant. Avec 530 ch et 750 Nm, ce bloc Twinturbo fort de 530 ch fait oublier le poids de la voiture, et son fonctionnement en parfait accord avec la boîte automatique ZF à huit rapports rend inutile le recours aux palettes situées derrière le volant. Sous forte sollicitation, le V8 BMW donne de la voix et fait bondir le Range de 0 à 100 km/h en seulement 4,6 s !

Un essai de Range sans mettre les roues ailleurs que sur le bitume ne serait pas complet, même si la mission de grimper aux arbres revient sans conteste au Defender. On a donc fait du chemin pour constater à quel point le Range gommait les trous et bosses avec talent, y compris à bonne allure. La motricité gérée par le système Terrain Response 2 offre des facilités étonnantes dans les forts dénivelés, même avec de simples pneus M+S comme sur notre modèle d’essai.

Le véhicule est annoncé pour passer des gués de 90 cm, mais c’est à se demander qui ira mettre ces 2,5 tonnes de luxe dans un trou plein de boue ! L’important pour le propriétaire du Range reste de savoir que sa monture peut tout faire, comme déconnecter son train avant de la transmission. Cette possibilité est offerte par le nouveau système iAWD pour rouler en deux roues motrices quand les conditions le permettent (sur autoroute par exemple) et économiser ainsi quelques décilitres de carburant. Oui, en 2022, même un Range V8 surveille son (gros) appétit !

À bord
L’habitacle du Range Rover 5 est marqué par un traitement très contemporain du mobilier avec un dessin net et sans superflu. La finition luxueuse attendue est bien là, et le choix de coloris de cuir répondra à tous les goûts. La planche de bord propose juste ce qu’il faut de commandes physiques pour garder les fonctions essentielles sous la main, le reste passant par l’écran tactile.

Installé en position flottante, ce dernier a le bon goût de ne pas être disproportionné et il est doté d’un retour haptique. Il propose des affichages sobres et bien lisibles en harmonie avec l’ambiance de l’habitacle, tandis que les fonctions essentielles sont accessibles en deux clics.

Le passage à l’arrière confirme que le confort est le maître mot à bord du Range Rover. Deux passagers sont installés royalement sur une banquette chauffante et inclinable. Tradition oblige, le hayon s’ouvre en deux parties et permet de disposer d’une petite ridelle pour y prendre place le temps d’un pique-nique. On pourra le faire en musique grâce aux enceintes intégrées dans l’habillage intérieur du hayon. En revanche, il n’y a pas de quoi loger trois sangliers dans le coffre car, si celui-ci est assez vaste, il n’y a rien d’exceptionnel compte tenu du gabarit extérieur.

Concurrence
Né à une époque (1970) où on parlait sans gêne de 4 x 4 chic plutôt que de SUV, le protégé de Land-Rover doit aujourd’hui contenir une concurrence sur deux fronts. Celles des marques premium Audi, BMW et Mercedes arrivées il y a une vingtaine d’années et celle du luxe avec Bentley et Rolls-Royce débarqués plus récemment.

Grâce à ses multiples versions, le Range Rover réussit à contenir cette double offensive. Sur le marché français, c’est avec les BMW X7 et Mercedes GLS qu’il ira batailler, deux concurrents qui ne se déclinent pas en hybride rechargeable et laissent donc la voie libre au Range sur ce terrain. Le Q7 possède une déclinaison PHEV, mais le fringant Range Rover est plus séduisant que cet Audi en fin de carrière.

Avec l’Argus

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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