La nouvelle affaire baptisée « Sweet Beauty », du nom du salon de massage, théâtre des évènements controversés dans lesquels, le nom du leader du PASTEF est cité, est la dernière d’une longue série d’intrigues concoctées par le « cabinet noir » de la Présidence de la République.
Cette obscure officine, animée par des apprentis conspirationnistes, des sortes de Raspoutine tropicaux, est passée maître dans l’art de détourner des procédures judiciaires pour en tirer des bénéfices politiciens. Ce fut le cas pour Karim Wade, où un noble exercice de reddition de comptes s’est mué en un règlement de comptes impitoyable et celui du maire Khalifa Sall, « coupable » du délit d’ambition présidentielle. C’est maintenant au tour du député Ousmane Sonko, qui par la force des choses, s’impose de plus en plus comme l’opposant le plus représentatif et l’un des plus antagoniques au pouvoir actuel.
C’est sous ce prisme qu’il faut comprendre cette énième cabale contre un homme politique, qui refuse de cautionner la mutation du modèle démocratique que constituait le Sénégal en autocratie pétrolière, telle qu’on peut en trouver en Afrique centrale.
De fait, si les accusations d’agression sexuelle portées par une victime apparemment téléguidée contre le leader du PASTEF paraissent tirées par les cheveux, c’est un fait de plus en plus établi, que depuis mars 2012, correspondant à la deuxième alternance dans notre pays, notre Démocratie a été violée, plus d’une fois.
Le Parlement, même s’il ne peut plus être dissout par le Président de la République, n’a jamais été aussi docile. Loin de jouer le rôle de contrôle de l’exécution des politiques publiques qui lui est conféré par les modifications constitutionnelles issues du référendum du 20 mars 2016, il vote aveuglément toutes les lois, qui lui sont soumises par l’Exécutif.
L’exemple le plus récent est le projet de loi n°46/2020 modifiant la loi No 69-29 du 29 avril 1969 relative à l’état d’urgence et l’état de siège. Sous prétexte de lutter contre les crises ou catastrophes naturelles ou sanitaires, en l’occurence la pandémie de COVID-19, l’Exécutif qui se résume maintenant au président de la République, accroît ses pouvoirs, en contournant la représentation parlementaire.
Le pouvoir judiciaire, quant à lui, n’a jamais paru aussi impuissant et inféodé à l’agenda politicien de l’Exécutif. En prélude aux manœuvres en direction du troisième mandat, on cherche à nettoyer les dernières poches de résistance en attrayant le président de l’UMS au niveau du conseil de discipline, pendant que les prédateurs de la majorité présidentielle sont lavés à grande eau (Petrotim, affaire des 94 milliards…).
Nous voyons donc, qu’au-delà d’une affaire de mœurs privée, qui ne devrait théoriquement intéresser que les protagonistes, il s’agit d’une nouvelle étape dans le processus de démantèlement des ressorts démocratiques de notre Nation.
C’est le lieu d’en appeler certains professionnels de la Presse, qui ont joué un rôle éminent dans la survenue de nos deux alternances démocratiques de 2000 et 2012, à refuser le piège de la « faitdiversification » de la politique. En effet, avec tout le respect inhérent à toute démocratie digne de ce nom, de l’exigence de pluralité d’opinions et de diversité des angles de traitement d’une information donnée, il convient d’être vigilant.
À notre humble avis, il ne s’agit pas ici, principalement, de l’exercice illégal de la kinésithérapie, découlant essentiellement des lacunes de l’offre sanitaire ni du vandalisme de jeunes gens indignés par les pratiques perverses d’une certaine partie de la classe politique, mais plutôt des risques de remise en cause de notre patrimoine démocratique.
Nos traditions démocratiques, fruit de décennies de luttes patriotiques dépassent les complots à la petite semaine ourdis par de minables politiciens.
Autant nous devons enrayer la pandémie de COVID-19, qui est en train de décimer les notabilités de notre pays, autant nous devons endiguer le virus autocratique, qui est en train d’essaimer dans notre sous-région et à travers tout le continent.
NIOXOR TINE
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