Les autorités libyennes ont mené tout au long de la journée de vendredi une vaste opération «anti-drogue» dans un faubourg pauvre de la capitale Tripoli, en ciblant principalement des migrants en situation irrégulière, a-t-on appris samedi de sources concordantes.
Dans un communiqué vendredi soir, le procureur général a annoncé avoir chargé les forces de sécurité d’«inspecter les logements servant à organiser des opérations d’immigration illégale et d’arrêter ceux impliqués dans le trafic de stupéfiants, de psychotropes, d’alcool et d’armes à feu».
Cette opération a «abouti à l’arrestation de nombreux auteurs de délits et au transfert de centaines d’immigrants illégaux» vers des centres de détention, a-t-il affirmé. Des logements où vivaient des migrants ont été rasés à coups de pelleteuses.
Le chef du gouvernement libyen de transition, Abdelhamid Dbeibah, a salué sur Twitter les «héros du ministère de l’Intérieur» qui ont mené cette «opération planifiée pour éliminer les repaires de trafics de drogue». «Nous ne permettrons pas qu’une autre guerre soit menée contre notre jeunesse, qui est la guerre contre la drogue», a-t-il lancé.
Le quartier où a eu lieu le raid a été bouclé vendredi et ses habitants sommés de ne pas quitter leur domicile, a déclaré samedi un témoin à l’AFP. Les forces de sécurité ont ciblé principalement des étrangers qui séjournaient illégalement en Libye, selon lui.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des dizaines de personnes entassées à l’arrière de pick-ups des forces de sécurité, peu après leur arrestation.
Dans un communiqué, le directeur du Conseil norvégien pour les réfugiés en Libye, Dax Roque, a déploré l’arrestation d’«au moins 500 migrants», dont des femmes et des enfants, suivie de «détentions arbitraires».
«Les migrants et les réfugiés en Libye, en particulier ceux qui n’ont pas de résidence légale, sont souvent menacés de détention arbitraire», a-t-il poursuivi. «Nous pensons que cette dernière vague d’arrestations fait partie d’une répression plus large menée par les autorités libyennes» à leur encontre, a-t-il ajouté.
La Libye est plongée dans le chaos depuis la révolte de 2011. Des dizaines de milliers de migrants, venus pour la plupart d’Afrique subsaharienne pour tenter la traversée de la Méditerranée, y sont la proie de trafiquants.
Les candidats à l’exil interceptés croupissent dans des centres de détention dans des conditions régulièrement décriées par les ONG et agences des Nations unies. La situation sécuritaire dans le pays reste précaire malgré des avancées politiques enregistrées ces derniers mois.
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