Douze personnes, dont deux enfants, ont été tuées par la police au Kenya lors de manifestations de l’opposition en mars, ont affirmé mercredi Amnesty International et Human Rights Watch, dénonçant «l’impunité» dont bénéficient les forces de l’ordre.
Raila Odinga, vétéran de l’opposition et candidat malheureux à l’élection présidentielle d’août 2022, avait appelé ses partisans à manifester contre les résultats du scrutin, qu’il conteste, et la vie chère dans ce pays d’Afrique de l’Est touché par une forte inflation.
«La plupart étaient des passants»
Les manifestations des 20, 27 et 30 mars, avaient donné lieu à des affrontements, pillages et actes de vandalisme. Les autorités avaient fait état de trois morts, dont un policier, et avaient annoncé ouvrir des enquêtes.
Mais pour Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International, «12 meurtres» commis par les forces de l’ordre «ont été corroborés» durant ces trois journées.
Deux enfants figurent parmi les tués dans la capitale Nairobi, à la suite de complications causées par les tirs de gaz lacrymogènes.
«Alors que certaines des victimes étaient impliquées dans les rassemblements, la plupart, selon les témoins interrogés, étaient des passants ou des personnes dans leurs maisons ou commerces», affirment les deux organisations dans un communiqué.
L’une des victimes, Elijah Okumu, âgé de 26 ans, a ainsi été tuée le 27 mars par la police, qui lui a tiré dessus «alors qu’il fermait son magasin dans le quartier de Dandora, à Nairobi», selon ces ONG.
La famille, selon les mêmes sources, a saisi l’institution chargée de superviser l’action des forces de l’ordre (IPOA) mais «il n’y a eu aucune enquête sur le meurtre».
HRW et Amnesty International ont également répertorié 30 cas de blessures par balles à Nairobi et Kisumu (ouest), bastion de l’opposition où ont eu lieu des manifestations.
Nyagoah Tut Pur, chercheuse pour HRW, a dénoncé mercredi lors d’une conférence de presse à Nairobi «l’impunité totale et absolue» dont bénéficient les forces de l’ordre au Kenya.
La police kényane est régulièrement accusée d’exécutions extrajudiciaires par les organisations de défense des droits humains kényanes et internationales.
Selon l’organisation Missing Voices, 1.264 personnes sont mortes entre les mains des forces de l’ordre depuis qu’elle a commencé à collecter des données en 2007. Peu d’enquêtes menées à la suite de ces disparitions ont donné lieu à des condamnations.
Le président kényan William Ruto, élu en août, a annoncé le 16 octobre le démantèlement de la redoutée Unité des services spéciaux (SSU), unité de police créée il y a 20 ans et sous le feu des critiques après des cas de disparitions forcées et de meurtres. Le chef de l’État a également promis une refonte de la police.
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