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Donald Trump est chaque jour plus seul et moins respecté

Depuis sa défaite du 3 novembre et surtout son étrange croisade pour la contester, le président sortant voit sa parole perdre son influence dans les cercles du pouvoir.

Après avoir accepté, dans un revirement spectaculaire, de ratifier le plan de relance qu’il fustigeait, Donald Trump risquait lundi un nouveau revers cinglant avec un vote prévu au Congrès pour tenter d’outrepasser son veto au budget de la défense.

Si républicains et démocrates s’accordent en nombre suffisant pour surmonter l’opposition du président sortant à ce budget crucial, cela représenterait, au crépuscule de son mandat, une première au goût amer pour le 45e président américain.

Sauver la face
Pour un homme qui s’est toujours présenté comme le roi de la négociation, la semaine écoulée fut une véritable humiliation. Après avoir menacé mardi de ne pas signer un texte pourtant négocié avec l’aval de son gouvernement, il a finalement apposé son paraphe au plan d’aide économique de 900 milliards de dollars dimanche soir, depuis son club de Mar-a-Lago, en Floride, à l’abri des caméras.

Essayant tant bien que mal de sauver la face, il a publié un communiqué alambiqué laissant croire que le bras de fer avait payé. Mais personne n’est dupe: le locataire de la Maison-Blanche n’a rien obtenu. Il a cédé.

L’épisode est d’autant plus cruel qu’il souligne combien, depuis sa défaite du 3 novembre et surtout son étrange croisade pour la contester en brandissant des théories du complot, Donald Trump est chaque jour plus seul, moins influent, moins respecté. Il est encore président jusqu’au 20 janvier, mais, dans les cercles du pouvoir, sa parole ne porte plus.

Dans un étrange télescopage, le New York Post, l’un des rares journaux qui a grâce à ses yeux, a publié dimanche dans la soirée un éditorial cinglant l’appelant à mettre fin à cette «triste comédie» et à reconnaître la victoire de Joe Biden. «Nous comprenons, M. le président, que vous êtes en colère d’avoir perdu. Mais continuer sur cette voie est désastreux», peut-on lire.

«Nous vous donnons ce conseil en tant que journal qui vous a soutenu: si vous voulez rester influent, voire préparer le terrain pour un retour, vous devez transformer votre colère en quelque chose de plus productif».

Lundi matin, le milliardaire républicain s’est une nouvelle fois rendu au Trump International Golf Club, situé à quelques kilomètres de Mar-a-Lago. Sans un mot, ni un tweet.

Veto controversé
A plus de 1500 kilomètres au nord de sa luxueuse résidence d’hiver, le Congrès se préparait à un premier vote, lundi soir, pour tenter de surmonter le veto que Donald Trump a opposé au vaste budget de la défense. C’est la fierté du Congrès: depuis 59 ans, et en dépit des féroces batailles politiques qui s’y déroulent, les élus des deux bords s’accordent sur le budget militaire qui est traditionnellement validé dans la foulée par le président.

Dans ce contexte, le veto de Donald Trump, annoncé le 23 décembre, a provoqué, là aussi, la consternation jusque dans son camp. En plus d’être selon lui trop favorable à la Chine, le président américain reproche notamment au texte d’ouvrir la possibilité de renommer des bases militaires honorant des généraux confédérés, qui ont combattu en défense de l’esclavage.

Le budget de 740,5 milliards de dollars, qui prévoit notamment une hausse de 3% du salaire du personnel de défense, a été approuvé début décembre par le Sénat et la Chambre des représentants à des majorités écrasantes. Elles pourraient permettre au Congrès de contourner l’opposition présidentielle pour la première fois depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

La Chambre, à majorité démocrate, sera la première à voter lundi soir. Le budget y avait été adopté par 335 voix contre 78. Soit largement plus que les deux tiers des voix nécessaires pour outrepasser le veto de Donald Trump.

Si certains républicains ont indiqué qu’ils pourraient cette fois changer leur vote, afin de suivre le président encore très populaire auprès de leurs électeurs, il faudrait un revirement en masse pour que la Chambre échoue à surmonter l’opposition de M. Trump. Si elle y parvient, ce sera au tour du Sénat, à majorité républicaine, de se prononcer dans les prochains jours.

Le budget de la défense avait été adopté à la chambre haute par 84 voix contre 13. Soit assez, en théorie, pour surmonter le veto de Donald Trump. Mais des républicains pourraient ici aussi faire défection.

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