Algérie

Dix-sept essais nucléaires français au Sahara algérien de 1960 à 1966

La France a procédé à un total de 17 essais nucléaires au Sahara algérien entre le 13 février 1960 et le 16 février 1966, sur les sites de Reggane puis d’In Ekker.

Les quatre premiers essais sont aériens, la charge explosive étant soit fixée en haut d’un mât métallique, soit au sol.

Réalisée au plus fort de la guerre d’indépendance de l’Algérie (1954-1962), cette première série, nom de code « Gerboise », a lieu à une cinquantaine de kilomètres de la petite ville algérienne de Reggane, alors en territoire français.

Située à 1.200 km à vol d’oiseau d’Alger, Reggane a été choisie en juillet 1957 pour servir de « base-vie » aux personnels civils et militaires qui participent au programme nucléaire.

Une cité souterraine où travaillent 6.000 à 7.000 personnes a été construite dans les contreforts d’une vallée proche de la ville et à 40 km environ du polygone d’expériences de Hamoudia, abritant le PC atomique d’où la mise à feu sera télécommandée, à 15 km environ de la bombe de type A.

Le tir du 13 février 1960, baptisé « Gerboise bleue », lance la première bombe atomique française au plutonium, d’une puissance de 60 à 70 kilotonnes (près de 4 fois celle d’Hiroshima), qui fera de la France la 4e puissance nucléaire mondiale.

Les deux tirs suivants, Gerboises « blanche » et « rouge », d’une puissance réduite à 5 kilotonnes, ont lieu les 1er et 27 avril de la même année.

Le quatrième tir, Gerboise « verte » — 5 kilotonnes également — est déclenché en urgence le 25 avril 1961, dans un climat politique tendu par la tentative de putsch de généraux français à Alger.

Les 13 essais suivants sont souterrains, au fond de tunnels creusés dans la montagne à In Ekker, en bordure du massif du Hoggar, pour limiter la dispersion de particules radioactives dans l’atmosphère.

Après l’indépendance de l’Algérie, en 1962, les essais français se sont poursuivis au Sahara en vertu d’un accord secret. Le dernier, Grenat — moins de 20 kt –, a eu lieu le 16 février 1966.

Le 1er mai 1962, lors de l’essai Béryl, un nuage radioactif s’échappe de la galerie de tir insuffisamment confinée.

L’agence de presse officielle algérienne APS chiffrait en 2012 à au moins 30.000 le nombre de victimes algériennes de ces essais, atteintes de maladies radio-induites.

Pour les spécialistes du nucléaire, ces 17 essais sahariens ont permis aux techniciens du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et aux militaires de mettre au point la bombe au plutonium équipant les Mirage IV de première génération de la force de dissuasion française.

Aujourd’hui, les autorités algériennes demandent à la France de leur remettre la liste complète des lieux d’enfouissement des matériaux radioactifs et de nettoyer les sites des essais.

« Lors de certaines expériences atmosphériques, la résistance d’équipements militaires (camions, …) a été testée. Après les expériences, les carcasses ont été enfouies dans le sol », a déclaré mercredi à l’AFP le ministère français des Armées.

« La France a communiqué aux autorités algériennes les cartes dont elle dispose », a ajouté le ministère, en précisant qu' »un diagnostic radiologique des différentes zones d’essais sur ces sites a été établi et partagé avec les autorités algériennes ».

Un groupe de travail franco-algérien, composé d’experts, a été créé en 2008 afin d’étudier conjointement la question de la réhabilitation des anciens sites d’essais nucléaires au Sahara, « avec pour préoccupation première la protection des personnes et de l’environnement », selon la même source.

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