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Deux dealers sénégalais mis en examen après la mort par overdose de crack d’une jeune femme

Deux dealers sénégalais mis en examen après la mort par overdose de crack d’une jeune femme

C’est la seconde vague d’arrestations après la mort de cette jeune femme survenue en avril dernier à Paris.

Depuis janvier, la brigade des stups a ouvert trois enquêtes pour homicide involontaire après des overdoses de crack.

Quatre mois après le drame, deux Sénégalais, âgés de 24 et 30 ans, ont été mis en examen, vendredi à Paris, pour homicide involontaire et trafic de stupéfiants. Ils sont soupçonnés d’avoir participé, en avril dernier dans la capitale, à la vente d’une dose mortelle de crack qui a coûté la vie à une jeune femme. Le plus âgé a été écroué et l’autre a été remis en liberté sous contrôle judiciaire.

Le 26 avril, le petit ami de la victime n’a plus de nouvelles, s’inquiète et donne l’alerte. Les secours et les forces de l’ordre se déplacent dans l’appartement parisien de la jeune femme et découvrent son cadavre. Rapidement la piste de l’overdose est privilégiée et la brigade des stupéfiants de la police judiciaire est chargée de mener les investigations. L’autopsie révèle des traces de cocaïne dans son organisme qui aurait causé son décès.

L’ami de la jeune femme est entendu et explique qu’il lui a fourni ses cailloux de crack. Il confie qu’il a acheté le produit à Pape, un dealer qui habite à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). L’homme est identifié et interpellé en mai dernier à son domicile avant d’être écroué.

Les enquêteurs suivent la piste laissée par la téléphonie pour tenter de trouver ses fournisseurs. Et le 23 août les fonctionnaires interpellent un certain Omar à Aubervilliers. Les fonctionnaires perquisitionnent ce lieu de vie collectif et trouvent de la drogue et le matériel nécessaire à la production de ces galettes dérivées de la cocaïne.

Omar, qui se dit Gabonais, est connu sous plusieurs alias et pour trafic de stupéfiants. Ce sans papiers est depuis l’an dernier sous le coup d’une obligation de quitter le territoire. Lors des auditions et devant la juge d’instruction, il nie en bloc. « Je ne suis pas mêlé à cette affaire. D’ailleurs j’étais en Italie de septembre à juin, je ne peux pas avoir vendu cette drogue. J’habite dans ce logement mais je ne fais plus de trafic. Je vends des vêtements et du café à Château-Rouge (XVIIIe) et à la porte de la Villette (XIXe). »

Son avocat, Me Antonin Deburge, assure qu’il « n’y a pas grand-chose contre lui. Il est prouvé qu’il n’était pas à Paris au moment du décès et la juge ne le poursuit que pour trafic et a abandonné le chef d’homicide involontaire. Je pense qu’on a surtout affaire à un consommateur et pas à un dealer. »

« J’ai l’impression de vivre un cauchemar »
Le second suspect, Mansour est arrêté dans le supermarché de Paris (XIIIe) où il travaille comme magasinier. Une perquisition a été menée dans son appartement de Stains (Seine-Saint-Denis) mais les forces de l’ordre n’y ont découvert que 950 euros. Lui aussi est connu sous plusieurs identités, il a été condamné trois fois pour des affaires liées aux stupéfiants. Il est sorti de prison en 2019. Depuis, il a trouvé ce travail et assure qu’il a arrêté le trafic.

« J’ai l’impression de vivre un cauchemar parce que j’ai tout fait pour ne plus être impliqué dans ce genre d’affaire. Je ne comprends pas. Mon numéro apparaît dans la procédure. Mais je ne consomme plus et je ne vends plus de crack et tous les tests qui ont été réalisés se sont révélés négatifs », déclare-t-il. Son conseil, Me Benjamin Gourvez, rappelle que son client est le cousin de Pape, le premier dealer arrêté. « Les écoutes qui sont les seuls éléments à charge, sont d’une grande pauvreté ».

Lundi 22 août, deux autres dealers, âgés de 26 et 27 ans, ont été condamnés à dix-huit mois et trois ans de prison pour trafic de crack par le tribunal correctionnel de Paris. Mais ils ont été relaxés du chef d’homicide involontaire après la mort de l’un de leurs clients qui lui avait acheté une dose, décédé entre le 7 et le 9 juin 2021.

Me Frédéric Landon l’un des avocats de la défense avait souligné que le dossier ne comportait pas d’autopsie et que le lien entre la vente de la dose et le décès n’avait pas été établi. Le parquet a fait appel de cette décision.

Depuis le début de l’année, la brigade des stups a ouvert trois enquêtes pour homicide involontaire après des overdoses de crack. La dernière, date du dimanche 28 août au square de la Villette, quand un toxicomane, prénommé Omar, a trouvé la mort après avoir fumé de la drogue. Vers 13h55, cet homme, âgé d’une trentaine d’années et d’origine Sénégalaise, a été retrouvé inconscient par les occupants du camp où les consommateurs ont été déplacés il y a neuf mois. Les pompiers ont tenté de le réanimer sans y parvenir.

Une situation insoluble depuis des années
Le crack et son lot de nuisances, sont des problèmes qui semblent insolubles à Paris. « Cela fait de nombreuses années que nous l’avons laissé aux forces de l’ordre et à la justice gérer cette drogue qui est avant tout un problème de santé public. Il faut que les hôpitaux prennent en charge les toxicomanes comme cela a été fait par le passé pour l’héroïne », remarque un avocat parisien qui voit défiler les affaires de petits trafics de crack en comparution immédiate.

Le 16 août, la préfecture de police de Paris a dressé les conclusions de son bilan du plan d’action contre le crack, mis en place par le gouvernement en Île-de-France. 113 personnes ont été interpellées sur la période du 4 au 15 août 2022, notamment pour infractions à la législation sur les stupéfiants, violences volontaires, ventes à la sauvette ou encore recels de vols.

Ces interpellations ont été effectuées à la suite de 3 261 contrôles. La ville de Paris plaide pour la création de lieux d’accueil pour les drogués. Les riverains et les élus du XIXe et de la Seine-Saint-Denis dénoncent une absence d’actions pour trouver une solution pérenne.

Julien Constant avec Le Parisien

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