Afrique du Sud

Des milliers de jeunes filles dansent devant le roi des Zoulous pour la traditionnelle « danse des roseaux »

Des tiges de roseaux à la main et les seins nus, des milliers de jeunes filles se sont présentées samedi devant le roi des Zoulous, pour la traditionnelle « danse des roseaux », qui permettait autrefois au chef de la plus grande ethnie d’Afrique du Sud de choisir ses épouses.

Le rite interrompu un temps en raison du Covid est séculaire. Chaque mois de septembre, qui marque le début du printemps dans le pays d’Afrique australe, les jeunes filles de l’ethnie convergent des quatre coins du pays vers la petite ville de Nongoma, fief zoulou de la province du KwaZulu-Natal (sud-est) ouverte sur l’océan Indien.

La légende veut que si la jeune fille n’est pas une véritable vierge, le roseau présenté au roi ne restera pas dressé vers le ciel. Le pays compte 11 millions de Zoulous, quasiment un Sud-Africain sur cinq.

La plupart des jeunes femmes sont arrivées la veille, en groupes placés sous l’autorité d’un chaperon, une femme plus âgée. À l’aube, elles se sont lavées dans la rivière en contrebas pour « purifier » leur corps.

Les pieds dans l’eau peu profonde, Amahle Shange, 16 ans, plonge ses mains dans le courant froid : « Je n’arrive pas à croire que ça arrive enfin », confie à l’AFP celle qui participe à la danse pour la première fois.

« Je voyais les filles plus âgées aller à l’Umhlanga (roseau, en zoulou) et j’étais tellement curieuse », dit-elle en s’éloignant avec ses amies.

Elles s’engouffrent sous des tentes pour s’apprêter : de courtes jupes plissées, des perles multicolores autour du cou, la taille et dans les cheveux. Certaines se maquillent. Redéfinir les sourcils, ajouter de l’ombre sur les paupières…

Séculaire
Avant de se présenter au roi, les jeunes filles sont examinées: la règle est immuable, seules les vierges participent au rite.

Des défenseurs des droits estiment que les tests de virginité constituent une violation de l’intimité et un acte dégradant. Controversée et un temps supprimée, la « danse des roseaux » a été rétablie par le précédent roi, Goodwill Zwelithini, en 1984.

« Il y a parmi ces jeunes filles des enseignantes, des ingénieures. Elles conduisent des voitures, sont avocates. C’est loin de ce que pensent ceux qui affirment que notre culture est dépassée », dit à l’AFP le Dr Nomagugu Ngobese, qui exerce la médecine traditionnelle et mène des tests.

Une fois parées, les jeunes filles cueillent alors chacune un roseau, avant de monter vers le palais royal d’Enyokeni.

Émergeant d’un cercle de guerriers zoulous munis de lances et de boucliers, le roi MisuZulu kwaZwelithini, vêtu d’une peau de léopard, accepte le premier roseau devant une foule de quelque 10.000 personnes.

« C’est la première fois que je vois un si grand nombre de jeunes filles et de guerriers assister à une danse des roseaux depuis que je suis né », dit-il devant un immense parterre de femmes dénudées qui rient.

Le souverain de 47 ans, qui a déjà deux épouses et au moins quatre enfants, a été traditionnellement couronné le mois dernier après la mort de son père.

La cérémonie survient en pleine guerre de palais sur la légitimité du nouveau monarque, né de la favorite et troisième femme de Goodwill Zwelithini.

La première épouse a contesté la succession devant les tribunaux, qui l’ont déboutée.

Le fils aîné du défunt roi, né hors mariage, a de son côté déposé un recours en urgence cette semaine estimant être l’héritier légitime.

Des frères de Goodwill Zwelithini ont eux aussi revendiqué le trône pour un autre candidat.

Dans la jeune démocratie aux onze langues officielles, les souverains et chefs traditionnels sont reconnus par la Constitution. Rois sans pouvoir exécutif, ils exercent une grande autorité morale et sont profondément respectés.

Des opposants au roi reconnu par le président Cyril Ramaphosa avaient prédit un « bain de sang » si la « danse des roseaux » était maintenue.

La sécurité était renforcée samedi autour du palais, où les jeunes filles aux roseaux ont défilé devant le monarque jusqu’en fin d’après-midi.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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