Liban

Des Libanais risquent de mourir de faim à cause de la crise selon Michelle Bachelet

Au Liban, pays en proie à la pire crise économique de son histoire, il faut « agir immédiatement avant qu’il ne soit trop tard ».

Ce cri d’alarme est poussé ce vendredi par la Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU. Selon Michelle Bachelet, la situation « devient rapidement hors de contrôle » et certains des Libanais les plus vulnérables « risquent de mourir de faim en raison de cette crise », s’est-elle émue dans un communiqué.

Près de la moitié des quelque quatre millions de Libanais vivent dans la pauvreté et 35 % de la population active est au chômage. Le ras-le-bol a déclenché en octobre 2019 un mouvement de contestation inédit contre la classe politique inchangée depuis des décennies.

Ces derniers mois, des dizaines de milliers de Libanais ont été licenciés ou ont subi des coupes salariales. La monnaie nationale est en chute libre, de même que le pouvoir d’achat. Et les épargnants n’ont pas libre accès à leur argent, les banques ayant imposé des restrictions draconiennes sur les retraits et les transferts à l’étranger à cause de la pénurie du dollar.

Les réfugiés parmi les plus exposés
« La crise économique, couplée à l’épidémie de Covid-19, a touché toute la société. Beaucoup ont perdu leur travail, ont vu leur épargne disparaître sous leurs yeux, et ont perdu leurs maisons », rappelle Michelle Bachelet. « Et comme souvent dans ce genre de situation, ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables qui souffrent le plus », souligne-t-elle.

Parmi les plus fragiles figurent quelque 1,7 million de réfugiés, en majorité syriens, et 250 000 travailleurs immigrés, qui ont perdu leur emploi et se retrouvent sans abri, indique Michelle Bachelet.

« Il est important en cette période difficile de réévaluer la façon dont nous traitons les migrants », poursuit-elle, appelant à la protection de tous, « quelle que soit leur origine ou leur statut ».

La crise économique que traverse le petit pays du Proche-Orient est aussi aggravée par un contexte politique délicat exacerbé par les tensions entre le Hezbollah, un allié de l’Iran qui domine la vie politique libanaise, et les Etats-Unis.

Placé en défaut de paiement, le Liban a adopté fin avril un plan de réformes pour négocier une aide du Fonds monétaire internationale (FMI), susceptible de redonner un peu de confiance à d’autres bailleurs. Mais les pourparlers piétinent, après plus de deux mois et 16 séances de négociations entre l’institution basée à Washington et le gouvernement de Beyrouth. « Le FMI a quitté la séance des négociations », a confié un négociateur libanais sous couvert de l’anonymat.

Deux estimations divergentes
Une autre source libanaise proche du dossier fustige les louvoiements des responsables libanais. « Personne (d’entre eux) ne veut de réformes » réclamées pourtant depuis des décennies et jugées « urgentes » par Michelle Bachelet. « Chaque faction lutte pour ses intérêts personnels et laisse le pays couler. »

L’incurie ne surprend pas, dans un pays abonné aux crises à répétition et où les partis sont habitués aux marchandages interminables. Les dirigeants libanais eux-mêmes sont accusés de profiter d’un système gangrené par le clientélisme et les pots-de-vin. Il y a « un lobby très puissant » prêt « à brûler le pays pour éviter que soit exposé tout ce qu’il a commis », accuse le négociateur.

A ce jour, Beyrouth espère environ 10 milliards de dollars d’aide du FMI. Mais pendant les négociations, une commission parlementaire et le gouvernement ont même divergé sur l’estimation des déficits publics, de ceux de la Banque centrale et de ceux des banques : de 60 000 à 241 000 milliards de livres libanaises (soit des dizaines de milliards de dollars). Le FMI a réclamé une seule évaluation et demandé « qu’on arrête de les mener en bateau ».

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