Plusieurs dizaines d’élus locaux d’Hong Kong ont prêté un nouveau serment de loyauté vendredi, après que plus de la moitié de leurs collègues ont démissionné en signe de protestation, les autorités tentant de purger les éléments «non patriotiques». Lors d’une cérémonie à huis clos, 24 premiers conseillers ont prêté serment, selon le gouvernement.
«Si nous avons des doutes sur la prestation de serment de certains conseillers et que nous ne pouvons pas faire totalement confiance à leur loyauté et à leur allégeance, nous leur donnerons la possibilité de s’expliquer…. Si leurs serments ne sont pas valides, ils seront disqualifiés», a déclaré le chef de l’exécutif Carrie Lam en début de semaine.
La moitié des conseillers a déjà démissionné
Des cérémonies de prestation de serment similaires ont été organisées pour d’autres secteurs, notamment pour les fonctionnaires, les responsables gouvernementaux et les parlementaires.
Quelque 180 conseillers de district devraient sacrifier à l’exercice dans les semaines à venir et ceux qui refuseront de se présenter perdront leur siège. La majorité des conseillers de district élus ont préféré démissionner plutôt que de se soumettre à ce processus de vérification. Jusqu’à présent, ils sont 260, soit plus de la moitié des 452 membres élus, à avoir renoncé à leur mandat.
La prestation de serment est «devenue l’outil du régime pour vous tenir en laisse», a déclaré Debbie Chan, ancienne conseillère de district, qui a démissionné en juillet. «Ils veulent éliminer le camp pro démocratie à Hong Kong».
Les conseillers de district sont les seules personnes que les Hongkongais peuvent élire entièrement au suffrage universel direct et sont devenus le symbole de la voix des habitants sur la gestion de leur ville.
Fin 2019, après plusieurs mois de d’intenses manifestations pour la démocratie, les candidats de l’opposition critiques vis-à-vis du régime chinois ont remporté une victoire écrasante. La Chine y a répondu en réprimant toute dissidence et en refondant le système politique de la ville par la réduction le nombre d’élus directs et le passage au crible des élus et de leur patriotisme.
La dissidence criminalisée
Depuis les manifestations de 2019, la Chine a imposé une loi de sécurité nationale qui a criminalisé une grande partie de la dissidence et a commencé à remodeler Hong Kong à son image autoritaire. Plusieurs conseillers de district ont été accusés de crimes contre la sécurité nationale. De nombreux autres ont fui à l’étranger.
Dans le cadre des dernières poursuites, les trois principaux responsables de l’Alliance, l’association organisatrice de la veillée annuelle à Hong Kong en mémoire de la répression de Tiananmen en 1989, ont comparu vendredi devant le tribunal pour «incitation à la subversion», après avoir refusé de coopérer à une enquête de sécurité nationale. Au tribunal, l’avocate Chow Hang-tung, l’une des personnes inculpées, a déclaré au juge que les accusations étaient «absurdes».
La veille, les forces de l’ordre chargées d’appliquer la loi draconienne sur la sécurité nationale ont fouillé le musée du 4-Juin dédié à la répression de Tiananmen en 1989, géré par l’Alliance de Hong Kong et qui avait été contraint par les autorités de fermer ses portes en juin. Les crimes contre la sécurité nationale sont passibles d’une peine de prison à vie et la majorité d’entre eux ne sont pas libérés sous caution avant le procès.
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