Manifeste

Dérives dictatoriales et démocratie à terre.

Le Sénégal vient de vivre une poussée de tensions politiques et sociales qui s’est soldée par la mort, officielle, de onze (11) jeunes, plusieurs dizaines de manifestants arrêtés, la destruction de biens publics et privés, etc.

Pendant ces jours sombres et sources de risques de toute nature, le pays était au bord du précipice. N’eût été l’intervention prompte et l’appel des guides religieux de tout bord ainsi qu’une poignée de régulateurs sociaux, le pays aurait plongé dans l’irréparable.

La Table de concertation de l’opposition sénégalaise au Canada s’incline devant la mémoire de ces disparus, prie pour le repos de leur âme et compatit à la douleur de leurs familles. Elle magnifie le rôle des guides religieux et celui des régulateurs sociaux dont la diligence et le sens de l’intérêt général nous ont permis d’éviter le pire.

Ces tensions, avec leur cortège funeste et funèbre, sont le résultat d’une crise multidimensionnelle : une crise politique, une crise économique, une crise sociale, une crise de légitimité et une crise de confiance. Elles sont l’expression généralisée d’un ras-le-bol devant l’absence de perspectives, le mal de vivre, le chômage endémique, la paupérisation accrue, la gangrène de la corruption, l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques, la mal gouvernance économique, financière et sociale. Last but not least.

Ce qui s’est passé découle de l’incurie, de l’incompétence et de l’immobilisme de Macky Sall et de son Gouvernement. Donc, c’était une situation prévisible. En effet, la situation chaotique que le Sénégal a vécue ces derniers jours n’est pas le fruit du hasard, ni l’effet d’une éruption volcanique. C’est le résultat prévisible d’un processus longtemps dénoncé, avec véhémence et répétition, par plusieurs partis politiques, organisations syndicales et mouvements de la société civile.

Comme à leur habitude, Macky Sall et ses Gouvernements ont toujours fait preuve d’autisme en faisant fi de toutes ces alertes. Le Sénégal se résume à eux. Ils vivent sur une autre planète, dans un pays imaginaire loin des réalités et tracas quotidiens, qui caractérisent la vie des sénégalais(es) dans leur écrasante majorité.

Après 9 ans de règne, le bilan de Macky Sall et de ses différents gouvernements est loin d’être reluisant. Il est synonyme de chômage massif des jeunes, ce qui pousse bon d’entre eux à tenter l’aventure de l’émigration au péril de leur vie, en empruntant la voie suicidaire des mers ou celle du désert. Leur bilan bat tous les records d’inégalités sociales, car plusieurs de leurs politiques et programmes mis en œuvre ont fini de faire basculer des franges importantes de la population dans la pauvreté et la vulnérabilité. C’est un bilan qui se distingue par la déchéance de l’école publique sénégalaise, jadis principal ascenseur social, avec une multiplication des abris provisoires, un déficit chronique d’enseignants, des classes aux effectifs pléthoriques et une non-orientation de milliers de nouveaux bacheliers, les privant ainsi la possibilité de mener des études universitaires.

Au même moment, Macky Sall s’est lancé dans des dépenses d’investissements somptuaires et improductifs, lesquels ont englouti plusieurs centaines de milliards FCFA, à l’image du Train Express Régional (TER) qui tarde à être fonctionnel, du Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD), de l’Aréna, etc. C’est aussi un bilan marqué par les plus gros scandales que le Sénégal n’a jamais connus depuis son accession à la souveraineté internationale : affaires PetroTim, Arcelor Mittal, Total, PRODAC, Bigtogo, etc.

Tous ces scandales sont demeurés sans suite, consacrant ainsi un règne de l’impunité. Pire, la personnalité clivante de Macky Sall et sa manie à politiser, à outrance, tous les actes qu’il pose, ont fini de dresser le Sénégal en deux camps : d’une part, sa famille, son clan ainsi que ses partisans et, d’autre part, l’écrasante majorité des citoyens(nes) sénégalais(es). L’appartenance au premier camp assure à ses membres prébendes, protection, impunité, partage des richesses, etc.

Quant aux membres du camp d’en face, seule la géhenne leur est promise : arrestations, emprisonnements, chômage massif, mise en quarantaine, etc.

Face à la gravité de la situation, les sénégalais vivant au Canada, membres des partis politiques de l’opposition :

– dénoncent, jusqu’à leur dernière énergie, la brutalité et la disproportion de la répression qui s’est abattue, injustement, sur les vaillantes populations sénégalaises ;

– exigent, sans délai, l’ouverture d’enquêtes indépendantes pour établir les responsabilités dans la survenue de morts et de blessés et, subséquemment, engager les poursuites idoines contre les personnes identifiées comme fautives ;

– s’indignent des arrestations arbitraires et des détentions de citoyens(nes) sénégalais(es), opérées au mépris de la loi par les forces de l’ordre et réclament leur libération immédiate et inconditionnelle ;

– demandent au pouvoir judicaire, dernier rempart d’un État de droit, de faire preuve d’indépendance et d’impartialité dans le traitement des dossiers en cours notamment en refusant toute immixtion de l’Exécutif dans la distribution de la justice ;

– rappellent à l’ordre Macky Sall et son Gouvernement et les tiennent pour responsables de tout ce qui est en train de se passer et d’avoir plongé le pays dans le chaos.

La Table de concertation de l’opposition sénégalaise au Canada entend mener toutes les actions utiles, ici au Canada, notamment la dénonciation, auprès des Gouvernements et des Parlements du Canada et du Québec, des dérives totalitaires et dictatoriales de Macky Sall ainsi que l’instrumentalisation de la Justice à des fins politiques.

La Table de concertation de l’opposition sénégalaise au Canada va identifier et dresser la liste toutes les autorités politiques et responsables des forces de sécurité sénégalaises impliquées dans cette vague sanglante de répression pour les dénoncer auprès des autorités canadiennes et québécoises afin que leur soit refusée toute entrée sur le territoire canadien ainsi que le gel de leurs avoirs.

Montréal, le 13 mars 2021

Pathé GUEYE, Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT)
Serigne Mass DIBA, Grand Parti
Mohamadou SARR, Parti Démocratique Sénégalais (PDS)
Amidou DIAO, PASTEF / Les Patriotes
Mor BA, Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR)
Cheikh FAYE, République des Valeurs / Réewum Ngor
Lamine Dingass DIÉDHIOU, Société civile
Me Pape KANTÉ, Société civile

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