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Démantèlement d’un réseau de vols de voitures à destination du Togo et de la Gambie

Volées en Ile-de-France, revendues en Afrique : la mécanique bien huilée d’un réseau de voleurs de voitures

Sept personnes suspectées d’avoir dérobé en Ile-de-France au moins une trentaine de véhicules ensuite expédiés en Afrique ont été interpellées en début de semaine par les gendarmes. Révélation sur un mode opératoire par étapes.
 
C’est une enquête qui débute par le coup de chance d’une brigade de gendarmerie des Yvelines au cours d’une patrouille dans un village d’à peine 900 habitants.

À Saulx-Marchais, au cours du mois de juin, les militaires sont attirés par deux étranges conteneurs posés en pleine campagne. À l’intérieur, trois véhicules haut de gamme : un Range Rover Evoque, une Peugeot 3008 et une DS7 Crossback.

Les voitures sont passées au fichier et les gendarmes constatent qu’elles ont été dérobées la nuit précédente à Paris, dans les Yvelines et en Eure-et-Loir. La logistique, les conteneurs, l’état des voitures qui ne semblent pas avoir été forcées pour être démarrées… tout indique que des voleurs de haut niveau se cachent derrière ces faits.

Six mois plus tard, sept hommes ont été interpellés en début de semaine par les enquêteurs de la section de recherches (SR) de Versailles, principalement en Seine-Saint-Denis. Tous les suspects ont été mis en examen et quatre d’entre eux ont été incarcérés. Ces malfaiteurs, initialement identifiés grâce à des surveillances et un gros travail sur la téléphonie, les enquêteurs les ont suivis et observés pendant six mois, partout en Ile-de-France.

Discrètement, les gendarmes ont décortiqué le fonctionnement de ce groupe criminel prudent et suspecté d’avoir volé et organisé l’export vers l’Afrique d’une trentaine de véhicules, principalement des Peugeot 3008 et 5008. Un trafic rendu possible par un homme de 23 ans, déjà connu de la justice et véritable pierre angulaire du réseau.

«Un vrai savoir-faire»
De nuit, pratiquement toujours seul, ce voleur expérimenté rôde dans les beaux quartiers. Discret et habile, il force les portes de véhicules haut de gamme sans être tape à l’œil. Il pirate ensuite le logiciel interne de la berline à l’aide d’un ordinateur et d’un logiciel de reprogrammation illégal.

En quelques minutes, le véhicule est complètement déréglé et possède une nouvelle clé électronique aux mains du voleur. Le travail le plus technique effectué, le malfaiteur quitte discrètement les lieux… sans la voiture afin de déjouer une éventuelle surveillance et d’éviter une interpellation en flagrant délit. Certaines nuits, ce voleur de haut vol payé entre 500 et 1000 euros par véhicule a été capable d’en déverrouiller six en quelques heures.

« Il faut un vrai savoir-faire pour voler proprement ces voitures modernes, souligne une source proche de l’enquête. Il était malin et prenait énormément de précautions. »

Les véhicules sont régulièrement déplacés
Vient ensuite le travail ingrat et risqué. Un peu plus tard dans la nuit, lorsque les voleurs sont convaincus que les propriétaires n’ont pas prévenu le 17 et que les véhicules ne sont pas surveillés par les autorités, de petites mains payées une cinquantaine d’euros entrent en jeu.

Ce sont ces voleurs sans envergure qui récupèrent les autos et prennent le risque d’être interpellés en flagrant délit. Ils roulent quelques kilomètres avant de garer les voitures dans des endroits discrets sur la voie publique. Pendant des jours, des semaines, plus rien ne bouge. Équipés de nouvelles plaques d’immatriculation, les véhicules sont régulièrement déplacés par les petites mains. Un bon moyen, pensent alors les malfaiteurs, de déjouer une éventuelle surveillance…

Quelques semaines plus tard, les voitures sont discrètement récupérées et placées dans des conteneurs. Une équipe spécialisée prend ensuite la main : les box métalliques chargés de trois ou quatre voitures sont transportés au Havre, puis embarqués sur des bateaux à destination du Togo ou de la Gambie.

En moins de six mois, ce sont ainsi plus de 30 véhicules volés en région parisienne qui ont pris la route du continent africain. Une enquête incidente a par ailleurs été confiée à la police judiciaire d’Orléans (Loiret) après la découverte, chez un suspect installé à Vernouillet, de 25 kg de résine de cannabis, 1,2 kg d’héroïne, 270 g de cocaïne et plus de 100 000 euros en liquide

Avec Vincent Gautronneau et Jérémie Pham-Lê

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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