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De Jammeh à Bounama Rasta, l’ascension d’Aliou Cissé vers le sommet

De sa nomination à la tête de la Sélection nationale en mars 2015 au sacre des Lions en Coupe d’Afrique des Nations (CAN), dimanche, à Yaoundé (Cameroun), Aliou Cissé est passé par tous les sentiments, faisant l’objet de railleries de fans qui tardaient à lire son coaching.

De sa première liste publiée pour faire face au Ghana, le successeur d’Alain Giresse sur le banc des Lions, n’a pas apporté de révolution de palais en appelant tous les joueurs sélectionnables.

Demba Ba, qui avait des incompréhensions avec l’ancien technicien français des Lions, avait d’ailleurs été sélectionné pour ce match contre les Black Stars du Ghana.

Lors de cette rencontre, Aliou Cissé a pu compter sur les joueurs avec lesquels il a cheminé à Londres lors des Jeux olympiques en 2012.

Pour prendre toutes les clefs de la maison et asseoir son autorité, Cissé n’a pas hésité à faire le ménage poussant à la retraite internationale tous ceux qui ne cadraient pas avec sa manière de faire.

De cette décision est sortie le sobriquet de Yaya Jammeh du nom de l’ancien autocrate Gambien.

Aliou Cissé n’a pas gagné la CAN 2017, mais avait réussi à faire passer et donner une ligne directrice à la sélection nationale, faisant paradoxalement naître des regrets. Une compétition remportée par les Lions Indomptables du Cameroun, tombeurs du Sénégal en quarts de finale.

En dépit des critiques, Cissé continue sa mission avec la bénédiction de la Fédération sénégalaise de football (FSF) qui accepte de le renforcer dans ses prérogatives.

L’équipe est loin d’être séduisant en termes de jeu, mais ne perd pas. Elle parvient à retourner en Coupe du monde et est finaliste malheureuse de la CAN 2019.

Les éliminatoires de la CAN 2021 lui font toucher les limites de sa prise de pouvoir et des risques qu’ils a pris. Le Sénégal frôle la catastrophe à Brazzaville (0-0) et la correctionnelle à Thiès contre l’Eswatini avec une égalisation intervenue dans les derniers instants de la partie.

Aliou Cissé, qui avait tenté de jouer avec trois défenseurs, a entendu des vertes et pas mûres, des observateurs demandant sa démission ou son renvoi pur et simple.

La Fédération tient bon, lui renouvelle sa confiance alors qu’il venait de se qualifier aux barrages des éliminations à la Coupe du monde 2022.

Un autre sobriquet avait déjà vu le jour : Bounama Rasta du nom d’un lutteur des arènes sénégalaises qui ne gagne pratiquement jamais. Mais Aliou Cissé semble avoir compris la leçon en acceptant de faire son autocritique, faisant preuve d’une plus grande ouverture.

Cette ouverture est à l’origine d’une rencontre inédite avec les médias sénégalais présents à Bafoussam (ouest du Cameroun) à l’occasion de la CAN.

Il y a également cette sortie sous forme de confession au sujet de l’équipe nationale : ’’Elle appartient aux 17 millions de Sénégalais qui ont le droit d’émettre des critiques qui sont souvent justifiées’’.

Dans la salle de conférence du stade Ahmadou Ahidjo, Aliou Cissé qui vient de gagner proprement contre le Burkina Faso (3-1) après avoir sorti quelques jours plus tôt une teigneuse équipe de la Guinée Equatoriale, a touché en plein dans le mille.

Sa conférence de presse de veille de finale a fini de convaincre que le natif de Ziguinchor (sud) a passé des caps et est prêt à intégrer des techniciens ayant gagné le Graal continental.

Avec le premier titre décroché dimanche contre l’Egypte, l’ogre de la CAN avec 7 titres, Aliou Cissé a pris place dans l’Histoire du football sénégalais.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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