Avec le coup d’Etat du 26 juillet dernier au Niger, la situation en Afrique de l’Ouest se crispe encore un peu plus. Zone d’influence française pendant longtemps, plusieurs milliers de militaires sont encore déployés dans un espace qui s’étend du Sénégal au Tchad, en passant par Djibouti et le Gabon. Si certaines régions ne présentent pas de risque particulier, d’autres pays sont toutefois déconseillés.
Au Sahel, la France compte environ 2 500 soldats toujours déployés. Ils se répartissent aujourd’hui sur le Niger et le Tchad. Concernant le premier pays, les ressortissants français ont déjà commencé à évacuer le territoire à la suite du coup d’État. L’avenir des militaires est quant à lui incertain.
Pour Nicolas Normand, ancien ambassadeur au Mali et au Sénégal et auteur du Grand livre de l’Afrique, le scénario le plus probable est que « la population se regroupe en faveur des putschistes, et donc il faudra retirer l’armée française normalement ».
Cette dernière avait été envoyée pour lutter contre le terrorisme et l’ancien ambassadeur estime que « dans le scénario de rupture totale avec les partenaires occidentaux, on aurait un décrochage sécuritaire important et rapide. »
Concernant le Tchad, le ministère des Affaires étrangères maintient la plus grande fermeté à l’égard des ressortissants français. Il est formellement déconseillé de se rendre sur place et le risque d’enlèvement y reste élevé.
Le Mali et le Burkina Faso devenu « no go zone »
« Au Mali et au Burkina Faso, on constate une augmentation des victimes de la violence extrémiste djihadiste », explique Nicolas Normand. Depuis 2020 les deux pays ont chacun subi un coup d’Etat perpétré par des militaires.
Ces événements ont conduit au départ de l’armée française, alors déployée dans le cadre de l’opération Barkhane, qui luttait contre le djihadisme au Sahel. Aujourd’hui, l’Etat malien s’apparente à une dictature et semble obtenir le soutien des membres du groupe paramilitaire Wagner.
Le Burkina Faso, tout comme le Mali, est formellement déconseillé aux voyageurs et aux ressortissants français. Le Burkina Faso a connu un scénario similaire à son voisin malien. En septembre 2022, c’est une junte militaire menée par Assimi Goita qui avait renversé le pouvoir pour s’implanter à la tête du pays.
Depuis le coup d’État au Niger, les deux pays ont notamment fait savoir que si une intervention militaire était menée, ils l’interpréteraient comme une déclaration de guerre.
Des voisins préoccupés, mais pas encore concernés
Les voisins du Sahel comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire concentrent quant à eux 1 300 soldats français, une force qualifiée de « prépositionnée ». Au Sénégal, des manifestations à l’encontre du pouvoir central ont été constatées dans les principales villes comme Dakar ou Ziguinchor.
En Côte d’Ivoire, la situation également stable hormis dans le nord du pays. Le quai d’Orsay recommande aux ressortissants français d’éviter les zones frontalières à cause des risques d’attentat terroriste.
Selon Nicolas Normand, les Français résident sur place ne sont pas en danger : « Il n’y a jamais eu d’attaque djihadiste au Sénégal et anciennement en Côte d’Ivoire. En plus, il y a une implantation française dans ces deux pays. » Des territoires encore stables mais tout même surveillés.
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