Choix du pays d’accueil, comité d’experts, tables-rondes… Moscou travaille d’arrache-pied pour que la deuxième grand-messe russo-africaine, prévue courant 2022, soit un succès.
Le représentant spécial du président russe Vladimir Poutine sur l’Afrique et le Moyen-Orient, Mikhail Bogdanov, accélère les préparatifs du futur sommet Russie-Afrique. Il est épaulé en cela par l’ancien directeur adjoint du département Afrique, Oleg Ozerov, qui est chargé du dossier au quotidien en tant qu’ambassadeur itinérant.
Francophone et arabophone, ce dernier est passé par l’ambassade de Russie à Paris et a été ambassadeur en Arabie saoudite. L’événement Russie- Afrique se tiendra courant 2022 sur le sol africain, soit trois ans après la première conférence de ce type à Sotchi en Russie en octobre 2019. Quarante-trois présidents avaient alors fait le déplacement.
LE CAIRE, DAKAR OU ADDIS-ABEBA
Le Kremlin envisage d’accueillir l’événement dans l’un de ces trois pays : l’Egypte, le Sénégal ou l’Ethiopie. Le Caire a actuellement les faveurs de Moscou, mais l’option sénégalaise est aussi examinée par le ministère des affaires étrangères russe.
Le 7 avril, l’homme d’affaires français Jean-Yves Ollivier – intime du président sénégalais Macky Sall et très bien introduit à Moscou – a fait le déplacement à Moscou pour y rencontrer Mikhail Bogdanov. A la tête de la Fondation Brazzaville, le courtier en « diplomatie privée » a activement vendu la candidature de Dakar à son interlocuteur. La Russie est jusqu’à présent très peu implantée au Sénégal et ne possède qu’un lien historique ténu avec Dakar, à l’inverse des capitales voisines Bamako et Conakry.
Outsider, l’Ethiopie revêt néanmoins un intérêt stratégique pour la Russie : sa capitale Addis-Abeba accueille le siège de l’Union africaine (UA).
UN COMORIEN À LA MANŒUVRE CÔTÉ AFRIQUE
Mikhail Bogdanov a nommé un comité de neuf experts pour le conseiller sur les étapes à suivre d’ici au sommet de 2022. Selon nos sources, deux Africains se trouvent dans ce cénacle, dont l’ancien président par intérim et ex-premier ministre comorien Hamadi Madi « Bolero ». Ce dernier a lâché en 2020 les rênes de la Commission de l’océan Indien (COI) regroupant les Comores, La Réunion (France), Madagascar, Maurice et les Seychelles.
Parfaitement russophone, Bolero a effectué une partie de ses études en ex-URSS à la fin des années 1980. Il était notamment dans la promotion de l’actuel ministre des affaires étrangères tchadien, le puissant Mahamat Zene Chérif, cheville ouvrière de la normalisation des relations entre la communauté internationale et le Conseil militaire de transition (CMT) dirigé par Mahamat Idriss Déby, dit « Kaka », arrivé aux affaires à la suite du décès en avril 2021 de son père Idriss Déby.
POUTINE MOBILISE RUSSIE UNIE
Depuis quelques semaines, les tables rondes entre officiels russes et élites politiques africaines se multiplient. Deux journées de webinaire ont déjà été organisées, les 24 et 25 mars 2021, par le parti au pouvoir Russie unie et son secrétaire général adjoint Andrei Klimov.
Y ont participé plusieurs dirigeants africains tels que João Lourenço (Angola) et Abiy Ahmed Ali (Ethiopie). Des cadres de plusieurs partis africains, comme le Zanu-PF (Zimbabwe), le Patriotic Front (Zambie), le MPLA (Angola), le Prosperity Party (Ethiopie),le Parti congolais du travail (Congo), le Front patriotique rwandais (Rwanda), le Parti de la justice et du développement (Maroc), le Jubilee Party (Kenya), l’African National Congress (Afrique du Sud) ou encore l’All Progressives Congress (Nigeria), y ont aussi assisté.
Pour Mikhail Bogdanov, Russie unie joue ainsi le rôle de courroie de transmission avec les organisations politiques africaines afin de s’assurer que le sommet de 2022 accueille le plus grand nombre de présidents.
Source Africa Intelligence
