Le chef de l’État a annoncé hier, lors du Conseil des ministres, la tenue, dans le courant de la semaine prochaine, de comités régionaux et départementaux de développement (CRD et CDD) sur l’emploi des jeunes. Encore des promesses éléphants blancs pour tromper les jeunes… A souhaiter, surtout, qu’ils ne connais- sent pas le sort des promesses des Conseils des ministres décentralisés !
Macky Sall a-t-il fait un aveu d’échec dans sa politique pour l’emploi des jeunes ? Tout porterait à le croire avec ses multiples sorties et nombreuses propositions pour trouver des emplois aux jeunes qui errent partout dans le pays.
En effet, du 03 au 08 Mars dernier, des milliers de jeunes sans emplois ont profité de la convocation suivie de l’arrestation de Ousmane Sonko pour faire exploser leur colère contre le président de la République qui, pourtant, se targuait d’avoir crée des milliers d’emplois grâce à ses structures telles que la Délégation Générale à l’Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER-FJ), l’Agence nationale pour l’Emploi des jeunes (ANPEJ), l’Agence de Développement et d’Encadrement des petites et moyennes Entreprises (ADEPME), l’Agence pour l’Emploi des Jeunes des Banlieues (AJEB), l’Agence nationale pour l’Emploi des Jeunes (ANEJ), l’Agence nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ), le Fonds national de Promotion de la Jeunesse (FNPJ) voire le Fonds de Garantie des investissements Prioritaires (FONGIP).
Que de sigles, bon Dieu que de sigles de structures officiellement dédiées aux jeunes mais destinées en réalité à caser les militants et la clientèle du régime en place !
Une millième promesse…
Depuis quelques jours, Macky Sall ne rate aucune occasion pour parler de l’emploi des jeunes comme si, désormais, seule cette frange de notre population compterait à ses yeux.
Hier encore, le chef de l’État a, en Conseil des Ministres, parlé de l’emploi des jeunes. «… Il (le Chef de l’État, ndlr) a, à ce propos, insisté sur la nécessaire prise en charge des préoccupations des jeunes, par un changement de paradigme, en développant davantage une démarche d’écoute et de proximité dans la formation, l’encadrement, l’entreprenariat, l’insertion et l’emploi des jeunes.
Le Président de la République souligne l’impératif de territorialiser, au niveau des communes et départements, les plateformes de gestion des offres et demandes d’emplois des jeunes et de déployer les dispositifs innovants de l’Economie sociale et solidaire. A cet égard, le Chef de l’Etat a requis la tenue, dans le courant de la semaine prochaine, des Comités régionaux et départementaux de développement (CRD et CDD) sur l’Emploi des jeunes associant tous les acteurs concernés… », nous informe le communiqué sanctionnant ce Conseil.
Développer davantage une démarche d’écoute et de proximité dans la formation, l’encadrement, l’entreprenariat, l’insertion et l’emploi des jeunes. Ah bon, ce n’était pas le cas jusque-là et depuis neuf ans que l’actuel président est aux commandes de notre pays ? Pourtant depuis 2012, Macky Sall ne cesse de promettre des emplois aux jeunes. L’on se rappelle pourtant qu’à la veille de la Fête nationale du 4 avril de 2016, l’emploi des jeunes avait occupé une place centrale dans son discours.
Il avait même promis des emplois aux jeunes avec la mise en œuvre de programmes dans l’agriculture, les infrastructures, l’hôtellerie… Son ex-Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne, avait même déclaré l’année 2016 « année de l’emploi » !
C’était à l’occasion de son passage, le 21 janvier de la même année, à l’Assemblée nationale pour répondre à des questions d’actualité. Lors de son discours du 3 avril 2016, le président de la République avait confirmé cette option du chef du gouvernement.
Mieux Macky Sall avait réitéré son engagement à faire de « l’éducation, la formation, l’emploi des jeunes » une de ses préoccupations. Et avait ainsi annoncé de nombreux projets, en cours de réalisation ou en phase de lancement, qui devaient être une niche d’emplois non négligeable.
Dans « l’immédiat », le Président Sall annonçait la préparation de 10 000 jeunes à disposer d’emplois dans « vingt corps de métier cibles ». 2000 autres emplois devaient aussi être créés dans des secteurs tels que la Santé, l’énergie, l’hôtellerie grâce au Fonds souverain d’investissement stratégique (Fonsis).
Macky Sall informait, par ailleurs, lors de son discours à la Nation de cette même année 2016, la création de deux centres de formation professionnelle à Thiès et à Guédiawaye dans la banlieue, sans compter, disait-il, « la redynamisation de l’école de formation en agriculture de Bignona ».
« L’insertion professionnelle des jeunes sera aussi soutenue par des centres spécialisés dans le machinisme agricole à Diama, la mécanique de poids lourds et la maîtrise énergétique à Diamniadio », promettait-il. Le président de la République se glorifiait en faisant le bilan « des milliers d’emplois » qui ont été créés grâce aux différents projets lancés dans les domaines de l’agriculture, des infrastructures.
Quand Macky promettait un million d’emplois aux jeunes…
En 2019, le président promettait quelque 1 000 000 d’emplois s’il était réélu. « Mon gouvernement a créé 491.000 emplois entre 2012 et 2019 », plastronnait-il. Avant de s’engager, on l’a vu, à créer 1.000.000 d’emploi durant son second mandat. « Là où je vous parle, mon gouvernement a créé 491.000 emplois entre 2012 et 2019.
Cela est différent des emplois dans les secteurs de l’agriculture, du commerce, etc. J’ai pris un nouvel engagement, c’est-à-dire de créer un million d’emplois pour le quinquennat », avait promis Macky Sall à la jeunesse de notre pays.
Une promesse de taille qui avait laissé le public du Stade Alassane Djigo de Pikine sans voix lors de la campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2019. Devant le scepticisme de son auditoire, il expliquait que cela est réalisable grâce aux programmes suivants : « le programme de d’habitat, les programmes dans l’agriculture, le programme PSE vert, la DER … »
Trois ans après ces belles promesses, c’est comme si aucun jeune ne travaillait au Sénégal. À preuve par les milliers de jeunes qui étaient sorties il y a deux semaines dans les rues de nos villes pour réclamer du travail.
Quelques mois auparavant, des centaines d’autres jeunes qui n’avaient vu aucun de ces emplois promis avaient trouvé la mort au fond de l’océan en voulant rejoindre Barça…
Quant à ceux qui sont restés au pays, ils risquent de se noyer dans les promesses du président de la République !
Bassirou DIENG
