France

Claude Guéant, le « cardinal » déchu de Nicolas Sarkozy

Des primes en liquide du ministère de l’Intérieur aux sondages de l’Élysée, l’incontournable de la présidence Sarkozy, le « cardinal » Claude Guéant, emprisonné depuis décembre dernier et condamné vendredi à huit mois ferme, incarne les affaires du quinquennat 2007-2012.

L’ex-premier flic de France devenu avocat, âgé de 77 ans, était déjà détenu à la prison de la Santé pour son manque d’efforts à régler les amendes et dommages et intérêts auxquels il avait été condamné en 2017 dans l’affaire des primes en liquide du ministère de l’Intérieur.

Sa deuxième affaire, celle des sondages de l’Élysée, s’est soldée vendredi par une nouvelle condamnation: un an dont huit mois ferme avec mandat de dépôt.

Né à Vimy (Pas-de-Calais) le 17 janvier 1945, énarque de la promotion 1971, Claude Guéant a commencé à fréquenter la place Beauvau comme conseiller technique du ministre Christian Bonnet à la fin des années 1970.

Préfet puis patron de la Police nationale nommé par Charles Pasqua, cet homme affable était alors des plus respectés.

Artisan de la campagne de Nicolas Sarkozy, il obtient le secrétariat général de l’Élysée après la victoire de 2007 où son influence le rend incontournable dans les couloirs de l’exécutif. Il est alors affublé du sobriquet de « cardinal ».

Homme de l’ombre, il prend une première fois la lumière en juillet 2007, lors de l’épisode des infirmières bulgares, qu’il va chercher en Libye avec Cécilia Sarkozy, alors épouse du président, même s’il prend soin de lui laisser le crédit de l’opération.

Longtemps craint par des ministres qu’il n’hésitait pas à réprimander -« à humilier », affirment certains-, celui qui était devenu « la doublure » du président avait obtenu le ministère de l’Intérieur en 2011, un poste hautement stratégique en vue d’une réélection de Nicolas Sarkozy l’année suivante. Mais le président échoua face à François Hollande et son ministre fit de même aux législatives dans les Hauts-de-Seine.

« Guéant, c’est le flic sérieux fasciné par les voyous », affirme un haut fonctionnaire, habitué des arcanes de la politique.

Quelques années plus tard, le « cardinal » est contraint de délaisser l’intimité des cabinets ministériels pour les prétoires plus exposés.

Isolé
L’ancien premier flic de France est cité dans plusieurs affaires de la présidence Sarkozy.

Il a été condamné avec d’autres collaborateurs pour avoir bénéficié à titre personnel de primes en liquide du ministère de l’Intérieur à deux ans d’emprisonnement dont un an avec sursis et 75.000 euros d’amende et au remboursement des sommes reçues.

Il doit à cette condamnation son séjour à la Santé depuis décembre: la justice lui reproche son manque d’effort pour payer l’amende et les dommages et intérêts.

« J’ai fait tout ce que je pouvais et je fais tout ce que je peux pour m’acquitter de ma dette », s’est-il défendu, expliquant « vivre au quotidien, très modestement », « aider (ses) enfants », « dans une situation dramatique l’un et l’autre », et « rémunérer une femme de ménage » qu’il ne voulait pas « licencier à 61 ans ».

Un « discours de victimisation » qui n’a pas convaincu le procureur, pour qui « M. Guéant (…) frôle le mépris pour la décision de justice venue (le) sanctionner pour son incurie ».

Outre l’affaire des sondages et celle des primes en liquide, Claude Guéant est également mis en examen dans le dossier du financement libyen présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

En 2013, les enquêteurs découvrent que M. Guéant avait perçu 500.000 euros sur un compte, le 3 mars 2008, en provenance d’un avocat malaisien. Il avait expliqué que ce versement était le fruit de la vente de deux tableaux flamands. Les enquêteurs, qu’il n’a pas convaincus, soupçonnent une possible contrepartie à un « pacte de corruption ».

Avec l’accélération du dossier libyen, son ancien mentor Nicolas Sarkozy a semblé prendre des distances avec son ex-plus fidèle lieutenant. L’ancien chef de l’État est resté muet après l’incarcération de son ex-secrétaire général. Et Claude Guéant apparaît de plus en plus isolé.

Veuf, il est père de deux enfants et plusieurs fois grand-père.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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