Dans la première décennie du 20e siècle, la localité de Ngaye Mekhé, dans le département de Tivaouane, fut une grande terre d’attraction aussi bien sur le plan économique que spirituel. Mekhé était aussi une terre où les chemins d’hommes de Dieu se sont croisés pour faire du commerce, mais aussi et surtout pour faire face à l’acculturation. Grand traitant d’arachide à l’époque, Cheikh Mourath NDAW a reçu Seydi El Hadji Malick SY, Cheikh Ahmadou BAMBA et Cheikh Saad Bouh AIDARA qui ont prié dans sa petite mosquée.
Seydi El Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Saad Bouh Aidara auraient prié ensemble dans la petite mosquée de Cheikh Mourath Ndaw, père du cinquième président de l’assemblée nationale du Sénégal, Abdoul Aziz NDAW (1988-1993) au quartier Mbambara en plein coeur de Mekhé, nous a t-on raconté.
Mais l’histoire orale ne nous a pas dit comment s’est déroulé une telle prière et si véritablement ces trois hommes de Dieu se sont retrouvés dans cette mosquée, au même moment, encore moins de quelle prière il s’agissait. Est ce le Duhr (14 heures), l’Asr (17 heures) ou le Maghrib (19 heures). Notre source ne nous a pas non plus indiqué qui avait dirigé la prière ?
Pour en avoir le coeur net, nous sommes grâce à un des homonymes et petit-fils de Cheikh Mourath NDAW, Mourath SARR, cameraman à Walf TV Thiès, entrés en contact avec la famille du saint homme.
Sa petite-fille, Mbarka NDAW montrant un grand enthousiasme nous a calés un rendez-vous avec Sidy Mouhamed NDAW, petit-fils de Cheikh Mourad NDAW et délégué du quartier Mbambara où les chemins de ces guides religieux se seraient croisés
Le soleil distillait encore ses rayons, quand aux environs de 15h30, nous sommes arrivés chez le délégué de quartier qui nous reçoit. Dès le début de l’entretien, Sidy Mouhamed NDAW tient à lever toute équivoque sur la question. Oui, El Hadj Malick SY, Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Saadbou Aidara ont séjourné dans la maison de Cheikh Mourad NDAW, mais à des périodes bien différentes.
Le chef de quartier de Mbambara, par ailleurs petit-fils de Cheikh Mourath NDAW s’est voulu très clair. «Ils ont tous séjourné chez Cheikh Mourath NDAW et on prié dans sa petite mosquée, mais à des époques différentes », fait il savoir.
Mais qui est réellement Cheikh Mourath NDAW pour que les hommes de Dieu de la trempe de Seydi El Hadj Malick SY, Cheikh Ahmadou BAMBA, Cheikh Saad Bouh AIDARA séjournent chez le plus grand traitant d’arachide du Cayor des profondeurs ? Là est toute la question.
Mais en à croire Sidy Mohamed NDAW, son grand père faisait partie des élus de Dieu (Waliyou). Malgré sa réussite matérielle, sa foi en son seigneur, son amour pour le prophète Mohamed, (PSL) et son dévouement pour le rayonnement de l’Islam qui lui ont valu une grande estime des guides religieux les plus réputés de son époque: Thierno Malick DRAME de Hamdallaye, Seydi El Hadj Malick SY, Cheikh Ahmadou BAMBA, Cheikh Saad Bouh AIDARA, et Cheikh Sidiya BABA de Mauritanie, son guide spirituel qui l’avait d’ailleurs élevé au rang de Cheikh.
Il a aussi bénéficié des prières de ce dernier pour que Dieu lui octroie une progéniture parce qu’il n’en avait pas. Et il finit par avoir beaucoup d’enfants.
Cheikh Mourath NDAW était aussi le représentant de la confrérie Khadria à Mekhé et des environs, ce qui justifiait également l’intérêt des visites de ces guides religieux.
Le colon avait fait de lui, le Cadi (Magistrat musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses), de la localité.
Il était donc juge du droit musulman et remplissait des fonctions civiles, judiciaires et religieuses à Ngaye Mekhé.
Cheikh Mourath NDAW a séjourné en Guinée avec son homonyme et a travaillé comme matelot dans les bateaux qui naviguaient sur le fleuve Sénégal entre Saint Louis et Kayes puis comme employé à la maison Maurel et Prom à Kellé avant de s’installer définitivement à Ngaye Mekhé où il tenait un commerce prospère en qualité de grand traitant de la production arachidière.
En effet, avec l’installation de la gare ferroviaire, à la fin du règne des Damels, marquée par le début de l’époque des provinces et de la traite de l’arachide, Mekhé était aussi la capitale économique des provinces du Cayor.
L’administration coloniale et des commerçants, français et Libanais s’y étaient établis, Ainsi Cheikh Ahmadou Bamba MBACKE et Seydi El Hadj Malick SY vendaient leurs récoltes d’arachides à Cheikh Mourath NDAW, selon son petit-fils.
Pour faire face à l’acculturation de la civilisation, dans cette zone qui était devenue une terre de convergence, sous l’influence française, il fallait installer à coté des daaras d’obédience Mouride, Tidiane et Khadria pour combattre l’assimilation à la civilisation française.
Avec son cadre, Mekhé était propice au commerce et à la spiritualité.
Des stratégies qui ont fini par payer puisqu’ils ont su maintenir la majeure partie des populations dans le sillage de l’Islam, comme les disciples Mouride, Tidiane et Khadre.
Un Gamou est célébré d’ailleurs à Ngaye Mekhé tous les ans depuis 1942 pour célébrer sa mémoire avec des lectures de Coran avec tous ses petits-fils réunis.
Rappelons enfin que Cheikh Mourath NDAW est né en 1859 à Saint Louis et décédé en 1942 à l’âge de 83 ans à Mekhé. Il a été enterré à NDER dans la commune voisine de Mekhé.
Avec Ibrahima NDIAYE
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