Récemment acquitté d’accusations de tentative de meurtre contre un avocat, le promoteur immobilier Jean-François Malo affirme que les deux hommes qui ont tiré sur son ennemi n’étaient pas ses « hommes de main », mais plutôt des « commissionnaires » qu’il avait engagés pour protéger sa maison contre des « rôdeurs ».
Dans cette affaire judiciaire, M. Malo est toujours accusé de voies de fait graves contre l’ex-avocat de la Fédération des caisses Desjardins, Nicholas Daudelin. Ses deux présumés complices, Cheikh Ahmed Tidiane Ndiaye, 43 ans, et Daouda Dieng, 37 ans, ont déjà été reconnus coupables d’avoir déchargé une arme à feu sur l’avocat, dans le cadre d’un procès séparé qui s’est conclu en 2023. Ils avaient respectivement pris neuf ans de prison pour Cheikh Ahmed Tidiane Ndiaye et dix ans de prison pour Daouda Dieng.
Selon la théorie de la Couronne, Jean-François Malo, frustré par une poursuite civile intentée contre lui par l’avocat de Desjardins dans une affaire de fraude qui n’a jamais été prouvée, a mandaté ces deux « hommes de main » pour s’attaquer à Me Daudelin à son domicile.
La preuve circonstancielle récoltée dans le cadre de l’enquête policière montre qu’une liste de personnes que Malo considérait comme ses ennemis, incluant le nom de Nicholas Daudelin, a été retrouvée sur le cellulaire de M. Cheikh Tidiane Ndiaye après l’attaque.
M. Malo a expliqué, lors de son témoignage étalé sur deux jours, lundi et mardi, qu’il a initialement embauché M. Ndiaye, un colosse d’origine sénégalaise travaillant dans les bars, parce qu’il voulait faire surveiller sa maison après que son épouse ait vu un photographe prendre des photos du domicile. De fil en aiguille, le Sénégalais est devenu « commissionnaire » pour lui, rendant une foule de menus services à son entreprise.
Prêtres marabouts
M. Malo a soutenu que cette liste contenant le nom de ses ennemis lui avait en fait été demandée par M. Ndiaye parce qu’il voulait faire envoyer des « ondes positives et négatives » par des prêtres marabouts d’Afrique avec qui il était en contact. « Je me suis dit : ça ne peut pas me faire de mal de faire des prières », a expliqué M. Malo. « Ça va me faire une occasion d’en rire autour d’un verre. J’ai embarqué dans la patente. » En plus de lui fournir la liste, M. Malo soutient avoir donné 200 $ à M. Ndiaye pour qu’il achète des poules et des coqs destinés à être égorgés dans le cadre d’un rituel marabout.
La preuve montre également que M. Malo a communiqué avec M. Ndiaye à un autre moment pour lui demander s’il avait bien reçu un transfert d’argent dans un compte de banque au Sénégal. Selon son témoignage, cette demande était en fait liée à un projet de transferts internationaux en provenance de comptes de banque de Hong Kong, qui s’est avéré être une « arnaque totale » dans laquelle l’homme d’affaires dit avoir perdu entre 400 000 $ et 500 000 $. « Il fallait trouver des banquiers en Afrique ou en Europe de l’est », une tâche à laquelle M. Ndiaye et M. Dieng ont activement participé. « Je me suis complètement fait avoir dans ce dossier-là », a affirmé M. Malo au juge Denys Noël.
Une autre preuve tirée de messages textos entre les deux hommes montre que M. Malo a demandé à M. Ndiaye de « cogner un huissier » qui était impliqué dans une saisie contre son entreprise. « C’était épais », s’est amendé M. Malo devant le juge. « Effectivement, j’ai eu un écart de jugement ».
Le procès dans cette affaire doit se poursuivre au cours des prochains jours. L’avocate Tian Meng représente la Couronne. Me Karl-Emmanuel Harrison représente M. Malo.
Tristan Peloquin
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