Il y a quelques semaines, beaucoup de Sénégalais découvraient le professeur Momar Coumba Diop que ses collègues surnommaient le « Diderot sénégalais » du fait de l’immensité de sa pensée intellectuelle.
Il a fallu qu’il quitte ce bas monde pour qu’une majorité de nos compatriotes découvre cet homme si attachant, si cultivé, si discret à travers les témoignages de ses amis et collègues. C’est là un des paradoxes de notre pays où l’on ne célèbre guère l’intelligence.
Les oeuvres de nos grands hommes et femmes ne sont connues que s’ils meurent. Des hommes et des femmes végétant de leur vivant dans un anonymat total sans que personne se préoccupe de leurs travaux. Lesquels n’intéressent que leurs communautés de pensée.
Encore que, dans lesdites communautés censées être intellectuelles, presque tout le monde fait aujourd’hui de la politique pour décrocher des postes de ministres, de DG, de PCA ! Et le savoir est devenu le cadet des soucis de ces messieurs et dames…
Pour en revenir à nos grands hommes et femmes, les médias, qui auraient dû nous faire découvrir ces héros, préfèrent faire la promotion d’antivaleurs et aussi de bouffons, de danseurs, de lutteurs et de chanteurs à la noix qui occupent l’espace médiatique en permanence, volant ainsi la vedette à nos écrivains, nos scientifiques, nos ingénieurs et médecins au parcours remarquable.
D’ailleurs, il y a fort longtemps que nos médias ne s’intéressent plus aux œuvres de la pensée, préférant le ludique. Ce que l’on appelle pudiquement LMD (Lutte Musique et Danse). Proposez-leur des jeux de l’esprit genre « Génies en herbe », ils vous tourneront le dos.
Et puis, ça n’intéresse point les sponsors. Conséquences, nos enfants sont bourrés de productions ludiques qui participent à leur décrépitude intellectuelle en plus de les pervertir.
L’image d’une fillette en petit pagne perforé, dansant de façon lascive, vient fouetter nos consciences, nous faisant découvrir l’élasticité de nos mœurs et la déchéance dans laquelle se vautre une jeunesse dépourvue de références.
Et si ces jeunes veulent trouver des productions pour alimenter leur cerveau, les chaines étrangères, qui auraient pu le faire, leur offrent malheureusement des éléments en déphasage avec nos réalités sociologiques et culturelles. Des héros, notre pays en regorge pourtant avec des hommes et femmes si inspirants.
Le parrain du Concours Général 2024, le professeur Mamadou Sangharé, dont le parcours exceptionnel était jusque là ignoré alors que cet homme est un vrai savant, fait partie de ces hommes et femmes si utiles à notre société, mais méconnus de nos compatriotes.
Il devient impérieux de sortir de l’anonymat ces grands hommes et femmes de savoir pour les offrir en exemples à une jeunesse en marque de repères.
Il devient tout aussi urgent de mettre leur travail intellectuel ou scientifique au service de la communauté qui a tendance à gommer de la mémoire collective nos illustres disparus.
Ils sont, hélas, peu nombreux à se souvenir du professeur Alassane Ndaw, le fondateur de l’herméneutique dans la philosophie africaine moderne. Lui et tant d’autres dont les œuvres et travaux méritent d’être étudiés dans nos écoles et universités.
Au lieu de crétiniser nos enfants avec le LMD ludique !
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