Ça se passe ailleurs

Ces cadeaux polémiques et risibles cachés par Donald Trump et son administration

Pendant son mandat, Donald Trump ne semble pas avoir fait très attention à la réglementation concernant les cadeaux reçus de pays étrangers.

Chaque président des Etats-Unis, lorsqu’il visite un Etat, reçoit des cadeaux. Les membres de son administration également. C’est une tradition qui comporte toutefois une réglementation stricte, afin qu’il n’y ait pas d’abus.

Un petit rappel historique s’impose. De peur que des fonctionnaires américains se laissent « acheter » par des cadeaux somptueux, à l’origine venant de membres de la noblesse européenne, une clause avait été inscrite dans la Constitution. Elle stipulait qu’un fonctionnaire ne pouvait accepter quoi que ce soit de valeur de la part d’un étranger.

Mais en 1966, la loi va changer et le Congrès adapte quelque peu le règlement, un fonctionnaire pouvant alors garder pour lui les cadeaux d’une faible valeur, soit maximum 415 dollars.

Des amendements ultérieurs ont défini les cadeaux comme étant la propriété du gouvernement et ont créé un processus standardisé sur la manière dont les fonctionnaires devaient les traiter. Pour plus de transparence, des dispositions exigent ainsi que les administrations divulguent chaque année les cadeaux reçus par les fonctionnaires américains, et leur valeur estimée.

Sauf que, voilà, ce lundi, le New York Times remet en cause la gestion catastrophique de Donald Trump concernant ces « cadeaux » durant son mandat. Nos confrères américains citent d’abord l’exemple du premier voyage officiel de Donald Trump en tant que président.

Celui-ci avait opté pour l’Arabie saoudite, un choix hautement symbolique puisque les deux pays n’entretenaient pas des relations très cordiales précédemment. Pour le remercier de son « ouverture » et sa venue, la famille royale saoudienne avait offert au président américain et à son entourage des dizaines de cadeaux. Le New York Times cite notamment trois robes en fourrure de tigre blanc et de guépard, et une dague dont le manche semblait être en ivoire.

Le hic? Non seulement ces cadeaux violaient très certainement la loi sur les espèces menacées d’extinction, mais l’administration Trump les a conservés en omettant de les déclarer comme cadeaux reçus d’un gouvernement étranger.

Finalement, au dernier jour du mandat de Donald Trump et avant la prise en fonction de Joe Biden, la Maison Blanche les a remis… au mauvais service, à savoir le « General Services Administration » plutôt que l' »U.S. Fish and Wildlife Service ».

Finalement, cet été, ces derniers ont saisi lesdits cadeaux. Mais ce n’est pas tout, car après des analyses fouillées, a été établi un constat risible: les fourrures, provenant d’une famille riche en pétrole et valant des milliards de dollars, étaient en réalité… fausses. « Les doublures des robes avaient été teintées pour imiter des motifs de tigre et de guépard et elles n’étaient pas composées d’espèces protégées », a ainsi déclaré Tyler Cherry, un porte-parole du ministère de l’Intérieur, qui supervise le Service américain de la pêche et de la faune. Quant aux responsables de l’ambassade saoudienne à Washington, ils se sont refusés à tout commentaire.

Des personnalités proches du président dans la tourmente
Cette affaire n’est pas la seule qui inquiète. Comme le relaie le New York Times, l’inspecteur général du département d’Etat enquête en effet sur des allégations selon lesquelles des personnes nommées par Donald Trump sont parties avec des sacs de cadeaux d’une valeur de plusieurs milliers de dollars destinés à des dirigeants étrangers lors du sommet du Groupe des sept prévu à Camp David en 2020, mais qui a été annulé en raison de la pandémie de coronavirus.

Les sacs contenaient des dizaines d’articles achetés avec des fonds publics, notamment des portefeuilles en cuir, des plateaux en étain et des boîtes à bijoux en marbre portant le sceau présidentiel ou les signatures de Trump et de son épouse Melania.

L’inspecteur général cherche encore à savoir où se trouve une bouteille de whisky japonais de 5.800 dollars offerte au secrétaire d’État Mike Pompeo, ce dernier affirmant ne jamais l’avoir reçue.

Introuvable également: une pièce d’or de 22 carats et un bol en porcelaine du Vietnam destinés à John R. Bolton, troisième conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump. Celui-ci a envoyé au New York Times un échange de courriels avec la Maison Blanche montrant qu’il n’a jamais pris ces cadeaux et qu’il n’en voulait pas.

Une autre personnalité figure dans la tourmente. Il s’agit de l’ancienne deuxième dame Karen Pence, qui aurait pris (à tort?) deux porte-cartes de visite en or au premier ministre de Singapour sans les payer. Contacté par le New York Times, l’avocat de la famille Pence explique que sa cliente pensait pouvoir les garder car leur valeur avait été estimée à moins de 390 dollars, qui était le seuil minimal autorisé à l’époque.

Mais selon les informations fournies alors par la Maison Blanche au département d’État, Karen Pence a reçu les porte-cartes ainsi qu’une gravure encadrée et une pochette pour un total de 1.200 dollars. Du côté de l’avocat de la famille Pence, on insiste sur le fait que les cadeaux avaient été remis lors de différentes réunions et que Karen Pence avait refusé de garder la gravure et la pochette.

Enfin, l’administration Trump n’a jamais révélé que Jared Kushner, le gendre du président de l’époque et l’un des principaux conseillers de la Maison-Blanche, avait reçu deux épées et une dague des Saoudiens, bien qu’il ait payé 47.920 dollars pour celles-ci ainsi que trois autres cadeaux en février, après avoir quitté ses fonctions.

S’il n’existe pour l’heure aucune preuve que Donald Trump et son épouse aient accepté des cadeaux auxquels ils n’avaient pas droit, des experts en éthique pointent des problèmes plus large de sa gouvernance. « Qu’il s’agisse d’indifférence, de négligence ou de vol organisé, cela témoigne en tout cas d’une attitude cavalière à l’égard de la loi et du processus normal de gouvernement », confie ainsi Stanley M. Brand, avocat de la défense pénale, expert en éthique et ancien avocat principal de la Chambre des représentants.

Du côté du département d’Etat, on a indiqué par communiqué qu’on enquêterait « sur l’endroit où se trouvent les cadeaux dont on est sans nouvelles et sur les circonstances qui ont conduit à leur disparition. »

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