En levant le mystère sur sa participation à l’élection présidentielle de février 2024, le chef de l’Etat Macky Sall semble en avoir vraisemblablement créé un autre plus prégnant encore au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby) dont on se demande qui pourrait être le candidat lors du prochain scrutin présidentiel.
Une équation à plusieurs inconnus alors même que, du côté de l’opposition, les leaders les plus crédibles, du point de vue de leur poids électoral ou du poids électoral du parti qui porte leur candidature, se retrouvent aussi dans des postures incertaines. A contrario, seul l’ancien président du Conseil économique social et environnemental (Cese), Idrissa Seck, semble rester pour le moment la seule constance.
En maintenant le suspense sur sa participation à la présidentielle de février 2024, le président de la République Macky Sall était pour certains, y compris dans sa coalition, le seul et unique potentiel «candidat» de la majorité présidentielle. En décidant avant-hier, lundi, de jeter l’éponge pour sa candidature à un troisième mandat présidentiel, Macky Sall ouvre un véritable boulevard au sein de la coalition qui règne sur le Sénégal depuis bientôt 12 années.
Si cette non-participation à la présidentielle de 2024 ne sème pas cependant le tournis au sein de ses partisans. Pour cause, le nom de prochain chef de file de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), en même temps celui de l’Alliance pour la République (Apr), est train de susciter maintes interrogations, depuis l’«abdication» de l’incontournable patron de la coalition présidentielle, en l’occurrence Macky Sall.
D’ores et déjà, différents profils se dessinent cependant. Premier ministre du Sénégal et proche du président de la République Macky Sall, Amadou Ba semble mériter une attention particulière. A quelques mois des joutes, celui qui assure cumulativement à ses fonctions de Premier ministre, les charges de ministre des Sports et de ministre de l’Elevage et des productions animales, est une personne sur qui compte le président de la République Macky Sall. Quoiqu’il ait connu une certaine traversée du désert sous Macky Sall, quand certains lui prêtaient des prétentions sous-jacentes de succession au chef de l’Etat.
Ancien ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur mais aussi argentier de l’Etat du Sénégal pendant plusieurs années, Amadou Ba peut revendiquer une place forte au sein de la mouvance présidentielle. Il a représenté dernièrement le président de la République à la grande mosquée de Dakar, lors de la prière de la Tabaski pendant que ce dernier était aux lieux saints de l’Islam pour le pèlerinage. Ce qui était presque inédit pour le Sénégal. La suppléance à la candidature du président de la République Macky Sall, pour 2024, peut aussi orienter les regards vers l’actuel président du Conseil économique social et environnemental (Cese), Abdoulaye Daouda Diallo.
Ancien ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances chargé du Budget d’avril 2012 à septembre 2013, ministre de l’Intérieur de septembre 2013 à 2017, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement de septembre 2017 à avril 2019 avant de devenir en avril 2019 ministre des Finances et du Budget, il fait partie lui aussi des hommes de confiance de l’actuel locataire du palais de République. Depuis l’arrivée du président de la République, Macky Sall au pouvoir, Abdoulaye Daouda Diallo joue un rôle de premier choix dans l’Apr et dans le gouvernement.
A côté de ces leaders de premier choix, on peut aussi citer le ministre de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, un ténor sur qui des pronostics sont faits. Sous réserve d’une validation pour les autres membres de la coalition présidentielle, en particulier le Parti socialiste, généralement habitué à partir à l’élection présidentielle avec son candidat (de 1960 à nos jours, excepté 2019).
L’OPPOSITION AUSSI DANS LE DUR
Comme le pouvoir qui cherche candidat, l’opposition sénégalaise est elle aussi dans un fou total. Tant il est vrai que ses leaders les plus significatifs, au poids électoral avéré, ne sont pas garantis de voir valider leurs candidature à l’élection présidentielle. Tous ces leaders sont en effet sous le coup de procédures judiciaires et attendent d’être édifiés sur le sort de « présidentiables sans tâche».
Le leader du Pastef, Ousmane Sonko, doublement condamné pour « diffamation et corruption de la jeunesse », n’est pas encore sur une posture certaine même si ses partisans et des observateurs politiques n’ont d’yeux que la validation de sa candidature.
A côté, le leader de la coalition Taxawu Sénégal, Khalifa Ababacar Sall, est toujours inéligible à cause de sa condamnation dans l’affaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar. Conséquence : il ne peut être candidat sans la modification du Code électoral.
Cependant, des garanties de cette modification ont été données par le président de la République, Macky Sall, dans son adresse d’avant-hier, lundi 03 juillet 2023. C’est d’ailleurs une des conclusions du dialogue national qui reste à recevoir l’onction de l’Assemblée nationale.
Dans la même dynamique, le candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds), Karim Wade, ne pourra lui aussi prendre part à l’élection présidentielle sans les changements annoncés sur le Code électoral. Il a été condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) dans la traque des biens mal acquis et privé de son éligibilité à tout mandat d’ordre électif.
Ces divers constats font que le leader de Rewmi, Idrissa Seck, arrivé second à la dernière élection présidentielle reste pour le moment le seul leader qui ne traine pas de goulots pouvant, d’une manière ou d’une autre, annihiler sa participation à l’élection présidentielle de février 2024.
Fatou NDIAYE
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