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« Barcelone ou la mort » : l’Atlantique n’effraie pas les Sénégalais en quête d’Europe

« Barcelone ou la mort » : l’Atlantique n’effraie pas les Sénégalais en quête d’Europe

Depuis ses 22 ans, Salamba Ndiaye tente clandestinement de rejoindre l’Espagne, rêvant d’une carrière dans l’immobilier. Sa première tentative échoue lorsque la police sénégalaise intercepte son embarcation.

Un an plus tard, elle part de nouveau, mais une tempête force son bateau à accoster au Maroc, d’où elle est renvoyée au Sénégal. Aujourd’hui âgée de 28 ans, elle est résolue à essayer encore : « S’il y avait un bateau pour l’Espagne, je partirais sans hésiter. »

Comme Salamba , des milliers de jeunes Sénégalais, fuyant la pauvreté et le chômage, empruntent la périlleuse route atlantique vers les îles Canaries, porte d’entrée vers l’Europe.

Cette traversée, l’une des plus meurtrières au monde, a coûté la vie à des milliers de personnes, selon l’association Walking Borders. Les bateaux perdus dérivent souvent jusqu’à être retrouvés, des mois plus tard, avec seulement des restes humains.

Malgré les dangers, le désespoir pousse les candidats à l’exil, illustré par la devise en wolof, « Barsa wala Barsakh » – « Barcelone ou la mort ». La surpêche, exacerbée par les accords entre le Sénégal, l’UE et la Chine, a décimé les ressources halieutiques, privant de nombreux pêcheurs, comme Cheikh Gueye, de leur subsistance.

« Même en restant ici, nous sommes en danger. Si vous êtes malade et que vous ne pouvez pas payer le traitement? N’êtes-vous pas en danger ? Alors, il faut tenter sa chance. Soit on y arrive, soit on n’y arrive pas », explique le pêcheur.

Alors que le Premier ministre espagnol se prépare à visiter le Sénégal pour discuter de l’immigration clandestine, Fatou Niang, la mère de Salamba, appelle à des mesures concrètes pour offrir des perspectives aux jeunes. Selon elle, sans opportunités locales, ces jeunes continueront à risquer leur vie en mer, faute d’alternative. « Ces jeunes ne connaissent que la mer, et maintenant la mer n’a plus rien à offrir. Si on fait quelque chose pour aider les jeunes, ils ne partiront pas. Autrement, on ne peut pas les obliger à rester. Il n’y a pas de travail ici», déplore-t-elle.

Selon les chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur, pas moins de 22 304 migrants ont atteint les côtes espagnoles entre le 1er janvier et le 15 août, contre 9 864 sur la même période l’année dernière, soit une augmentation impressionnante de 126 %.

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