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Au secours ! Par Assane SAADA

Pensent-ils qu’il y’a en eux une imminence d’une mort politique qu’ils se hâtent à tout faire comme si c’était la dernière fois ? Des gestes graves, des pensées, des paroles… qu’ils pourraient ne plus avoir l’occasion de réaliser…

Ne voulant pas être des spectateurs de leur agonie. Ainsi seraient-ils devenus fous qu’il faille appeler le Cheikh au secours ? Solliciter pour eux son pardon. En effet, notre éthique ceddo nous contraint à la repentance. Nous autres de ce Sénégal où des symboles ont encore un sens. Chez nous, jamais personne n’aurait agi de la sorte.

Un vendredi du mois sacré de rajab (qui signifie respecter), après une prière à la grande mosquée de cette cité religieuse, une rencontre avec le khalife, sortir de Touba pour profaner Mbacké ? Touba-Mbacké étant deux phares d’une même lumière de cet autre Saint-Homme qui illumine notre vivre-ensemble. D’où l’imminence, pour ne pas suspendre l’avenir, de redorer des valeurs qui font ce pays.

Beaucoup ont dû se retourner dans leur tombe. D’autres ont repensé à cette autre époque, au discours et à l’interdiction d’un khalife mettant fin à ces grands offices païens… dont Mbacké était le théâtre…

Seulement, autres temps autres mœurs… Des étourderies… Et, le plaisir de jouissances furtives qui les portent leur fait croire qu’ils ont donné l’extrême onction. Que plus rien ne résisterait désormais à leurs désirs. Que leur charge est inimitable et fatale.

Des manifestants qui courent des rues, plus rien ne leur fait peur. L’émoi des populations les renforce dans leur volonté d’en découdre. Anesthésiés qu’ils n’imaginent point ce qui pourrait advenir d’autres que leur slogan de l’instant. Ils se regardent faire. Dans cet enthousiasme de gens pris par une cascade de désir à n’en plus finir mais qui feraient l’amour à la sauvette.

La politique ne se réduit pas à un heureux désordre
Même qu’ils n’auraient pas qualité pour implorer le Cheikh, des ceddo font pénitence de ce qui est advenu dans cette localité qui magnifie son nom oh combien glorieux. Pour eux, son legs reste un trésor précieux. Le Saint-Homme leur a appris à se battre sans zèle, à triompher et à acquérir une postérité sans être une source de peine, de souffrance… pour quiconque.

Et comme le chantait Serigne Moussa Kâ : « Lu baax du baax ba jàll baax (…) Waaye Sëriñ bee weesu baax (…) Waa ju la weddi dóotu baax (…) Waa ju la sopp dal di baax… (les coutumes des anciens sont à suivre car jamais le bon ne traverse le bien… des limites de bon sens que les bienfaits du Cheikh ont surpassées. Qui le renie est en perdition, qui l’adore est porté vers la félicité. »

Une pensée à Cheikh Anta Diop, entre autres, qui se sentait fort responsable de la jeunesse de son parti que son discours tempérait toujours leurs ardeurs. Pour lui, on ne peut pas faire l’économie d’une connaissance approfondie de notre société si nous voulons la changer.

L’extravagance ne saurait suppléer l’absence de perspectives. Mais, quand la politique se réduit à rêver à un heureux désordre, profitant des hasards militants, des visiteurs inhabituels et des pillards, des acteurs du jeu politicien étalent leur incapacité à pouvoir se mesurer par le nombre de contradictions qu’ils accumulent.

Ainsi, dans son silence, la population se montre plus adulte que « des pantins qui se chamaillent pour la gouverner ». Eux qui promettent que le futur a un avenir, qu’ils sont détenteurs de la solution et se posent en meilleurs candidats à la présidence de la République.

Que demain c’est l’insurrection, une République des cendres… Dès lors, sauf à rompre le cours du désastre, qu’on ne s’y trompe pas ! Si demain le feu, que le pays flambe, qui survivra à cette foule qui va les pendre, s’extraire à l’atrocité d’autrui qui ne se repaît plus d’une raison civilisée ?

Cependant, le temps est un cercle et 2024 ne passe pas par une ligne droite. Le présent ne préfigure pas forcément la Présidentielle à venir. Le grand embrasement auquel certains aspirent n’est pas inévitable. L’opinion publiée étant, souvent, totalement déconnectée de l’opinion publique.

« L’illusion de renouveau » que laisse entrevoir une élection présidentielle reste un terreau du « dégagisme » cher à certains. D’autres, instruits par l’expérience de deux alternances se sont appropriés ces mots de Nietzsche : « Rien de décisif ne se bâtit que sur un malgré tout. »

Le Sénégal est face à son destin avec des politiciens en mal d’intelligence pour écrire un vivre-ensemble. Et, des sables mouvants de l’émiettement politique, on ne s’extirpe pas souvent à temps. C’est la raison de l’enlisement qui fait redouter le pire.

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